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Full text of "La Misère en Agenais de 1600 à 1629 et la grande famine de 1630-1631"

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University  of  Toronto 


http://www.archive.org/details/lamisreenagenaOOcouy 


LA  MISÈRE 


EN    AGE  NAIS 


De   1^)00  il  1629 
ET 


Lifl  Gf^RflDE  FAjVIII^E 


De  1630-1631 


PAR  LE  Docteur  L.  COUYBA 


VILLEXEUVE-SUR-LOT 
IMPRIMERIE  RENAUD  LEYGUES 

Cours  Victor  Huço,  n; 

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PRÉFACE 


Le  titre  que  nous  avons  adopté  pour  ce  travail  est 
peut-Ctre  trop  ambitieux.  Il  devrait,  semble-t-il,  y 
être  également  traité  de  la  misère  et  de  la  famine  dans 
toutes  les  juridictions  de  V Amenais.  Malheicrcuse- 
ntent  cette  histoire  est  impossible  à  exécuter,  à  cause 
de  la  disparition  et  de  l'absence  de  documents.  Il 
fallait  s'en  tenir  à  ce  que  nous  possédions  et  par 
l'étude  des  pièces  sauvées  du  naufrage  conclure  de 
quelques  juridiction^  à  Vetiscmble. 

Les  mêmes  causes  politiques  ou  météorologiques 
sévissaient  sur  tout  l'Agenais.  On  peut  légitimement 
déduire  des  mêmes  causes  les  mêmes  effets. 

Dans  les  Pièces  justificatives  que  nous  avons  an- 
nexées à  cette  œuvre,  le  lecteur  trouvera  des  docu- 
ments qui  lui  permettront  de  pénétrer  dans  la  vie 
quotidienne  et  économique  des  populations  et  des 
administrations  qui  les  opprimaient  plus  qu'elles  ne 
les  servaient. 


LA  MISÈRE  EN  AGEN  Aïs 

DK    iCtOO   A    1629 
ET 

LA  GRANDE  FAMINE 

DE     1630-1631 


CHAPITRE  PREMIER 
La  Misère  en  l'Agenais  de  1600  à  1629 


La  guerre,  la  famine,  la  peste,  inséparables  compa- 
gnes tournant  dans  le  même  cercle  fatal  des  siècles 
écoulés,  étaient,  comme  les  trilogies  du  théâtre  antique, 
enchaînées  par  la  même  fatalité. 

Même  destinée  implacable.  Ces  temps  noirs  du 
moyen  âge,  prolongés  jusqu'ù  la  tin  du  XVII''  siècle, 
avaient  été  symbolisés  par  ces  danses  macabres  que 
tant  d'artistes  ont  dessinées  et  peintes  jusqu'à  Hans 
Holbein. 

Dans  ces  siècles  passés,  on  entend  la  plainte  lamen- 
table des  populations  et  surtout  des  paysans  attachés  à 
la  glèbe  :  «  La  famine  et  la  guerre,  disait  Omer  Talon, 
engendrent  le  troisième  des  fléaux  de  Dieu,  qui  est  la 
peste  » . 

La  guerre,  la  grande  mangeuse  d'hommes,  unie  aux 


8 

intempéries,  préparait  la  disette  dans  les  années  les 
moins  malheureuses  et  la  famine  dans  les  autres. 

Sur  ces  populations  affamées,  décharnées,'  squeletti- 
ques,  s'abattait  le  fléau  de  la  peste  qui  achevait  de 
coucher  en  terre  les  populations,  comme  les  blés  après 
la  grêle. 

Par  dessus  tous  ces  maux,  le  mauvais  gouvernement 
suçait  encore  ces  populations  exsangues,  comme  le 
vampire. 

Sans  remonter  trop  haut,  le  XV!»-^  siècle,  gouverné 
par  ces  fastueux  Valois,  les  amis  et  les  protecteurs  des 
Arts,  se  traîne  au  milieu  des  orgies  d'une  cour  dépra- 
vée et  les  fureurs  d'une  guerre  civile,  qui  dura  qua- 
rante ans. 

Pendant  huit  ans,  de  1524  à  1532  environ,  Hélyot  de 
la  Ville  Vielhe,  bourgeois  de  Gontaud,  dit  que  «  sont 
«  morts  en  ce  pays  d'Agenais  cent  mille  personnaiges 
«  tant  de  faim  que  de  mauvais  gouvernement  et  ainsy 
«  l'ai  veu  et  oy  dire  communément  (i)  ». 

Faute  de  pain  et  d'abri,  dit  un  déposant  à  l'enquête 
de  1532,  «  sont  morts  cent  mille  personnaiges  tant  par 
«  les  rues  que  les  champs  (2)  ». 

L'année  de  la  vSt-Barthélemy  (1572),  nouvelle  famine. 

Il  y  eut  encore  la  grande  misère  de  i577- 

Les  paysans  de  l'Agenais,  ces  pauvres  paysans  «  vêtus 
«  de  toile,  comme  un  moulin  à  vent  »,  se  jetaient  alors 
aux  pieds  du  duc  de  Montpensier  s'en  allant  en  cour  et 
le  suppliaient  de  dire  au  Roi,  si  la  guerre  devait  conti- 


(i)  Documents  inédits  pour  servir  à  l'Histoire  de  la  ville  de 
Gontaud.  (Recueil  delà  Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  d'Agen. 
T.  XIII,  1"  série,  p.  371.  Com.  de  G.  Tholin  d'après  les  Archives 
d'Agen.  EE.  6j. 

(2)  Arch.  d'Agen.  EE.  6.  L'enquête  de  1532,  fut  instruite  par  un 
bachelier  en  droit,  Raymond  de  Gasqui,  enquêteur  en  la  sénéchaussée 
d'Agenois.  (Ibid.) 


nuer,  de  leur  faire  couper  la  gorge  (i).  Et  quelle 
guerre  !  la  guerre  civile,  les  guerres  de  religion  ! 

Feu  le  père  du  Koi  Louis  XIII,  Henri  IV,  dans  son 
ordonnance  de  1595,  avouait  que  <.<  le  peuple  était  pres- 
«  que  à  sa  dernière  minute  ». 

L'an  1600-iGoi  avait  été  une  année  de  famine.  L'an- 
née 1602,  de  même,  avec  sa  compagne,  la  peste. 

Dans  les  minutes  de  1602  du  notaire  Royal,  Jehan 
Papon  de  là  juridiction  de  Dolmayrac  en  Agenois  (2), 
dans  un  procès  entre  Jelianne  Imbert  et  Pierre 
Colombie,  la  veuve  Imbert  réclamnit  à  Colombie  le 
prix  de  trois  «  boysselats  »  de  terre  qu'elle  lui  avait 
vendus  au  lieu  dit  «  del  Barrailhou  »  en  la  juridiction 
royale  de  Lacenne.  Colombie  affirmait  avoir  payé  feu 
son  mari,  Pierre  Gary,  dit  Castan  «  et  qu'ils  (le  mari  et 
«  la  femme)  auroient  converti  (le  prix)  de  ladite  vandi- 
«  tion  à  leur  norriture  et  entretainement  dans  la  famine 
«  qui  pour  lors  estait  en  ce  puis,  sans  lequel  prix  ils 
«  n'avoient  moyen  de  vivre  et  seroient  péris  de 
«  faing  (3)  » . 

L'année  que  les  vieux  registres  appellent  «  l'an  de  la 
«  mortalitat  »  s'applique  vraisemblablement  à  l'année 
de  16:2  où  la  peste  ajouta  ses  ravages  à  ceux  de  la 
famine. 

Des  bandes  de  voleurs  allâmes  pillaient  les  campa- 
gnes. 

Les  Consuls  de  Montianquin  écrivaient  aux  Consuls 
d'Agen,  en  cette  même  année  1602,  pour  les  prier  de 
poursuivre  les  voleurs  avec  toute  leur  vigueur  accoutu- 
mée. «  Nous  sommes  retombez  à  l'antienne  misère.  Le 


(i)  Revue  de  l'Agenais.  T.  XII  p,  262. 

(2)  Dolmayrac,  canton  de  Ste-Livrade  d'A^enais. 

(3)  Minutes  de  Jehan  Papon  1602,  p,  XXXVIII.  (Etude  de  M-^^  R. 
Dalidou).  Ces  minutes  rapportent  cà  et  là  de  nombreuses  preuves  de 
cette  famine. 


lo 

vK  pauvre  peuble  qui  s'en  sant  estremement  affligé  nous 
«  bat  tous  les  jours  de  ses  plainctes  à  nos  oreilles  (i)  ». 

Aux  Etats  Cicncraux  de  1614,  on  avait  entendu  la 
o-rande  voix  de  Miron,  l'orateur  du  Tiers  Etat,  criant 
au  Roi  et  aux  grands  de  la  terre,  d'une  voix  angoissée 
et  pleine  de  sanglots  :  «  Que  diriez-vgus,  sire,  si  vous 
«  aviez  vu  dans  vos  pays  de  Guyenne  et  d'Auvergne 
«  les  -hommes  paistre  avec  les  bestes  ?  » 

Les  bêtes  étaient  plus  heureuses,  puisqu'elles  avaient 
un  estomac  approprié  à  la  digestion  des  herbes  et  des 
racines  ! 

Les  révoltes  des  grands  recommencèrent  en  1614  et 
1615.  En  161 5,  Damazan  et  le  Mas  d'Agenais  furent 
ravagés.  Nouvelle  cause  de  misère. 

En  1617,  nouvelle  année  de  disette. 

En  1620,  pendant  la  révolte  de  Marie  de  Médicis,  qui 
se  termina  par  la  victoire  du  Roi  aux  Ponts  de  Gé  (1620), 
Henri  de  Mayenne,  baron  de  xMonpezat,  Ste-Livrade, 
Dolmayrac  et  autres  lieux,  promena  une  armée  de 
23,000  hommes  de  Bordeaux  à  Agen  (Août  1620)  et 
de  là  à  Puy-l'Evêque,  où  il  apprit  la  conclusion  de  la 
paix. 

En  1621,  les  Huguenots  reprirent  les  armes.  On  se 
battait  partout  à  Lavardac,  aux  Tours  de  Barbaste,  à 
Nérac,  à  Monclar,  à  Glairac,  Tonneins,  Montauban  où 
on  fit  un  épouvantable  «dégast»,  et  à  Monheurt. 
L'année  1622,  quoique  moins  agitée,  fut  à  peine  moins 
désastreuse  pour  les  populations  foulées  de  l'Agenais. 

L'année  162 1  fut  encore  une  année  de  disette.  Des 
pluies  continuelles  noyèrent  les  moissons.  Les  rivières 
débordèrent. 

L'hiver  de  1623-24  fut  excessif.  La  Garonne,  le  Lot, 
toutes  les  rivières   restèrent  gelées  jusqu'en   Février 


(i)  Arch.  d'Agen.  FF.  222. 


II 

il)2.[.  Vax  l-'cvricr,  le  froid  redoubla.  Tous  les  arbres 
fruitiers,  les  vij^nes,  les  blés  gelèrent,  comme  près  de 
cent  ans  plus  tard,  dans  le  terrible  hiver  de  1709. 

Le  Registre  Juiroissiul  de   Cuq,  rédigé  par  le  curé 
Jean  Drappié,  raconte  ainsi  ce  désastre  : 

«  L'année  1624  a  faicl  un  ;;rand  et  horrible  hiber 
<f  tellement  cpie  a  cause  de  la  rij^ur  d'icelluy  le  bin  pur 
«  se  gelet  dans  les  bariques  et  faisoict  la  dicte  glasse 
«  sauter  les  bondes  des  dictes  bariques  et  en  divers 
«  endroicts  les  fons  sautoit  et  le  bin  se  bersoit  dans  les 
«  chais  ;  davantaige  les  (iguiers  sont  aussy  morts, 
«  ensemble  les  ronses,  lauriers,  sipres  et  partie  des  vois 
«  et  des  vignes,  notamaut  les  plantes  aux  lieux  bas  ou 
«  n'y  est  presque  denuire.  Les  rivières  aussy  gelées, 
«  notamment  celle  de  Garone,  que  Ion  ne  pouvoit 
«  passer  a  cause  de  la  glasse.  Les  oliviers  aussy  sont 
«  mortz.  Ledict  hiber  a  comanse  environ  la  Toussainct 
«  et  iinit  environ  le  15^  apvril  de  la  dicte  année  (i)  ». 

Cette  même  année,  poussés  encore  par  la  misère, 
sortant  de  leurs  chaumineset  de  leurs  bois,  comme  des 
loups  allâmes,  reparurent,  les  yeux  allumés  par  la  faim, 
les  croquants  qui  couraient  sus  aux  nobles  et  allèrent 
assiéger  le  Maréchal  de  Thémines  en  son  château  fort 
du  Quercy. 

En  Janvier  1627,  les  pluies  amenèrent  de  nombreux 
débordements.  La  Garonne  fit  de  grands  dégâts  (2). 

La  misère  s'aggrava  pendant  l'hiver  de  162S. 

Le  5  Octobre  1628,  le  buiecni  de  santé  d'Agen  décida 
que  «  vendanges  estant  faictes  sera  pourveu  a  quester 


(»)  Reg^.  Par.  de  Cuq  (Arch.  D'''-  155  suppl.  E.)  Citation  de  M.  G. 
Tholin  dans  son  Inventaire  des  Arch.  Dép'''.  Série  E.  supplément, 
p.  26,  col,  2. 

(2)  Journal  des  Malebaysse.  (Revue  de  l'Aj^cnais.  T.  XX,  p.  242). 


<  du  bled  par  emprunct  suivant  les  précédentes  délibé. 
c  rations  et  qu'il  sera  poarveu  a  régler  les  pauvres  afin 

<  qu'ils  ne  vaguent  pas  par  la  ville  (i)  ». 

Le  18,  décision  conlirmative  :  «  Tous  estrangiers, 
«  vagabons  et  bohémiens  ?  seront  tirés  de  la  ville  (2)  ». 

Le  3  Novembre,  on  nomma  des  commissaires  pour  la 
visite  des  greniers  (3). 

Le  13  Novembre,  le  bureau  donna  l'autorisation  aux 
Consuls  d'emprunter  300  livres  «  pour  les  pauvres 
«  nécessiteux  et  malades  de  N.  D.  de  Bon  Encontre  et 
c  ordonne  que  Labolvene  commis  à  leur  fere  la  distri- 
«  bution  faira  apparoir  du  rolle  de  sa  despense  pour 
«  scavoir  ceulx  quy  auront  de  quoy  payer  de  ce  quy 
«  leur  est  bailhé  et  comme  lad.  distribution  est 
«  faicte  (4)  ».  ' 

Comme  on  n'avait  pas  d'argent,  on  envoya  à  Mon- 
sieur d'Agen  une  députation  pour  le  prier  de  contri- 
buer de  ses  charités  au  soulagement  des  pauvres.  On 
députa  aussi  auprès  du  grand  Archidiacre  et  du  chapitre 
St-Caprais.  M.  le  chanoine  de  Bourges  fut  chargé 
de  cette  députation  (5). 

A  la  misère  s'était  ajoutée  la  peste  :  1629  sonne 
lugubrement. 


(1)  Arch.  d'Agen.  GG.  255,  p.  78. 

(2)  Id.  p.  81,  V. 

(3)  Arch.  d'Afjen.  BB.  51,  p.  73. 

(4)  Ibid.  p.  86. 

(5)  GG.  255. 


CHAPITRE  II 
La  Misère  en   1629 


Trois  années  de  disette  s'ouvrent  en  1628,  1629  et 
1630  et  s'achèvent  dans  l'affreuse  famine  de  1630-1631. 
La  Grande  Famine,  comme  l'appelle  le  Journal  de 
Malebciysse,  juste  cent  ans  après  celle  de  1532. 

L'année  1629  fut  une  année  de  famine. 

Tout  l'Agenais  pâtit. 

En  Janvier  1629,  les  Consuls  «  pour  esviter  de  veoir 
«  la  ville  désertée  par  les  liabitans  pris  de  la  peur  de 
«  maie  rage  de  faim,  et  les  coquins  et  mauvais  garni- 
«  mens  prandre  des  advantaiges  au  mespris  de  Dieu,  du 
«  Roy  et  de  sa  justice  »  empruntent  5960  livres  (i). 

Le  8  Janvier  1629,  le  bureau  résolut  «  que  des  pau- 
«  vres  valides  en  la  ville  seront  employés  au  travail, 
«  les  estrangers  renvoyés  chascun  en  son  pays  et  les 
«  invalides  distribues  et  norris  par  les  habitants,  le  fort 
«  pourtant  le  faible,  suivant  l'ordre  de  despartemant 
«  qui  en  sera  faict  par  les  comm"""^®  qui  a  ces  fins  seront 
«  depputtes  et  ce  fait  leur  sera  deffandeu  de  vaguer  par 
«  la  ville  (2)  » 

Il  s'agissait  de  répartir  les  pauvres  dans  les  maisons 
au  prorata  des  ressources  de  chacun.  Le  jour  du 
20  Janvier  fut  désigné  pour  cette  distribution.  Comme 


(i)  La  ville  d'Af(cn  pendant  l'Epi Jcmic  Je  1628  à  1631.  (Ad.Magen, 
p.  24). 

(2)  Arch.  d'Agen.  GG.  255,  p.  93,  v. 


M 

un  certain  nombre  de  pauvres  ne  turent  reçus  ni 
nourris,  soit  par  l'absence  des  propriétaires,  soit  par 
mauvaise  volonté,  il  fut  arrêté  que  les  avances  faites 
par  les  Consuls  seraient  répétées  contre  les  défaillants 
et.  le  12  Février,  qu'on  saisirait  et  vendrait  leurs  biens 
meubles. 

Trois  jours  après  le  département  des  pauvres  entre 
les  gens  aisés,  le  grand  archidiacre  Balthazar  de  Gelas, 
donna  une  ordonnance  attribuant  90  pauvres  à  Tévêque, 
45  au  chapitre  de  St-Etienne  et  60  à  la  collégiale  de 
St-Caprais  ;  en  tout  200,  selon  la  décision  des  Trois 
Ordres  du  13  Janvier  1629. 

Le  30  Janvier,  le  chanoine  Pheletin  et  Caussade  pro- 
testaient au  nom  du  chapitre  de  St-Caprasy  contre 
«  la  préthendeue  ordonnance  »  du  grand  archidiacre, 
pour  n'avoir  point  été  appelés  au  département  des  pau- 
vres contrairement  aux  usages  «  de  tout  temps  pratiqué 
«  en  semblables  occasions  ». 

Les  considérants  de  la  protestation  étaient  conçus  en 
termes  amers  et  particulièrement  agressifs  contre 
«  la  préthendue  ordonnance,  d'ailleurs  donnée  par  led. 
".  sieur  de  Gelas,  en  sa  cause  [yrolyre.  Estant  double- 
(.'.  ment  intheresse  dans  lad.  distribution  tant  pour 
'/  l'intherest  du  dict  évesque,  son  frère,  que  le  sien 
'  propre  et  particuUier  en  qualité  de  chefs  dudit  chap- 
«  pitre  de  Sainct-Estienne,  il  a  volleii  descharger  tant 
«  led.  Seigneur  evesqiie  son  frère  que  le  dict  chappitre 
«  St-Estienne  tt  surcharger  lesd.  sieurs  et  chappitre  de 
«  St-Caprasy  ». 

Les  protestataires  avaient  sommé  les  députés  du 
chapitre  cathédral  de  St-Etienne  et  en  particulier  le 
sieur  de  Gelas,  grand  archidiacre,  de  procéder  amiable- 
ment  à  une  nouvelle  répartition  au  prorata  des  revenus 
de  chaque  chapitre. 

Les  chanoines  de  St-Etienne  n'ayant  voulu  rien 
entendre,   les   chanoines    de   .St-Caprasy,   Pheletin    et 


15 

Caussadç,  supplièrent  les  Consuls  de  réunir  de  nouveau 
les  Trois  Ordres. 

Ils  ajoutaient  : 

«  De  plus  que  le  revcneu  dudictchappitrc  St-Estienne 
«  y  comprenant  cclluy  dudict  s""  grand  archidiacre  et 
«  autres  di}j;nitcs  de  lad.  esglize,  ensamhle  les  doutze 
«  prebandiers  et  grand  nombre  de  cliappellains  fondes 
«  en  icelle  que  led,  de  Gelas  a  comprins  dans  lad. 
«  prethenduc  distribution,  sont  d'egnl  ou  plus  grand 
«  reveneu  a  ceux  dvul.  chappitre  Sainct  (lapprazy  dans 
«  lequel  il  n'y  a  aucune  dignité  que  celle  de  prieur  et 
«  n'i'a  que  deux  hebdomadicrs,  six  prebandiers  et  cinq 
«  ou  six  cliappellains,  au  lieu  que  dans  lad.  Esglise 
«  St-Estienne  il  en  y  a  une  vingtaine,  la  pluspart  très 
«  bien  rantes,  sy  bien  que  sy  la  prethandue  distribution 
«  dud.  sieur  Gelas  avoit  lieu,  il  n'y  auroit  pas  plus  d'un 
«  paouvre  pour  chescung  des  chanoines  dud.  Sainct- 
«  Estiennc  la  ou  chescung  des  chanoines  dud.  s""  Gap- 
«  pras}'  en  auroient  cinq,  quy  est  une  très  grande  ines- 
«  galite  et  disproportion...  » 

La  requête  faisait  valoir  ensuite  qu'à  cause  de  la 
peste,  il  était  impossible  de  recourir  au  Parlement  de 
Bordeaux,  un  arrêt  de  la  Cour  interdisant  d'ailleurs 
l'accès  de  cette  ville  aux  gensd'Agen. 

En  attendant,  les  chanoines  de  St-Caprais  déclaraient 
se  charger  de  quarante-cinq  pauvres.  Quant  aux  vingt 
pauvres  dont  on  les  avait  surchargés,  ils  offrirent  de 
consigner  somme  suffisante  entre  les  mains  des  tréso- 
riers des  Consuls  pour  leur  nourriture,  jusqu'à  ce  qu'ils 
eussent  pu  se  pourvoir  tant  contre  ledit  Evcque  que 
contre  les  chanoines  de  St-Eticnne  (i). 


(i)  Arch.  d'Agcn.  PT.  174.  Acte  dv  sommation  faicie  par  Mes- 
sieurs les  cJianoysmes  de  Sl-Ca/>ra:y  à  Messieurs  les  C-  touchant  la 
nourriture  des  pauircs.  On  lit  J.ins  le  Livre  journal  dfs  Consuls  \ 


lO 

Les  chanoines  de  St-Gaprais  ne  s'élevaient  pas  contre 
le  principe  «  d'une  si  saincte  délibération  »  mais  contre 
son  application  même. 

D'autres  membres  du  clergé,  bénéficiaires  de  fruits 
décimaux,  faisaient  la  sourde  oreille  et  le  i6  Février 
1629,  la  Cour  et  Chambre  de  Guyenne  rendait  contre 
le  prieur  de  Dolmayrac,  aux  portes  d'Agen,  l'arrêt 
suivant  : 

Arrêt  donné  par  la  Cour  et  Chambre  de  Guyenne 
séante  pour  le  Roy  à  Agen  (i). 

«  Veu  par  la  Cour  la  requeste  huy  a  elle  présentée 
par  les  Consuls  de  la  ville  d'Agen  contenant  qu'a 
l'occasion  du  grand  nombre  de  personnes  quy  sont 
en  la  prés,  ville  et  que  tous  les  jours  il  en  arrive  de  la 
jurisdiction,  ils  n'ont  moyen  de  suppléer  aux  frais 
nécessaires  pour  leur  nourriture,  s'ils  ne  sont  acistes 
par  ceux  quy  en  ont  les  moyens  et  commodités.  Et 
d'autant  que  le  prieur  de  Dalmayrac  de  la  jurisdic- 
tion de  la.  prés,  ville  prend  six  cens  livres  chasqvie  an 
du  reveneu  dud.  lieu  et  qu'en  la  parroisse  y  a  multi- 
tude de  pauvres  quy  viennent  tous  les  jours  en  ville 
et  encore  y  a  plusieurs  malades  qu'il  faut  acister,  au 
moyen  de  quoy  requérir,  ordonner  et  enjoindre  aud. 
prieur  ou  ses  fermiers  bailler  ou  remettre  ez  mains 
des  recepveurs  desdits  Consuls  la  somme  de  cent 
livres  quy  est  la  sixiesme  partye  du  reveneu  et  ce 
«  incontinent  et  sans  delay,  et  a  ce  faire  led.  prieur  ou 
«  ses  fermiers  y  seront  constraints  par    toutes  voyes 


la  date  du  11  Mars  1631  ;  «  Nous  avons  este  assignes  au  Parlement  de 
«  Bourdeaux  à  la  requeste  des  sieurs  du  chapitre  de  St-Caprasy  sur 
€  l'appel  par  eulx  interjette  de  la  saisie  par  nous  faicte  de  leurs  biens 
«  meubles  pour  la  nourriture  des  pauvres  qui  leur  ont  este  bailles  par 
«  le  chapitre  St-Estienne...  >  BB.  51,  p.  164,  v. 
(1)  Chambre  de  Guyenne  ou  Chambre  de  l'Edit. 


Ï7 

«  dheues  et  raisonnables,  dict  a  este  ayant  aucunement 
«  esgard  a  lad.  requeste  que  la  Cour  ordonne  que  le 
«  prieur  de  Dalmayrac  contribuera  à  la  nourriture, 
«  despance  et  médicaments  qu'il  convient  f.iire  en  lad. 
«  parroisse  de  Dalm;iyrac,  pour  traictcr  et  medique- 
«  menter  les  pauvres  dud.  lieu  attainctz  de  In  maladie 
«  contagieuze  et  quy  n'oïit  moyen  de  ce  nourrir.  A  ces 
«  fins  anjoinct  aux  fermiers  et  recepveurs  dud. 
«  prieure  aud.  lieu  de  Dalmaj'rac  de  mettre  ez  mains 
«  du  recepveur  desd.  Consuls  la  somme  de  septante 
«  cinq  livres  saufz  auxd.  fermiers  de  l'employer  en  leur 
«  compte.  A  quoy  faire  tant  Icd.  prieur  que  fermiers 
«  seront  constrainis  par  toutes  voyes  deues  et  raison- 
«  nables,  mesmes  lesd.  fermiers  par  emprisonnement 
«  de  leurs  personnes,  attandeu  la  matière  dont  est 
«  question. 

.«  Prononce  à  Agen  en  la  Chambre  de  Guyenne  le 
«  setziesme  février  mil  six  cens  vingt  neufz 

«  s""  de  Pontac,  président. 

«  M.  de  Chimbaud,  rapporteur, 

«  Par  la  Chambre, 

«  Delcastax  ». 

Le  même  jour,  ordre  fut  donné  par  la  Cour  «  à  tout 
<<■  huissier  ou  sergent  à  ce  requis  »  de  saisir  les  revenus 
du  prieur  qui  reçut  sommation  le  19  (i). 

Les  Consuls  veillaient  à  l'approvisionnement  de  la 
ville. 

«  Le  7'-  Mars  1629  a  este  emprunte  de   Mons''  d'Es 
«  trades  (2)  cent  vingtz  sacs  de  bled  froment  et  vingt 


(i)  Arch.  d'Ajîen.  P'F.  172.  Parchemin  et  papier. 

(2)  François  d'Estrades,  père  du  Maréchal  Godefroid  d'Estrade», 
seigneur  de  Bonnel  (Bonneuil),  de  Scjjouniac,  gentilhomme  ordi- 
naire de   la    chambre  du   Roi,  son   maistre  d'hostcl,    gouverneur  de 


«  barriques  de  vin  pour  la  nourriture  des  pauvres 
«  malades  sçavoir  le  bled  7  11.  2  sols  le  sac  et  vingt 
«  livres  la  pippe  de  vin  revenant  à  la  somme  de  mille 
«  cinquante  deutz  livres  à  payer  au  premier  jour  d'Oc- 
«  tobre  prochain  par  contrat  reteneu  par  Leydet  (1). 

On  distribua  ce  blé,  au  fur  et  à  mesure  des  besoins, 
aux  boulangers  de  la  ville  pour  le  convertir  en  pain. 

Dans  le  Livre-Journal  consulaire,  on  lit  les  comptes 
détaillés  suivants  poiir  Mars,  Avril  et  Mai  : 

«  Du  sus  dict  bled  (de  M"^  d'Estrades),  en  a 
«  esté  baillie  à  Anne  Dufauga,  boulangère, 
*;  pour  fere   du   pain  pour  la  nourriture  des 

«  pauvres  XXIIII  sactz  bled  du  Querssy 24  sactz 

«  Plus  le  9*  Mars  a  esteprins  dudit  grenier.     12  sactz 
«  Plus  le  3"^  Apvril  1629  a  estebailhe  à  lad. 

«  Anne 24  sactz 

«  Plus  le  XP  Apvril  1629  a  este  bailhe  a 

«  lad.  Anne 24  sactz 

«  Plus  le  14^  Apvril 24  sactz 

«  Plus  le  20^  a  este  prins  dud.  grenier  et 
«  baillé  à  la  Bernadoune,  presans  MM'"^  Ro- 

«  quier  et  Lafaige  4  sactz 

«  Plus  le  X  huict  sactz XVII  s. 

«  Plus  le  24*  Apvril 18  sactz 

«  Plus  le  23"  (2) 6  sactz 

«  Le  9**  du  moys  (de  May  a  este  prins  par  la  Berna- 
«  donne  24  sactz  bled  du  grenier  de  M''  d'Estrades  (3J.* 


Messeigneurs  le  duc  de  Mercure  et  Prince  de  Martij^nics.  Il  était  marié 
à  Suzanne  de  Secondât.  (Voir  O.  Gilvy,  Nob  de  Guyenne  et  de  Gas- 
cogne. T.  II,  p.  263). 

(1)  Leydet,  notaire  roj'al,  secrétaire  des  Consuls. 

(2)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  94. 

f3)Ibid.  Cette  mention  t-t  celle.s  qui  suivent  sont  en  marge  de  la 
page  105  V, 


19 


<i  Plus  4  sactz  à  M   Camus  le  ir  May.       • 

«  Plus  le  II"  May  a  este  tire  cUkI.  ;;roiiicr  2\  sactz, 

«  Plus  le  20'-  a  este  lire  2.|  saetz  ». 


Le  flot  des  pauvres  montait  toujours. 

Le  29  Mars,  les  Consuls  représentent  à  MM.  du 
bureau  de  la  santé  «  qu'il  y  a  grande  quantité  de  pau- 
«  vrcs  reffugies  dans  la  présente  ville  et  que  aux  par- 
«  roisses  de  la  jurisdiction  d'icelle  il  y  a  aussi  grand 
«  rombre  qui  sont  en  estresmes  nécessittes  et  que  pour 
«  subvenir  à  ce  Messieurs  des  chapistresSainctEstienne 
«  et  Sainct  Caprazy  offrent  de  bailher  la  dixiesme  par- 
ie tie  de  leurs  reveneus  si  on  les  veuU  accepter  ». 

On  s'empressa  d'accepter  «  sans  tirer  à  conséquence  ». 

On  décida  que  ces  revenus  seraient  «  convertis  à 
«  l'achapt  de  bled  et  fèves  et  remis  es  mains  des  cures, 
«  vicquaires  et  marguilliers  des  parroisses  pour  estre 
«  distribues  aux  pauvres  d'icelles  ;  et  pour  cet  effet 
«  tous  pauvres  estrangiers  seront  tirés  hors  la  présente 
«  ville  auxquels  sera  bailhe  l'aumosne  avant  que  les 
«  tirer  dehors;  et  inhibitions  et  deffences  seront  faictes 
«  aux  portiers  a  peyne  de  suspension  de  leurs  gaiges 
«  de  les  laisser  rentrer,  ny  les  manœubres  qui  viendront 
«  pour  travailher  aux  vignes  et  aultres  personnes  qui 
«  apporteront  vendre  du  bois  et  pailhe,  restouble  et 
«  autres  choses. ..  » 

On  arrêta  en  outre  : 

«  Que  les  bateaux  chargés  de  bledz  ou  farines  soict 
«  de  descente  ou  montée  seront  arrestes  et  sera  prins 
«  desd.  bleds  ou  farines  en  payant  en  cas  de  besoing  ». 


20 

On  arma  les  gens  chargés  de  la  police  do  la  rivière 
et  de  l'exécution  des  arrestats  de  la  Jurade. 

«  Le  28"=  Mars  (1O29)  a  este  baille  a  Brette  et  M« 
«  Pierre,  une  hallebarde  et  une  demy  pique  avec  ung 
c  cornet  de  poudre  et  de  mesche  pour  servir  d'arrester 
c  les  bapteaux  quy  portent  le  bled  (i)  ». 

Et  cependant,  au  commencement  de  1629,  le  blé 
n'était  pas  encore  très  cher,  car  les  Consuls  achetaient 
à  M'"*  de  Nort(2)  «  six  vingts  sacs  de  bled  a  VII  livres 
«  le  sac  (3)  ». 

La  crise  était  grave.  Passe  encore  pour  la  viande  ! 
mais  la  crise  sur  les  grains,  blé,  seigle,  mesture,  en 
somme  sur  la  vie  elle-même,  puisqu'on  ne  peut  se  pas- 
ser de  grains,  devenait  de  plus  en  plus  menaçante. 

Le  pain  !  le  pain  !  la  dernière  raison  des  peuples  ! 

On  avait  déjà  distribué  les  pauvres  entre  les  habi- 
tants aisés. 

Il  fallait,  pour  se  soustraire  à  cette  obligation,  que 
d'autres  habitants  se  substituassent  aux  défaillants  et 
en  prissent  l'engagement  écrit,  sinon  on  agissait  contre 
les  défaillants. 

«  Le  30  Mars  Monsieur  Cancer  sest  charge  de  nour- 
«  rir  les  pauvres  qui  ont  este  distribues  a  Monsieur  de 
«  Barroussel  conseilher. 

'<  Signé  :  Ca^îcer  ». 

Le  3  Avril,  Jacques  Penandeau  se  chargea  de  nourrir 
les  pauvres  du  fondeur,  son  beau-père 


(ij  Arch.d'Agen.  BB.  51,  p.  99. 

(2)  Jeanne  de  Béchon,  dame  de  Savignac,  veuve  de  Jules  de  Nort, 
vivant  procureur  général  à  la  chambre  de  Guyenne.  (Ch.  de  l'Edit). 

^3)  Ibid.  p.  92.  Le  prix  du  sac  équivalait  à  ce  moment  à  28  fr.  de 
notre  monnaie  au  moins. 


il 

«  Le  mesmejour(5  Avril)  Monsieur  Tourtonde  pre- 
«  bandier  de  resglize  St-Estienne  sest  charge  des  pau- 
<r  vres  que  AÏM"  de  Valade  ont  en  distribution  o  cas 
«  (où)  ils  ne  les  nourriront. 

«  Signé  :  R.  Tourtonde. 

«Je  promets  a  Messieurs  les  G""''  d'entretenir  et 
«  nourrir  les  pauvres  qui  mont  este  bailles  et  a  mes 
*  enfans  tout  autant  de  temps  qu'il  sera  necessere. 

«  Fait  dans  la  maison  de  ville  le  VI''  Avril  1629. 
«  Signé  :  Ledouble  ». 

Même  déclaration  de  M.  Lasdebatz  (i). 

Le  2  Avril,  le  bureau  accepta  les  offres  faites  par 
Monsieur  d'Agen,  Claude  de  Gelas,  «  touchant  ce  qu'il 
«  veult  bailler  pour  estre  distribué  (2)  ». 

Le  10  Avril,  on  expulsa  les  pauvres  étrangers. 

«  Le  iO"=  Apvril  avons  fait  sortir  hors  la  ville  touts 
«  les  pauvres  estrangers  après  leur  avoir  fait  l'aumosne 
«  de  pains  que  nous  avions  fait  faire  exprès  suivant  la 
«  délibération  du  Bureau  de  la  Santé  et  avons  ordonne 
«  que  les  marches  pour  la  vante  du  boys  restouble  oeufs 
«  et  autres  menues  danrees  se  tiendront  hors  la  ville  a 
«  la  porte  St-Anthoine  et  a  la  porte  du  Pin  ou  il  y  aura 
«  aussy  des  marchants  qui  vendront  du  sel  et  de  l'huile 
«  et  des  boulangers  qui  vendront  du  pain  (3)  >. 

Ue  nouveau  conflit  avait  éclaté,  à  propos  de  la  con- 
tribution du  clergé,  entre  les  autorités  consulaires  et 
l'autorité  épiscopale. 


(i)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  pp.  99,  100,  102. 
(a)  Arch.  d'Agen.  GG.  255,  pp.  112,  113. 
(3)  Arch.  d'As:cn.  BB.  51,  p.  loi  v. 


«  Le  neufviesmeapvril  Lafage  nostre  trésorier  a  rcceu 
v<  la  somme  de  deux  cents  livres  de  Monseign"-  d'Agen 
«  pour  la  dixiesme  partie  du  reveneu  quil  prend  dans 
«  nostre  jurisdiction  aquoy  tous  les  ecclésiastiques  ont 
«  este  condamnes  par  provision  pour  la  nourriture  des 
«  pativres  par  appointement  de  lu  Cour  Presidiale  de 
«  ceste  ville;  plus  a  receu  aussy  ledit  Lafage  dix  livres 
«  de  Mons""  d'Albarel  chanoyne  de  St-Caprasy  comme 
«  recteur  de  Cardonet  pour  le  reveneu  quil  tire  de  la 
«  parroisse  de  Montréal.  A  receu  aussy  quatre  cents 
«  livres  de  Messieurs  du  chapitre  St-Estienne.  » 

«  Led.  Lafaige  a  remis  lesd.  sommes  dans  la  garde 
«  robbe.  » 

«  Les  susdictes  sommes  ont  este  employées  en  febves 
«  et  distribuées  aux  pauvres  des  parroisses  par  les 
«  vicaires  et  marguilhiers  desd  parroisses  de  nostre 
«  jurisdiction  (i)  «. 

Le  30  Avril,  les  membres  du  Bureau  de  la  Santé 
arrêtèrent  «  que  tous  ceulx  qui  ont  abandonne  leurs 
«  pauvres  seront  constraints  de  leur  donner  des  vivres 
«  ou  a  leur  donner  deux  sols  par  jour  (2)  ». 

On  était  en  pleine  peste  et  tous  ceux  qui  avaient  pu 
fuir  avaient  gagné  les  champs.'! 

On  remit  au  lendemain,  i<-'''  Mai,  le  soin  de  faire  la 
visite  générale  des  pauvres. 

Les  Consuls  s'efforçaient  de  ne  pas  laisser  les  mar- 
chés sans  approvisionnements,  malgré  les  barrières  et 
les  prohibitions  intérieures  et  les  arrêts  des  Parlements 
qui  interdisaient  la  circulation  des  blés. 

«  Le  premier  de  May  nous  avons  receu  une  lettre  de 
«  Monsieur  le  premier  Président  de  Thls.  (Toulouse) 


(1^  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  loi. 

(2)  Arch.  d'Agen,  GG.  255,  pp.  124  v.,  127,  128. 


23 

«  portant  response  a  la  notre  et  permission  de  trans- 
«  porter  mile  sacs  de  bled  hors  du  ressort  dud.  Parle- 
«  ment  pour  la  provision  de  ceste  ville  non  obstant  les 
«  defîances  contraires  faictes  par  arrest  de  lad.  Cour 
«  de  Parlement  fi)  :k 

Le  5  Mai,  on  achetait  à  M"''  de  La  Tour  (2)  cent 
douze  sacs  et  demi  de  blé  au  prix  de  y  livres,  le  sac. 

«  Le  </  May  AU  de  Daurce  nostre  collègue  et  de 
«  Buard  jurât  sont  ailes  a  Layrac  pour  voir  si  en  la 
«  Gcimmunauté  de  lad.  ville  ou  quelques  particuliers 
«  pourront  nous  fournir  mile  sacs  de  bled  et  aquel  prix 
«  pour  prester  aux  habitans  de  ceste  ville  qui  sont  en 
«  nécessite  a  cause  de  la  maladie  contagieuse  (3)  ». 

«  Le  doutziesme  May  Monsieur  le  président  Hoys- 
«  sonnade  nous  ayant  donne  advis  de  sa  maison  de 
«  Bellerive  quil  )'  avoit  quantité  de  bled  a  vandre  pro- 
«  che  de  mary,  a  este  arreste  que  M.  de  Buard  jurât 
«  seroit  prie  daller  sur  les  lieux  pour  le  voir  et  en  fere 
«  le  marche  ce  quil  a  fait  et  a  convenu  avec  les  mar- 
«  chands  quil  nous  fairoit  porter  trois  ou  quatre  cents 
«  sacs  de  bled  au  bout  du  Gravier  a  raison  de  sept 
«  livres  dix  sols  le  sac  ». 

Le  blé  arriva  le  14  ;  on  le  mesura  sur  le  port  et  on  le 
fit  transporter  au  grenier  de  M,  d'Estrades  pour  le 
distribuer  aux  habitants  de  la  ville. 

Cependant,  la  misère  grandissait  et  on  entendait  les 
cris  de  détresse  des  affamés. 


(1)  Arch.  d'Age:;.  BB.  51,  p.  104  v.  Voir  plus  loin  à  la  date  du  5 
Nov.  1630  et  du  30  Avril  163 1  le  conflit  élevé  entre  les  Consuls 
d'Agen  et  le  Parlement  de  Toulouse  touchant  ces  inhibitions. 

(2)  Marie  de  Goudailh,  femme  de  M.  de  La  Tour. 

(3)  Arch.  d'Agc-n.  BB.  51,  pp.  104  v.  105  v.  107  et  108. 


En  Mai  1629,  les  Consuls  d'Agen  reçurent  la  requête 
suivante  : 

«  A  Messieurs  les  Consulz  de  la  ville 
et  cicté  d'Agen, 

«  Supp.  humblement  Jean  Lussanet  et  Peyroune 
«  Albignac,  maries  habitanz  de  la  parroisse  de  Saint 
«  Ferriol,  jurisd.  de  la  présente  ville,  disant  qu'ils  sont 
«  charges  d'une  grande  familhe  en  nombre  de  huit 
«  enfants  et  deux  filhes  et  d'un  balet  pour  fere  leur 
«  labourage,  quy  sont  Jean  Pierre  et  autre  Jean  An- 
«  thoine,  Humbert,  Phelip,  Guilhem  et  Arnauld,  An- 
«  thoinete  et  Anne  Lussanet,  leurs  enfans,  estant  en 
«  nombre  les  tous  de  tretze,  ayant  heu  l'année  passée 
«  fort  petite  recette,  n'ayant  reculhi  fort  peu  de  bled 
«  sans  neul  mesturage  ;  luy  ayant  conveneu  senseman. 
«  cer  ceste  année  trente  cinq  sactz  de  grains  quy  est 
«  cause  qu'ils  sont  dénués  de  touttes  commodités  et 
«  d'ailheurs  qu'ils  sont  de  tailhe  dans  vostre  livre  trois 
«  soûls  unze  deniers,  mailhe  et  pite  ;  et  a  ces  fins  ils 
«  vous  supplient  les  volloir  acister  de  huict  sactz  de 
«  bled  et  de  six  cartons  febves  et  ils  sobligeront  solide- 
«  rement,  vous  protestant  que  ce  sera  le  debte  plustot 
«  paye:  et  attandeu  le  temps  qui  court  ne  peuvent  treu- 
«  ver  personne  quj'leur  aciste  de  rien  et  sy  par  vous  au- 
«  ^resny  est  porveu,  nous nousperdronsetnostre familhe. 

Lussanet  supliant  avect  sa  dite 
familhe  (i). 

Le  21  Mai,  on  décida  de  secourir  les  Carmes,  ordre 
mendiant,  «  affin  qu'ils  ne  vaguent  pas  par  la  ville  »  et 
de  les  aider  en  blé  et  en  vin,  mais  sous  obligé  de  leur 
syndic  (2) 


(i)  Arch.  d'Agen.  FF.  174. 

(2)  Arch.  d'Agen.  GG.  255.  M.  Magen  note  par  erreur  la  date  de  la 
visite  au  26.  Elle  se  fit  le  16. 


as 

Le  lO  Juin,  après  une  visite  générale  de  la  ville 
^  pour  scavoir  le  nombre,  condition  et  nécessités  des 
«  habitants  »  ,  comme  ceux-ci  avaient  logé  dans 
des  locaux  immondes  et  pestilentiels  des  pauvres 
étrangers  qui  s'étaient  réfugiés  dans  leur  ville,  les 
Consuls  et  les  membres  du  Bureau  résolurent  de  reje- 
ter sur  les  propriétaires  les  sommes  et  avances  qu'ils 
avaient  faites  pour  secourir  les  mendiants.  On  résolut 
ensuite  d  expulser  tous  les  pauvres  valides  et  les  ren- 
voyer «  chascun  en  leur  pays  tant  hommes  que  fem- 
«  mes  » . 

On  fit  défense  à  son  de  trompe  aux  habitants  de  leur 
louer  maisons  et  granges  (2). 

€  Sur  ce  qui  a  este  représente  par  lesd.  s""»  Consulz  auxd.  sieurs  Ju 
Bureau  de  la  Santé  que  faisant  la  vizite  j^eneralle  dans  la  près, 
ville  pour  scavoir  le  nombre,  condition  et  necesites  des  habitans 
d'icelle  affin  d'y  subvenir  suivant  l'ordre  qui  en  avoit  este  prins  aux 
précédantes  assembles  ils  auroient  trouve  grand  nombre  de  pauvres 
familhes  estrangères,  n'ayant  aucune  vaquation  pour  gai^jner  leur 
vie  mais  seulement  mandians  leur  pain,  lesquels  se  seroient  reffu- 
gies  en  la  prés,  ville,  ayans  leur  habitation  dans  de  petits  logements 
ou  granges  que  les  habitans  de  lad.  ville  leur  donnent  a  louage 
quoyque  lesd.  maisonj  ou  granges  ne  soient  point  aucunement 
propres  ny  comodes  pour  led.  logeman,  estans  destitues  de  cliemi- 
nces  pour  fere  les  feux  et  d'autres  lieux  propres  a  recevoir  les  im- 
mondices et  necessittes  domestiques  d'où  est  arrive  et  arrive  tous 
les  jours  mille  inconvenians  lesquels  pendant  le  temps  de  la  raalla- 
die  ont  este  cogneus  grandement  prcsjudiciables,  ruyneux  et  im- 
portans  a  la  ville  et  grandement  nécessaire  y  remédier  a  l'advenir, 
de  tant  que  dans  lesd.  granges  ou  habitations  il  s'y  est  trouve  jus- 
ques  à  huictou  dix  familhes  entassées  les  unes  sur  les  autres... 
«  Il  en  arrive  ou  en  peut  arriver  de  malheureux  accidents  soict 
qu'ils  périssent  de  froid  ou  de  misère  aux  rigueurs  de  l'hiver,  soict 
qu'ils  peuvent  fere  mettre  le  feu...  et  ruyncr  tout  uncartier  de  ville, 
et  n'ayant  de  quoy  jetter  leurs  immondices  de  nécessites,  il  fault 
qu'ils  remplissent  les  rues  de  saletés  et  d'ordures  et  que  ces  petits 


(1)  Ibid.  GG.  255.  PP-  125  V.  127.  »38. 


l6 

«  logement  soient  des  cloaques  d'immotidicite  d'où  s'exhalent  de 
€  grandes  vapeurs  qui  peuvent  altérer  l'air  ou  leur  causer  a  eux 
«  mesines  ou  d'eux  a  nous  pareille  maladif  que  celle  ([ui  nous  af- 
«  flige.  .  (l)  ». 

L'ordonnance  consulaire  fut  prise  le  27  Juin  1629 
contre  les  pauvres  étrangers  et  les  logements  insalu- 
bres. 

«  De  par  le  Roy 
«  Et  Messieurs  les  Consuls  de  ceste  ville  d'Agen. 

«  Il  est  enjoinct  et  faict  commandement  à  toutes  fa- 
«  milles  estrangeres  qui  se  sont  reffugiez  dans  ceste 
«  ville  n'a3'ant  vaccaôn  de  vuider  icelle  dans  cint  jôr. 
«  A  deffault  de  ce  en  seront  expelles  honteusement, 
«  leur  faisant  inhibiôn  et  deffence  de  revenir  c}-  a 
«  peine  du  fouet  sans  l'expresse  permission  desditz 
«  Consuls. 

«  Defifences  sont  aussy  faictes  à  tous  habitans  de 
«  quelque  estât  qualités  et  condiôn  quils  soient  à  peine 
«  de  deux  mille  livres  et  autre  plus  grandes  si  le  cas  y 
«  eschet,  de  bailler  d'ors  en  avant  leurs  maisons  et  gran- 
«  ges  a  louage  soit  aux  habitans  mesme  natifs  de  la 
«  prés,  ville  ou  aux  estrangers  soubz  quelque  prétexte 
«  que  ce  soit  sans  garnir  les  dictes  maisons  de  chemi- 
«  nées  et  lieux  secretz  pour  recevoir  les  immondices, 
«  lesquelles  avant  pouvoir  estre  louées  seront  vizités  et 
«  recogneues  par  les  dits  sieurs  Consuls  ou  autres  qui 
«  par  eux  seront  commis  pour  juger  s'ils  seront  en 
«  estât  de  pouvoir  estre  loues. 

«  Pareilles  inhibitions  et  deffances  sont  faictes  aux- 
«  dits  ha]pitans  de  louer  leurs  dites  maisons  aux  pau- 
«  vres  mendians  aux  peines  susd,  et  d'estre  obliges  a 


(l)  Arch.  d'Aiïen.  GG.  255.  Bureau  du  XVI"  Juhig  1620,  pp.  124 
à  127. 


27 

«  leur  nourriture  en  cas  de  nccessitte  et  aflin  que  per- 
«  sonne  n'en  prétexte  cause  d'i<^norance  sera  la  pré- 
«  sente  ordonnance  lue  et  publiée  et  affichée  par  les 
«  lieux  et  carrefours  acoustunies  de  la  pics,  ville  et 
«  reyterees  tous  les  ans. 

'<  Faict  a  Agen  dans  la  Chambre  du  (Conseil  de  la 
«  Maison  Commune  le  vingt  septiesmc  juin  mil  six  cent 
«  vingt  neuf  (i). 

«  Du  commandemant  de 

«  Uelpech,  Consul  ;  CoRNE  ?,  Consul  » . 

Le  dénuement  était  tel,  que  les  prisonniers  détenus 
à  la  conciergerie  d'Agen  y  mouraient  de  faim.  Le 
conseiller  du  Roi,  André  de  Rance,  procureur  général 
en  la  Chambre  de  l'Edit,  en  vertu  des  pouvoirs  qu'il 
tenait  des  arrêts  de  la  Cour,  ordonna  que  sur  les  reve- 
nus du  domaine  du  Roy  et  sur  les  droits  d'attache  des 
moulins  flottants  de  la- Garonne,  «  les  molins  à  nef  », 
il  serait  pris  30  livres  pour  distribuer  aux  prisonniers 
èz  prisons  d'Agen  à  raison  de  2  sols  par  jour  et  par 
tête,  avec  ordre  à  Contensou,  fermier  des  droits,  de  les 
fournir  aux  Consuls  (2).  Contensou  ne  paraissant  pas, 
on  lui  envoya  l'huissier. 

Son  agent  Laurou  fit  tranquillement  observer  au 
Sergent  Royal  Magadon  que  son  maître  n'était  plus 
fermier  depuis  la  St-Jean  1629. 

En  Mars,  l'emprunt  de  Janvier  était  épuisé. 

«  La  plupart  des  habitants,  dit  le  Registre  du  Bureau 
«  de   la  vSanté,  tombent   en   grande  nécessité,  les  uns 


(1)  Arch.  d'Agen.  FF.  8S. 

(2)  Faict  i  Beauregard  lez  Aj,'en  le  15-  Jeuilhet  1629.  (A.  Ma^jfen, 
loco  citato,  pp.  47-48).  Pendant  le  terrible  siège  de  Monheurt  de 
Décembre  1621,  le  maître  batelier  Contensou  avait  eu  deux  de  ses 
bateaux  déplacés  pour  permettre  la  garde  de  la  rivière  à'50  soldats. 
Pour  ce  déplacement,  on  lui  P'^y^  44"  livres  d'indemnité.  (Arch. 
d'Agen,  CC.  359). 


38 

«  pour  ne  pouvoir  travailher  de  leur  mestier,  les  autres 
a  pour  ne  trouver  à  vendre  leurs  biens.  Ils  sont  tous 
«  les  jours  après  les  sieurs  Conseulhs  demandant  qu'on 
«  leur  donne  de  quoy  vivre  (i)  ». 

Il  fallait  avoir  raison  des  résistances  du  clergé. 

Le  20  Juillet  1629,  faute  d'avoir  obéi  à  l'ordonnance 
du  18  Juin  dernier  signée  :  Boissonnade  et  Jeyan,  com- 
mis, relative  à  la  nourriture  des  religieux  exposés,  un 
sero-ent  royal,  Guiringaud,  saisit  et  mit  «  soubz  la  main 
«  du  Roy,  notre  sire,  et  de  sa  justice  »,  et  arrêta  entre 
les  mains  de  Jacques  Marsilhac  et  Jean  Soulhagon  dit 
Pemasson,  hoste  d'Agen,  comme  fermiers,  les  fruits 
décimaux  que  les  chanoines  de  St-Etienne  prélevaient 
sur  la  paroisse  de  Montréal, 

Le  même  jour,  l'huissier  se  rendit  au  moulin  appelé 
de  Chabrières,  paroisse  de  Petit  Cardonnet,  juridiction 
d'Agen,  appartenant  au  chapitre  de  St-Caprais  et  signi- 
fia aux  fermiers  Guiraud.Minda,  marchand  de  Madail- 
lan,  et  en  personne  de  lui  à  damoiselle  Françoise  de 
Codoing,  veuve  de  s""  de  Landas,  avocat  en  la  Cour, 
que,  faute  d'obéir  à  la  requête  et  ordonnance  à  eux 
signifiée  ou  à  M.  M*^  Guilhaume  de  Cause,  syndic  du 
chapitre,  les  fruits  décimaux  seraient  arrêtés  et  saisis 
entre  les  mains  des  fermiers. 

De  là,  le  sergent  Royal  se  transporta  «  sur  le  sol  du 
«  dixme  »  de  la  paroisse  de  Paulhiac  arrêta  entre  les 
mains  des  fermiers  Joseph  Matalin,  François  le  Double, 
homme  d'armes,  et  Jean  Courbe,  les  fruits  décimaux 
des  paroisses  de  St-Julia,  Cayssac  et  Pauliac,  apparte- 
nant au  chapitre  St-Caprasy. 

Le  21  Juillet,  il  saisit  les  dîmes  de  Cassou  et  de 
St-Denis  appartenant  à  l'évêque  et  comte  d'Agen  entre 

(I)  Ibid.  p.  36. 


39 

les  mains  d'Anthoine  Masson,  m''  chaussetier   d'Agcn 
et  de  M*  Estienne  Barilhet,  notaire  royal. 

Le  mcme  jour,  même  saisie  à  Ste-Radegonde,  dont 
les  fruits  revenaient  à  l'EvSque. 

Il  saisit  la  partie  des  revenus  de  Ste-Radegonde  et 
les  fruits  de  St-Sulpice  et  de  la  Capelette  de  Renaud, 
appartenant  à  un  chanoine  de  St-Etienne,  le  sieur  de 
Fonmartin. 

Une  autre  partie  des  fruits  décimaux  levés  par  le 
chapitre  de  St-Caprais  fut  encore  saisie  à  St-Sulpice 
d'Agen. 

Le  sergent  saisit  aussi  la  partie  des  fruits  de  la 
Capelette  de  Renaud  appartenant  au  chapitre  de  St- 
Etienne  et  au  chapitre  de  St-Caprais. 

Le  23  Juillet,  la  saisie  continua  sur  les  paroisses  de 
Monbuscq,  Saint  Martin  de  Foulayronne  et  Artigues 
dépendant  de  la  collégiale  de  St-Caprais,  et  sur  la 
paroisse  de  xMerens,  appartenant  au  même  chapitre. 

Le  même  jour,  saisie  des  fruits  de  St-Vincent  des 
Cors,  possédés  par  le  chapitre  de  St-Etienne,  et  des 
fruits  décimaux  de  St-Cirq  et  de  St-Ylaire  de  Colayrac 
sur  l'évêque  et  comte  d'Agen . 

Le  clergé  fit  appel  de  cette  saisie  devant  Nosseigneurs 
du  Parlement  de  Bordeaux. 

«  Le  dernier  d'Aoust  a  este  baille  au  s""  de  Reilhery 
«  pour  porter  au  s""  Descayrac,  procureur  en  la  Cour  de 
«  Parlement  de  Bourdeaux  un  exploict  d'assignation  qui 
«  nous  a  este  donn^  en  lad.  Cour  a  la  requeste  de 
«  Monsieur  d'Agen  sur  l'appel  par  luy  interjette  de  la 
«  saizie  de  ses  reveneus  que  nous  avons  fait  faire  pour 
«  la  nourriture  des  religieux  exposés.  Plus  un  autre 
«  exploict  d'assignation  a  nous  donne  a  la  requeste  de 
«  Mess""*  les  chanoynes  de  St-Estienne  et  St-Caprasy 
«  pour  mesme  subject  ». 


Malgré  tout  le  zèle  des  Consuls  d'Agen,  les  pauvres, 
comme  l'hydre,  renaissaient  toujours. 

En  dépit  des  expulsions  successives,  on  découvrait 
quotidiennement  «  des  feneans  et  pauvres  estrangiers  ». 

Après  la  cessation  de  la  peste,  on  donna  une  nouvelle 
Ordonnance  d'expulsion  (20  Novembre  1629).  Elle  fut 
exécutée  le  vendredi  suivant  (i). 

La  misère  était  la  même  dans  tout  l'Agenais.  Nous 
n'en  voulons  pour  preuve  que  l'extrait  suivant  d'un 
acte  notarié  : 

«  Comme  soit  ainsin,  dit  une  minute  du  notaire 
«J.  Vistorte  de  Ste-Livrade  d'Agenais,  que  l'année 
«  dernière  mil  629  Antoine  Dijols  et  Marguerite  Legleu, 
«  sa  famé,  et  Pierre  Dijols,  son  tils,  estoit  en  grand 
«  danger  de  périr  de  faim,  n'ayant  sorte  d'aliments  ni 
«  moyens  pour  vivre,  auroit  donné  requeste  en  la  cour 
«  ordinaire  de  la  pr'"<-"  ville  qu'il  leur  fut  permis  d'allie- 
«  ner  une  pugnère  de  terre  prinse  de  plus  grande  pièce 
«  au  village  de  Bailharguet  (2),  jurid.  de  Monclar, 
«  pour  soy  norrir  et  allimenter  (3)  ». 

«  Quelque  temps  apprès,  ayant  despende u  la  dite 
«  somme  estant  en  mesme  de  périr  de  faim,  à  cause  de 
«  leur  estresne  misère  et  esterillitté  de  l'année  »,  ces 
malheureux  Dijols  donnèrent  à  Jehan  Salbaing,  lieute- 
nant royal  de  Ste-Livrade,  deux  cartonats  et  demi  de 
terre  en  échange  d'une  petite  maisonnette  «  pour  soy 
«  loger  (4)  »  que  le  lieutenant  du  Roy  devait  leur  faire 
bâtir. 


(1)  Arch.  d'Ag-en.  GG.  255,  p.  145. 

(2)  Aujourd'hui,  commune  de  Pinel  et  Hauterivc. 

(3;  Minutes  de  Vistorte,  N.  R.  (Etude  Molinic  à  Ste-Livrade).  Cette 
terre  fut  achetée  par  Jehan  Salbaing,  lieutenant  royal  de  Ste-Livrade. 
(Acte  de  1630,  p.  103). 

(41  .Minutes  Vistorte  (ibid.j  En  Décembre  1630,  Dijols  père  et  Dijols 
tîls  étant  morts,  Marguerite  Légleu  réclama  à  M'-  Jehan  Salbaing  le 


31 

Malirrc  toute  cette  misère,  il  fallait  encore  subir  les 
lof^ements  militaires. 

Un  exemple  entre  tous  :  le  vicomte  de  i-'oucaude. 
maréchal  de  camp,  promena  son  réj^iment  dans  tout 
l'Agenais  pendant  neuf  à  dix  mois. 

I.c  23  Décembre  i62,s,rarrivéej5rochainc  du  ré;;iment 
avait  été  annoncée  aux  Consuls  : 

«  Le  mesme  jour  (23  Dec.)  Mons'  Cieutat  nous  a 
«  rendu  une  lettre  de  M"^  de  Monferan,  maréchal  de 
«  camp  de  l'armée  de  Monseigneur  d'Espernon  et  cop- 
«  pie  des  ordojinanccs  de  Monsegn''  le  Prince  Conde, 
«  gênerai  de  lad.  armée  pour  Tentretenement  du  Régi- 
«  ment  de  Monsieur  le  vicomte  de  Foncaude  sur  l'eslec- 
«  tion  d'Agennois  et  après  avoir  ouy  led.  sieur  de 
«  Cieutat,  cap  •^"  d'une  compaignie  dud.  régiment,  a 
«  este  ordonne  que  le  conseil  dud.  pais  (d'Agenois) 
«  sera  asemble  pour  faire  response  par  son  advis  (i)  ». 

On  députa  aussitôt  le  Consul  de  Causac,  à  Cancon, 
auprès  de  M'  de  Monferran  «  pour  esviter  qu'il  n'en- 
«  voye  led.  régiment  ei  ceste  ellection  (2)  ». 


paiement  d'une  somme  de  7  livres,  prix  d'évaluation  de  la  maison- 
nette qui  n'avait  pas  été  bâtie,  comme  faisant  partie  des  26  escus 
qu'elle  avait  apportés  en  dot.  (Acte  du  16  Décembre  1630,  pp.  108-9). 
Dans  un  acte  de  Février  1631,  la  maisonnette  devait  être  de  «  tappiede 
«  {jazon,  de  la  hautcnr  d'une  canne  et  largeur  deux  cannes  et  de 
«  longueur  de  deux  cannes  et  demj'...  avec  une  porte...   » 

(i)  Arch.  d'Agon.  Livre  Journal  des  Consuls.  BB.  51,  p.  So-i.  Le 
Prince  de  Cundé,  Henri  II,  père  du  grand  Cordé,  était  lieutenant 
général  pour  le  Roi  en  ses  armées  de  Guyenne  et  Haut  Languedoc. 
(Arch.  d'Agcn.  BB.  51,  p.  iio). 

Jean  Louis  de  Nogaret,  duc  d'Epernon,  gouv.  de  Guienne  depuis 
le  27  Août  1622.  Jean  de  Cieutat,  chevalier,  s'  de  Villebeau  et  du 
Roy,  lieutenant  du  Sénéchal  d'Agenais. 

(2)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  81. 


32 

Dans  leur  testament  politique,  les  Consuls  de 
1629(1)  disaient  aux  Consuls  de  1630,  leurs  héritiers  : 

«  ...  Voilla  le  troiziesme  fléau  sur  nos  bras.  Le  régi- 
«  ment  du  sieur  Viscomte  de  Foncaude  appres  s'estre 
«  promené  et  parcoureu  pendant  neufz  ou  dix  mois  en 
«  plusieurs  lieux  et  presque  partout  en  Agenois,  fond 
«  deux  fois  sur  nous,  lequel,  muny  d'un  ordonnance  de 
«  Nosseigneurs  le  Prince  de  Condé  et  duc  d'Epernon, 
«  demande  sur  tout  le  pays  d'Agenois  l'entretènement 
«  pour  son  dict  régiment  en  argent  compozé  de  dix 
«  compagnies  pour  trois  mois  à  raison  de  cent  hommes 
«  chaque  compagnie,  sans  comprendre  les  chefz  d'icel- 
«  les  ny  officiers  quy  monte  à  plus  de  trois  cens  hom- 
«  mes  ». 

Une  Ordonnance  du  duc  d'Epernon  avait  imposé  la 
ville  d'Agen  de  trois  mille  livres  et  plus  pour  le  régi- 
ment de  Foncaude.  On  parla  de  députer  au  Roi  pour  le 
supplier  «  de  vouloir  décharger  le  pays  d'Agenois,  quy 
«  est  la  plus  grande  partie  accablée  de  peste  et  de 
«  famine,  de  lanorriture.  Nous  avons  recoureu  pour  la 
«  seconde  fois  a  mon  dict  Seigneur  d'Espernon,  lequel 
«  par  sa  clémence  accoustumée  faict  réduction  desd. 
«  compagnies  à  soixante  hommes,  sans  comprendre  les 
«  chefz  ny  officiers  ;  de  sorte  qu'il  a  este  lepve  sur 
«  l'Agenois  pour  le  payement  dud.  régiment  trente 
«  deux  mil  quatre  cens  quatre  livres  cinq  solz  pour  trois 
«  mois,  comprins  les  six  deniers  par  livre  pour  le  pré- 
«  tendeu  recepveur,   droict   d'impression  des  mandes, 


(i)  Les  Consuls  de  1629  étaient  :  M.  Arnaud  Delpech,  lieutenant 
criminel  ;  sf  Bernard  Corne,  bourg'eois  et  intendant  des  revenus  ;  M" 
Jehan  de  Lavergne,  advocat  en  la  Cour  ;  ^stienne  de  Cunolio,  es- 
cuyer,  s""  d'Espalais  ;  M"  Gerauld  Daurée,  advocat  en  la  Cour;  M" 
Anthoine  Rocquier,  procureur  en  la  Cour  Présidiale. 


33 

•  qiiy  monte  pour  nostrc  pai't  la  .^omme  de  deux  mil 
«  livres  (i)  ». 

Une  Ordonnance  du  duc  avait  imposé  la  ville  d'A«^en 
de  trois  mille  livres  et  plus  pour  le  réy;imeiit  de  Fon- 
caude.  On  parla  de  députer  au  Roi  pour  le  supplier  /  de 
«  descharger  le  pays  d'Agenois,  quy  est  la  plus  grande 
«  partie  accablqe  de  peste  et  de  famine,  de  la  norriture 
«  et  entretenement  dudict  régiment  et  de  tous  autres 
«  gens  de  guerre  qui  ont  desja  mis  ledict  pays  dans 
«  un  tel  esUit  (jue  lu  J>lits  <rrund  pariye  d'icellui  est 
•i  reduict  aux  aulsmosnes  (2)  .■>. 

Hongre,  mal  gré.ilfalluts'exécuter.On  emprunta (3). 

V  Le  premier  de  Mars  1629  a  esté  envoyé  à  Monsieur 
«  le  viscomptc  de  Foncaude  à  Villeneufve  la  somme  de 
«  trois  mille  livres  pour  partie  du  payement  dudit  régi- 
«  ment,  de  quoy  le  s'  de  Gieutat  en  a  faict  quittance, 
«  lad.  somme  feust  pourtec  par  M'*  de  Goudailh  et  de 
«  Faure  quil  l'auldra  reppeter  sur  le  pais  (4)  ». 

A  la  lin  de  Mars,  nouvelles  négociations  et  nouveaux 
paiements  pour  faire  déloger  ce  même  Régiment  qui  de 
Puymirol  étendait  ses  quartiers  jusqu'à  Layrac  et  Boé, 
aux  portes  d'Agen.  Le  vicomte  de  Foncaude,  après 
paiement,  exigea  la  fourniture  des  bateaux  pour  trans- 
porter ses  compagnies  de  Boé  à  Auvillars.  Les  Consuls 
s'empressèrent  de  les  fournir. 


(i)  Arch.  d'Agen.  Bli.  51.  Voir  aussi  k*s  Jurades  de  Duras  (Arcli. 
C'*  suppl.  E.  1356'- 

(2)  Voir  pour  cet  épisode,  A.  iMay^en,  loco-citato,  p.  36-37. 

(3)  Le  vicomte  de  Foncaude  était  le  fils  de  François  II  de  Montfcr- 
rand,  seigneur  de  Cancon  et  de  Casseneuil,  l'ami  fidèle  de  d'Eper- 
non.  Le  vicomte  de  Foncaude  mourut  à  Casseneuil  en  1634,  à  l'ige 
de  55  ans. 

(4)  Arch.  d'Ag^en.  BB.  51,  p.  93.  On  trouvera  des  détails  complets 
sur  les  dettes  de  la  ville  d'Aveu  et  sur  les  avances  de  cette  ville  au 
pays  d'Agenais,  avant  et  pendant  cette  période,  du  fait  des  loicement.» 
militaires,  sous  les  cotes.  CC.  i6<;  et  170. 


34 

Ils  s'adressèrent  ù  Monseigneur  d'Epernon  pour  ob- 
tenir décharge  partielle  de  leur  contribution  au  paie- 
ment des  gens  de  guerre  et  en  même  temps  l'autorisa- 
tion de  convoquer  les  Etats  du  pays  d'Agenais. 

Le  22  Juillet,  les  Consuls  d'Agen  reçurent  par  l'in- 
termédiaire des  Consuls  de  Villeneuve,  une  ordonnance 
du  duc  d'Epernon  leur  mandant  de  pourvoir  sur  le  pays 
d'Agenais  pour  quinze  jours  «  à  l'entretenement  du 
«  Régiment  de  Foncaude  ».  Les  Consuls  d'Agen  invo- 
quèrent la  triste  situation  où  se  trouvait  leur  juridiction 
et  écrivirent  aux  Consuls  de  Villeneuve  «  lesqviels  nous 
«  supplions,  a  nostre  deffaut,  d'avoir  soing  de  procurer 
«  ledit  payement  » . 

D'Epernon  déchargea  seulement  les  Consuls  d'Agen, 
de  fournir  l'argent  pour  le  pays  d'Agenais  (i"'  Août), 
mais  leur  imposa  la  fourniture  de  leur  quote-part 

Malgré  Les  froissements  d'amour-propre  qui  contris- 
tèrent  les  Consuls  d'Agen  et  l'amertume  qu'ils  ressen- 
tirent, eux,  les  syndics  et  les  tuteurs  des  douze  villes 
dont  la  vie  municipale  était  calquée  sur  la  leur,  les 
Etats  du  Pays  d'Agenais  furent  convoqués  dans  une 
ville  rivale,  à  Villeneuve,  par  les  Consuls  de  celle-ci. 
Agen  y  délégua  M.  de  Reilhery.  Il  fallait  faire  contre 
fortune  bon  cœur  ! 

Le  20  Août,  les  Consuls  de  Villeneuve  informèrent 
leurs  collègues  d'Agen  que  l'Assemblée  avait  fixé  leur 
part  à  354  livres  pour  vingt-cinq  jours   d'entretien  (i). 

On  avait  déjà  levé  pour  ce  régiment  32404  livres  sur 
le  pays  d'Agenais,  le  pays  de  misère  (2)  ! 


ii)Arch.  d'Ag-en.  BB.  51,  pp.  95  à  98,  99,  115,  117. 

(2)  Cette  question  de  l'entretien  du  Régiment  de  Foncaude  resta 
longtemps  ouverte. 

En  1631,  le  10  Mai,  les  Consuls  reçurent  assignation  à  ce  sujet  : 

«  Le  10  du  mois  de  May  1631  il  nous  a  este  donne  assignation  au 
«  privé  Conseil  a  trois  mois  après  l'exploit  qui  nous  a  este  signifie  et 


Avant  de  sortir  de  char<re,  les  Consuls  allèrent  ren- 
dre visite  ;'i  révêque  : 

'<  Le  XXV'li'  de  Décembre  1O29  nous  avons  vizite 
«  Monseigneur  d'Aj^en  et  lui  avons  remontre  la  neces- 
'(  site  de  nos  atTaires  qui  nous  avoient  obli^^es  en  son 
«  absence  de  fere  de  «grosses  dépenses  pour  la  nourri- 
«  tuirc  des  reli«;ieux  exposés  pour  la  consolation  des 
«  malades  et  entretenement  d'iceulx  dont  nous  aurions 
«  prie  et  requis  Monsieur  son  vicquaire  g''  et  messieurs 
«  du  Clergé  nous  vouloir  soulager  de  partie  dicelles  et 
«  a  faulte  de  ce  fere  nous  aurions  este  constraints  de 
«  saizir  leurs  reveneus  pour  raison  desquels  le  procès 
«  en  est  pendant  en  la  Cour  de  Parlement  de  Bordeaux 
<'  ce  quy  ne  feust  pas  tirnce  s'il  eiist  este  présent  oti 
«  dans  nostre  voisinage  parce  que  nous  sommes  fort 
><  asseures  quil  y  eust  contribue  de  ce  qui  pouvoit  estre 
«  necessere  pour  cest  effect  :  C'est  pourquoy  nous  lavons 
«  prie  de  vouloir  terminer  cest  atïere  a  Tamiable  et  par 
«  accommodement  plustost  que  par  les  rigueurs  de  la 

<  justice.  Surquoy   il   nous  a  respondeu  qu'il  vouloit 

<  demeurer  en  bonne  intellisrence  avec  nous  et  nos  suc- 


«  bailhe  copie  aux  fins  de  payer  nostre  coUe  part  de  l'entretenemcnt 
«  du  Rcgiinent  de  Foncaude  et  Sainte-Croix  a  la  requeste  des  habi- 
«  tans  de  Monpezat,  Puylaroque,  Belfort,  Mirabel,  Septfimts  et  aul- 
t  très  lieux  circonvoisins  de  Montauban  et  Caussade...  »  suivant  les 
Ordonnances  de  M.  le  Prince,  du  duc  d'Epernon,  du  maréchal  de  Bas- 
sompierre  et  de  M  de  Monferrand.  M.  Gueysse,  receveur  du  taillon. 
avait  en  main  les  quittances  de  ce  que  le  Pays  d'Agenais  avait  payé 
pour  cet  entretien.  Il  promit  aux  Consuls  d'Afren,  à  titre  de  syndics 
du  Pays,  de  les  fournir  et  de  les  vidimer. 

De  son  côté,  le  trésorier  de  la  ville,  Hector  Lafage,  tenait  les  quit- 
tances pour  la  partie  de  l'imposition  qui  lui  incombait.  On  décida 
d'envoyer  toutes  ces  pièces  à  l'avocat  Sicre  qui  devait  défendre  la 
Communauté  3'Agen  au  conseil  du  Roi.  (Arch.  d'Agen.  BB.  51, 
pp.  165  et  167.  La  requête  des  Communes  du  Bas  Quercy  contre  les 
Consuls  d'Agen  est  du 6  Mars  1630.)  (Arch.  d'Agen.  CC.  192). 


«  cesseurs  mais  quil  cstoit  besoing  avant  parler  plus 
,x  de  ceste  artère  dattciulre  le  sieur  de  Daurée  quy 
.  est  en  Cour  pour  demander  au  Koy  quelque  soulage- 
«  ment  de  nos  despenses  faites,  et  toutes  choses  devant 
«  demeurer  en  Testât  jusques  a  ce  que  led.  s'  Daurée 
«  feust  de  retour  (i)  ». 

Les  reproches  qu'adressaient  les  Consuls  à  Monsei- 
gneur l'évêque  et  comte  d'Agen  et  la  saisie  pratiquée 
par  eux  sur  les  dîmes  ecclésiastiques  étaient  également 
justifiés. 

L'évêque,  qui  pendant  les  premiers  mois  de  l'an  1628 
avait  présidé  le  Bureau  de  la  Santé,  y  vint  pour  la  der- 
nière fois  le  5  Octobre  et  disparut. 

Quand  la  peste  força  les  portes  de  la  ville,  il  s'éloi- 
gna pour  ne  reparaître  qu'après  le  danger,  tandis  qu'un 
certain  nombre  de  religieux  des  Ordres  mendiants  de 
la  cité  se  dévouaient  au  bien  public  pour  le  soulage- 
ment des  pauvres  et  le  traitement  des  pestiférés. 

Les  Consuls  avaient  demandé  au  clergé  de  participer 
aux  frais  d'entretien  de  ces  religieux.  Le  clergé,  avec 
l'âpreté  des  corps  privilégiés  qui  ne  souffrent  aucune 
atteinte  à  leur  privilèges,  refusa  ou  marchanda.  Et 
cependant  chaque  jour  dans  les  Eglises  d'Agen  on 
répétait  ces  paroles  évangéliques  : 

Panein  nostrum  qiiotidiamim  da  nohis  hodie  ! 

Le  pain  quotidien  ! 

Les  Consuls,  qui  avaient  la  charge  de  milliers  d'exis- 
tences, s'efforçaient  de  le  donner. 

En  dépit  des  résistances  et  des  logomachies  procédu- 
rières des  procureurs,  ils  veillaient  au  salut  des  pau- 
vres . 


(l)Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  126. 


CHAPITRE  m 
La  Grande  Famine 


L'hiver  de  1630-1631  fut  mauvais,  «  un  tueur  de  pau- 
«  vrcs  f^ens  »,  comme  dit  un  de  nos  poètes. 

En  Mars  1C30,  tombèrent  des  pluies  torrentielles  qui 
noyèrent  les  céréales,  le  mauvais  temps  continua  ;  il 
plut  sur  la  fleur  :  les  récoltes  fuirent  perdues. 

«.Au  mois  de  May  1630  et  durand  icelluy  il  pleust  en 
«  abondance  desquelles  pluyes  furent  noyez  les  fruictz 
'<  de  la  terre,  et  delà  s'ensuivit  la  grande  famine  qui 
«  commença  a  Teste  ensuivant  et  dura  despuis  le  mois 
«  d'Aoust  1630  jusques  a  la  fin  du  mois  de  May  1631  (i  )  ». 

Malebaysse  se  trompe.  La  famine,  «  la  grande  fa- 
mine 1*  se  prolongea  jusqu'à  la  récolte  de  1631,  c'est- 
à-dire  jusque  vers  le  milieu  de  Juillet. 

Le  mal  de  misère  était  d'ailleurs  si  grand,  au  com- 
mencement de  1630,  qu'en  une  des  terres  les  plus  fer- 
tiles de  notre  pays  d'Agenais,  terre  aujourd'hui  séparée 
de  nous,  à  Valence  d'Agen,  il  y  eût  le  11  Avril  1630 
comme  un  recommencement  de  ces  «  croquants  »  si 
prompts  à  s'insurger. 

Les  pauvres,  à  qui  manquaient  les  secours,  se  réuni- 
rent sur  la  place  publique  de  cette  bastide,  emportés  de 
colère  contre  le  chapitre  de  St-Caprais  d'Agen  qui  ne 
voulait  rien  céder  des  dîmes  qu'il  prélevait  sur  St-Ca- 
prais de  Cornillas  et  Notre  Dame  de  Valence. 

Les  pauvres  dans  leur    assemblée  de  plein  air  nom- 


(I)  Journal  des  Malebaysse.   (Rev    de  l'Atrenai?.    T    XX  p   245). 


nièrent  un  syndic  qu'ils  chargèrent  d'aller  porter  leurs 
doléances  au  chapitre  et  de  réclamer  «  leur  congrue 
A  part  et  pourtion  des  fruicts  décimaux  » . 

Leurs  cris  se  lieurtèrent  à  des  oreilles  fermées.  Il 
fallut  qu'en  Septembre  de  la  même  année  un  arrêt  du 
Parlement  de  Bordeaux  condamnât  le  chapitre  de  St- 
Caprais  à  abandonner  aux  pauvres  la  sixième  partie  des 
dîmes  qu'avec  la  dame  de  Valence,  noble  Brandelyse 
du  Béon  de  Masses  (i),  on  évalua  à  loo  livres  par  an, 
somme  que  les  Consuls  distribuèrent  aux  indigents  à 
raison  de  «  deux  soûls  par  jour  »  et  par  tête. 

L'année  d'après,  un  jugement  du  sénéchal  d'Agenais, 
en  date  du  31  Mars  1631,  condamna  le  chapitre  de  St- 
Caprais  d'Agen,  à  continuer  à  payer  la  sixième  partie 
des  fruits  décimaux  levés  sur  la  juridiction  de  Valen- 
ce (2). 


En  consultant  les  Registres  Paroissiaux  de  Ste- 
Livrade.  de  St-Etienne-de-Foug.ères,  de  Casseneuil,  de 
Pinel  et  Hauterive,  surtout  les  minutes  notariales,  les 
documents  des  Archives  d'Agen  et  des  Archives  Com- 
munales, on  peut  reconstituer  l'histoire  de  cette  famine. 


(ij  Cette  dame  était  la  femme  d'Emmanuel  Je  Timbrone,  seigneur 
de  Valence,  Castels,  Cuq  et  autres  lieux. 

(2)  V.  Auguste  Grcze.  Valence  d'Agenais  p.  p.  54  à  56  (Montau- 
ban  1901).  Ces  jugements  ne  lassèrent  pas  la  résistance  du  chapitre  de 
St-Caprais.  Le  15  Mai  1644,  les  pauvres  de  Valence,  «  périssant  de 
faim»,  pillèrent  le  creux  où  le  fermier  du  chapitre,  Pierre  Renaud, 
avait  enfermé  le  blé.  Ils  étaient  «  au  nombre  de  deux  cens  ou  daban- 
tage  >.  L'un  d'entre  eux,  Cabarroc,  exposa  aux  Consuls,  venus  sur 
le  champ  de  l'émeute,  qu'en  dépit  des  ordonnances  du  Roi  et  dans 
l'impossibilité  où  leur  pauvreté  les  mettait  d'obtenir  jugement  de  l'Evc- 
que  ou  du  Sénéchal,  ils  s'étaient  emparés  des  grains,  ollrant  de  resti- 
tuer le  surplus  de  ce  qui  leur  était  dû.  (Ibid.  p   56). 


39 

Malheureusement  les  Registres  de  la  plupart  des  pa- 
roisses, concernant  cette  période,  sont  ou  perdus,  ou 
muets.  Ainsi  à  Villeneuve  d'Agenais  et  ailleurs  les 
Mortuaires  de  1630- 1O31  ont  disparu.  Il  a  donc  fallu  se 
contenter  d'utiliser  ceux  qui  restaient  et  juger  par  eux 
du  fléau  qui  anéantit  la  population. 

Dans  toute  la  France,  la  famine  désola  les  popula- 
tions. Gaston  d'Orléans,  le  frère  du  Roi  Louis  XIII,  lui 
écrivait  la  lettre  suivante,  en  l'an  1631  : 

,.  ...  Je  vous  dirai  ce  que  j'ai  vu.  C'est  qu'il  n'y  a  pas 
*  un  tiers  de  vos  subjets  dans  la  campagne  qui  mange 
-<  du  pain  d'ordinaire  ;  l'autre  tiers  qui  ne  vit  que  de 
.<  pain  d'avoine  et  l'autre  tiers  n'est  pas  seulement  ré- 
«  duit  à  mendicité  mais  languit  dans  une  nécessité  si 
«  lamentable  qu'une  partie  meurt  effectivement  de 
«  faim  ;  l'autre  ne  se  substante  que  de  glands,  d'herbes 
«  et  choses  semblables,  comme  les  bestes.  Et  les  moins 

à  plaindre  de  ceux-ci  ne  mangent  que  du  son  et  du 
«  sang  qu'ils  ramassent  dans  les  ruisseaux  des  bouche- 
«  ries.  J'ai  vu  ces  misères  de  mes  yeux  en  divers  en- 
«  droits  depuis  mon  partement  de  Paris...  (i)  ». 

C^  langage,  La  Bruyère  le  tiendra  cinquante  ans 
plus  tard  avec  la  même  vérité  ! 

L'horreur  est  complète.  C'était  «  la  mâle  rage  de 
«  faim,  selon  l'expression  des  Consuls  Agenais  ». 

La  faim  poussait  tous  ces  misérables  hors  de  leurs 
cabanes  de  «  tappie  (2)  » .  Les  routes  se  couvraient  de 
vagabonds,  de  mendiants,  d'affamés  à  la  recherche  de 
quelques  aliments,  des  rebuts  et  des  rogatons  les  plus 
dé  2:0  Citants. 


(1)  Arvède   Barine.    La    Grc^nde  Mademoiselle   (Rev.   dc3  Deux 
Mondes  T.  154',  page  279). 

(2)  Cabanes  de  torchis. 


40 

Les  vagabonds  étaient  la  plaie  de  la  France  entière. 
En  1625,  le  grand  artiste  Callot  burinait  dans  ses  eaux- 
fortes  cette  immense  armée  de  misérables,  de  bohé- 
miens, d'égyptiens,  qui  parcouraient  le  pays  en  tous 
sens,  sur  des  haridelles,  maigres  comme  des  sauterelles, 
traînant  après  eux  des  bandes  de  femmes  et  d'enfants 
Innombrables  étaient  les  drilles,  les  malingreux,  les 
hubins  enragés,  les  bossus,  les  rachitiques,  les  sabou- 
leux  épileptiques  (i). 

Qu'était-ce  donc  lorsque  à  ces  troupes  de  gueux  de 
profession  se  joignait  la  cohue  errante  des  paysans 
traqués  par  la  faim,  courant  comme  des  loups  à  travers 
les  campagnes  désertes  et  sans  pain  ? 

On  croirait  entendre  les  lamentations  du  Bourgeois 
de  Paris  sur  la  famine  de  1438,  qui  précède  la  peste  : 

«  Peu  de  gens  mangeoient  de  pain  leur  saoul,  ne 
«  povres  gens  ne  beuvoient  point  de  vin,  ne  mangeoient 
«  pas  de  char,  qui  ne  leur  donnoit  ;  ne  mangeoient  que 
«  navetz  ou  trognons  de  choux  mis  à  la  braize,  sans 
«  pain  ;  et  toute  nuict  et  jour  crioient  petits  enfans  et 
«  femmes  et  hommes  :  Je  ineur  !  Hélas  !  Doux  Dieu,  je 
«  meur  de  faim  et  de  f roit  » . 

A  mes\jre  que  l'hiver  de  1630-163 1  approchait,  les 
vivres  se  faisaient  de  plus  en  plus  rares  et  les  cadavres 
des  faméliques  jonchaient  littéralement  les  champs  et 


(i)  En  1614,  les  Cahiers  des  Etats  d'Agenais  aux  Etats  Généraux 
retentissent  de  plaintes  contre. les  mendiants  : 

«  Art.  67.  Tous  vag-abons,  bohémiens,  Eg-yptiens  et  autres  gueux  et 
«  feneans  vuideront  le  royaume  à  peine  des  galères  et  sera  enjoint 
«  aux  Consuls  des  villes  et  lieux  où  ils  seront  trouvés  vaguants  de 
«  leur  courir  sus,  s'en  saizir  et  les  conduire  à  la  plus  prochaine 
«  Consiergerie  de  la  Cour  de  Parlement  pour  y  estre  détenus  au  pain 
»  du  Roy  ».  (V.  G.  Thplin.  Doléances  du  Tiers  Etat  du  pays  d'Age- 
nais aux  Etats  ifénéraux,  p.  36.) 


4ï 

les  clicmiiis.  Dans  les  villes  et  les  villaj/es,  parmi  la 
population  agglomérée,  la  mort  exerçait  aussi  ces  ra- 
vages, mais  pour  ceux  qui  abandonnaient  leur  foyer, 
beaucoup  mouraient  au  hnsard  de  leurs  pas,  repoussés 
sans  pitié  des  villes  où  ils  espéraient  trouver  le  vivre  et 
le  couvert. 

Le  1'='^  Décembre  1O30,  à  Ste-Livrade,  on  releva  le 
cadavre  d'un  entant  de  bohémiens  que  sa  mère  avait 
abandonné.  On  trouva  «  au  devant  de  la  porte  du  clois- 
«.  tre  (des  Bénédictins)  une  petite  créature  de  Boïmes, 
«  âgée  de  six  mois  a.. 

Le  13,  un  enfant  de  10  ans,  Bertrand  Lapascalie,  fut 
rencontré  gisant  et  inauimé  devant  une  des  portes  de 
la  ville. 

En  163 1,  «  une  pobre  famé  »  fut  trouvée  morte  dans 
la  grange  de  Vistorte,  procureur  d'office  de  la  Cour  de 
Ste-Livrade.  A  la  chapelle  de  N.-D.  de  la  Rose,  c  une 
pobre  filhie  »  et  quelques  jours  après,  une  autre  «  pobre 
filhie  »  au  même  lieu,  morte  l'une  et  Tautre  de  faim. 

L'Hôtel-Dieu  de  la  même  ville  recueillit  des  enfants 
de  10  ans,  de  jeunes  mendiantes  de  12  ans,  d'autres 
Agées  de  20  ans,  qui  venaient  y  mourir  ou  qu'on  y 
apporta  mortes.  Et  tous  ces  cadavres  sont  anonymes  : 
on  ne  sait  ni  qui  ils  sont,  ni  d'où  ils  viennent  (1). 

Le  drame  de  la  faim  continue  et  s'aggrave.  Dans  les 
Registres  Paroissiaux  de  Saint-Etienne-de-P'ougères, 
juridiction   de  Sainte-Livrade,   une   enfant   de    13  ans, 

Bonne ,  de  la  juridiction  de  Saint-Pastour,  meurt  au 

village  de  Lamothe  ;  un  autre  abandonné,  Charles 
Pilles,  âgé  de  12  ans,  meurt  au  lieu  de  Robert  (1630)  (2). 

A  Fongrave,  «  parmy  les  champs  »,  non  loin  du  cou- 
vent des  femmes  nobles  de  l'Ordre  de  Fontevrault,  gît 
Etienne  Court,  le  Matoulayre,  âgé  de  51  ans. 


(1)  Seg.  Far.  Ste-Livrade  (An  1630-1631). 

12)  Res:  Par.  de  St-F.tienne-de-Fougères  (An  1630-1631). 


4i 

Un  frère  et  une  sœur,  Béraude  et  Pierre  Naugé,  l'un 
de  20  ans,  l'autre  de  15,  viennent  mourir  dans  le  bourg 
de  Saint-Etienne  (Février)  ;  un  mois  après,  le  père  y 
meurt  à  son  tour. 

En  compulsant  ces  Registres,  rédigés  par  le  curé 
Torrent,  on  reconstitue  l'histoire  lamentable  d'une 
famille  Lapeyre,  du  lieu  de  Las  Treilles,  à  peu  près 
anéantie  par  la  misère.  En  Novembre  1630,  meurt  un 
jeune  homme  de  20  ans.  En  Janvier  1631,  «  hors  et  fort 
«  près  du  bourcq  »,  Jehan  Lapeyre,  âgé  de  3  ans  ;  en 
Février,  Jeanne  Lapeyre,  âgée  de  4  ans  ;  en  Mars, 
Antoinette,  âgée  de  6  ans  ;  en  Avril,  Jean  et  Arnaud 
Lapeyre  ;  une  autre  fille,  Marguerite,  trouvée  morte 
«hors  du  bourcq  »,  c'est-à-dire  en  pleins  champs.  Le 
martyrologe  de  la  famille  se  termine  par  le  décès  de 
Géraud,  âgé  de  30  ans. 

Des  mendiants,  étrangers  à  la  juridiction,  y  vinrent 
expirer  :  à  Portai,  Jeanne  Mathieu,  âgée  de  7  ans,  de 
la  juridiction  de  la  Maurelle;  dans  le  bourg,  près  d'une 
meule  de  paille,  Jehan  Antony,de  Puymiclan  ;  à  Portai 
encore,  Marquèze  Blanchou,  de  la  paroisse  de  Pinel,  et 
à  Lamothe,  un  enfant  inconnu  de  l'âge  de  13  ans.  Une 
femme  de  Saint-Etienne,  Catherine  Peyrebrune,  fut 
trouvée  morte  à  Saint-Jean-de-Cugnac,  dans  la  juridic- 
tion de  Monclar,  et  dans  le  bourg,  périrent  Pierre 
Perbos,  «  sargent  des  Conseuls  »,  âgé  de  ôg  ans,  Jehanne 
et  Anthoinette  Perbos,  âgées  l'une  de  6  ans  et  l'autre 
de  II  (i),  et  tous  de  faim. 

On  ramassa  encore  des  cadavres  à  Coutailhou,  chez 
M^  Philip  de  Barroussel,  Conseiller  du  Roy  à  la  Cour 
Présidiale  ;  d'autres,  sur  divers  points  de  la  paroisse, 
venant  de  Castelmoron,  de  Parlât  (Monclar),  de  Mon- 
tastruc. 


(I;  AV^.  Par .  de  St-Etienne-de-Fougcres  (An  1630-1631), 


AS 

La  plupart  étaient  des  inconnus.  On  les  enterrait  dans 
le  cimetière  des  pauvres  (i). 

A  Casseneuil,  le  vicaire  G.  Gizard  mentionne  une 
série  de  morts  de  faméliques  :  «  A  Saint-Jean  hors  les 
«  murs,  uuij;  homme  de  Peyrilhac,  ne  scachant  le  nom 
«  ni  surnom  »  ;  «  eune  femme  morte  à  la  metterie  de 
«  Vistorte  dict  a  Pechieu  là  où  elle  feust  ensepvelye  ». 
Le  7  Mars,  le  vicaire  enterre  à  Saint-Jehan  «  ung  petit 
«  enfant  aagé  de  six  ou  sept  ans  qu'on  truva  mort  entre 
«  les  deux  portes  de  la  ville  ;  eune  femme  et  ung  sien 
«  fils,  lesquels  estoient  de  la  juridiction  dé  Puiolz, 
«  n'ayant  pu  sçavoir  leurs  noms  ny  surnom  et  moureu- 
«  rent  à  la  metterie  de  Grandenotz  :. 

Le  30  Mars,  on  enterre  au  cimetière  de  St-Johan 
«  ung  jeune  filhe...  qu'elle  avoit  dict  avant  de  mourir 
v<  qu'elle  estait  de  La  Maurelle  (2)  ». 

Le  29  Mai,  on"  ensevelit,  dans  un  jardin  et  non  au 
cimetière,  une  pauvre  fille  huguenote  et  en  marge  de 
Tobituaire',  on  lit  : 

«  Nota.  Le  29  j"'  du  moy  de  May  163 1  feust  ensepve- 
.<  lye  dans  le  jardin  du  s"-  Rocquies  une.. .  hlhe  d'autant 
«  qu'elle  estoit  de  la  religion  ». 

On  ne  recevait  pas  de  Huguenots  en  terre  sainte. 

Rien  de  navrant  comme  la  lecture  du  Registre  pa- 
roissial de  Pinel  et  d'Hauterive  (3).  Grâce  au   vicaire 


(1)  Ibid. 

(2)  Seigneurie  delà  Maurelle  (Aujourd'hui  canton  de  Stc  Livradc), 

(3)  Ce  Registre  fut  découvert  à  la  mairie  de  Pinel  par  M.  Capmarty, 
alors  instituteur  public  dans  cette  commune,  et  signale  aussitôt  par 
M.  George  Tholin,  archiviste  de  Lot-et-Garonne,  au  Ministère  de 
l'Instruction  publique.  Un  moment  égaré,  on  l'avait  cru  perdu.  Ce 
n'était  pas  sans  amertuye  que  M.  G.  Tholin  parlait  de  ceUc  irrépara- 
ble perte.  Le  Registre  avait  été  simplement  emprunté.  Il  a  été  tout 
naturellement  renjis  et  est  aujourd'hui  sauvé. 


44 

Filholly  (.1),  nous  possédons  le  manuscrit  le  plus  vivant 
et  le  plus  circonstancié  des  documents  ecclésiastiques 
de  cette  espèce  pour  l'histoire  de  la  famine  et  de  la 
peste. 

On  pénètre  ici  dans  un  des  cercles  de  l'Enfer  Dan- 
tesque. 

«  Le  8«  Octobre  1630  ay  enseveli  Jehan  Espinesol,  dit  le  cuisinier, 
<  aagé  de  cinquante  ans,  et  moureust  dans  l'écurie  Je  Monsieur 
«  d'Hauterive  ». 

«  ...  le  enseveli  un  petit  gfarsoun  del  parou  ?...  qui  est  mort  de 
«  fain.  Plus  ie  enseveli  deux  petis  anfans  et  une  petite  filie  des  hari- 
«  guets  de  blanchou  et  sount  mors  de  fain... 

<  Plus  ie  anseveli  un  petit  anfan  et  une  petite  filie  de  Gorgi  Vinials 
i<  qu'ils  sount  mors  de  fain... 

«  Plus  ie  anseveli  deux  petis  anfans...  fils  de  feu  Guiral  Horadou 
«  et  sount  mors  de  fain  du  village  de  Pasture... 

«  Plus  se  trouva  morte  une  povre  filie  tout  près  du  village  de  Le- 
«  mousi  et  moureust  de  fain... 

«  Armand  Landrivie  aagé  de  sinquante  ans  du  village  de  Coste  a 
€  esté  truvé  mort  dans  la  grange  du  Scignieur  d'Hauterive  (18  Nov. 
«   1630). 

c  ...  Le  même  jour  neufiesme  (Febrier)ie  enseveli  Guilien  Laconque 
c  dans  le  cemitière  de  Pinel  aagé  de  trente  et  sinq  ans  et  en  mesme 
«  tans  Ion  vint  dire  que  soun  fraire  Pierre  estoit  mort  vers  pauliac  (2) 
-<  ils  sount  tous  deux  morts  de  fain... 

<  Le  iudi  saint  vingt  et  huict  Mars  feust  trouvé  mort  Thouniou 
«  Dugols  dans  le  boix  de  Baliarget  et  mourut  de  fain  ». 

<  Le  dernier  Mars  1631  ie  anseveli  ian  Siferas  aagé  de  sincquante 
«  ans...  le  truve  mort  dans  la  grange  de  la  dame  du  présent  lieu  est 
«  mort  de  fain... 

«  Le  digiesme  Apvril  1631  ie  anseveli...  ichan  Fichart  aagé  de 
€  vingt  et  sine  ans  et  ausi  je  ansevelie  Catarine  Fichart  sa  seur  aagée 
»  de  vingt  et  trois  ans  et  sount  esté  mis  dans  une  mesme  foce  par 
t  moy... 

■-  Ce  vingt  et  trois  Apvril  1631  ie  anseveli  dans  le  cemitière  d'authe- 


(i)  Le  vicaire  Filholly  était  originaire  de  Casseneuil,  comme  en  té- 
moigne le  Registre  paroissial  de  cette  ville  de  1614  à  1638. 
(2)  Paroisse  de  Ste-Livrade,  jurid.  de  Casseneuil. 


45 

<  rive  Fr<uii,*)iâ  Bclmoun  Jict  lou  cap  blanc  qui  muureu«t  tout  prc«  de 

<  la  incson  Je  VcJrincs  au  milieu  du  chemin,  analant  i  Saintc-Livrade 
«  la  (m  Mademoiselle  d' A  uthcrive  lanvoia  chcrscr  et  luy  valia  un  lin- 
«  Bun  (i)  pour  le  plier  il  mourut  de  fain... 

Mademoiselle  d'Hauterive  eût  pitié  de  ce  malheu- 
reux. Elle  lui  ménagea  des  funérailles  décentes. 

A  toutes  les  pages  du  Registre,  l'encre  jaunie  du 
vicaire  laisse  tomber  cent  fois  comme  goutte  à  goutte, 
cette  lamentable  et  univoque  litanie  :  Mort  de  faim. 

A  ce  moment,  le  bruit  courait  que  la  récolte  avait  été 
abondante  au  Béarn.  Beaucoup  d'alTamés  en  prirent  la 
route,  le  long  des  chemins  «  Roiimions  »  de  St-Jacques 
de  Compostelle,  se  traînant  vers  le  Béarn,  comme  vers 
la  terre  promise,  et  jalonnant  la  longue  route  de  leurs 
cadavres  émaciés. 

«   Plus  est  morte  de  fain  dans   le  Biar  la  femme   del  piel  rouj,'e  de 
(f  reginat. 
»   Plus  est  mort  de  fain  darts  le  Biar  un  fils  de  Lespaniol  de    Bouto- 

<  rie  (2). 

<  Plus  Thoni  Ficliart  dit  tuste  case  et  mort  de  fain  au  pais  de  Biar, 
€   estant  du  villai^e  de  Baillarsfuet. 

Plus  loin,  le  vicaire  Filholly  complète  son  acte  mor- 
tuaire : 

«  Le  \ïT\gl  et  deux  mai  1631  ie  enseveli  dans  le  cemitière  de  Pinel 
«  Guiliamette  Laporte  famé  de  feu  Thoni  Fichart  aagée  de  sincquante 
*  ans;  ledit  Thoni  Fichart  mari  de  la  présante  defounte  et  mort  au  Biar, 
»  ausi  ungsien  fils  qui  étoit  abec  lui  qui  ce  noumoit  Pierre  âgé  le  père 
«  sincquante  et  sine  ans  et  le  fils  vingt  ans  :  moureurent  tous  de  fain...^ 

«  Plus  mort  au  Biar  an  demandant  l'aumosne  Arnaud  Poujade... 
«  plus  y  et  mort  la  Maroune,  plus  y  et  mort  la  Gravieillc  de  raschet, 
»  plus  y  et  mort  Larnaussiade  et  soun  fils...  (3) 


(1)  Un  linceul. 

(2)  Boutoric,  Village  disparu,  situe  alors  au  N.  du  bois  d'Haute- 
rive. 

(■3)  Ces  quatre  derniers  morts  sont    mentionnes  après  le  mémoire  sur 
la  peste  au  même  registre. 


46 

Encore  une  dernière  citation  ; 

t  ...  Le  quatrième  juillet  1631  ie  ansevelie  dans  le  cemitiérc  de  Pi- 
«  nel  Bertrande  Poupnorat  et  aussi  une  sienne  tilie  et  soun  mari  inou- 
«  rut  dans  le  pais  de  Biar  :  tous  soun  mort  de  fain,  estant  du  viUaj^c 
«  de  Perouty.  Ladite  Bertrand  étoit  aagée  de  trente  ans  et  soun  mari 
«  d'autan  et  sa  petite  filie  de  huit  ans... 

Terminons  ici  ce  long  voyage  dans  le  pays  de. la 
faim,  dans  cet  Agenais  que  la  maladie  et  peu  après  la 
peste  «  désertèrent  >  comme  dans  les  sombres  temps 
des  environs  de  l'an  mille. 

Tous  ces  troupeaux  errants  d'aflfamés  périssaient. 

On  les  enterrait  où  on  pouvait,  pêle-mêle,  à  St- 
Etienne  dans  le  cimetière  des  pauvres,  à  Casseneuil  au 
cimetière  St-Pierre  et  St-Pol,  au  cimetière  de  St-Joseph 
et  au  cimetière  des  pauvres,  celui  de  St-Jehan  hors 
les  murs. 

La  terre  regorgeait  de  cadavres  où  les  membres 
d'une  môme  famille,  mourant  parfois  le  mêm,e  jour, 
trouvaient  une  commune  paix  dans  une  commune  fosse. 

A  ces  cadavres  desséchés  par  la  fièvre,  on  faisait  une 
dernière  aumône,  celle  de  la  terre  qui  les  recouvrait  et 
celle  de  leurs  funérailles. 

En  marge  des  décès  du  Registre  paroissial  d'Haute- 
rive  et  de  Pinel,  on  lit  cette  brève  annotation  du 
vicaire  FilhoUy  :  Rien  !  Rien  !  Rien  !  ;  c'est-à-dire  pas 
de  casuel.  Ainsi  va  le  Registre  jusqu'au  jour  de  la 
Madeleine  où  le  vicaire  commença  son  mémoire  sur  la 
peste. 


\ 


CIlAriTK'K  IV 
La  Mortalité  de  1630-163I 


Si  on  consulte  maintenant  les  tables  de  mortalité  au 
point  de  vue  statistique,  les  chiffres  révèlent  une  morta- 
lité excessive,  dont  l'immense  majorité  était  duc  exclu- 
sivement à  la  faim. 

Nous  prendrons  les  décès  que  nous  avons  pu  établir 
d'après  les  Registres  Paroissiaux  de  Sainte-Livradc,  de 
8aint-Etienne-de-Fou}^ères  et  de  Casseneuil  : 

Paroisse  de  Sainte-Livrade  d'Agenais 
AN   1630 


Avant  la  famine 
Janvier       4  décès 
Février       S       — 

Mars  1 1       — 
Avril  7 

Mai  s       — 
Juin  5       — 

luillet  7       — 


Fendant  la  famine 
Août  20   décès 

Septembre  51  — 

Octobre  44  — 

Novembre  36  — 

Décembre  36  — 


187 


50       - 

Ainsi,  dans  les  sept  premiers  mois  de  1630  de  morta- 
lité normale,  nous  trouvons  50  décès  :  dans  les  cinq 
mois  suivants,  nous  en  trouvons  I87.  —  Différence  en 
plus  :  137  ! 

P2n  l'année  1631,  les  chiffres  deviennent  formidables 
dans  cette  même  juridiction  de  Sainte-Livrade. 


48 

La  famine,  pendant  l'hiver  de   1630-1631,  battait  son 
plein. 

AN  1631 

Pendant  la  famine  Apres  la  famine 

Janvier     93  décès  Juillet  31  décès 

Février  112       —  Août  14      — 

Mars         97       —  Septembre  14      — 

Avril        yi       —  Octobre  22      — 

Mai           81       —  Novembre  12       — 

Juin          29      —  Décembre  13       — 


493       —  98      — 

Pendant  la  famine,  il  mourut  493  personnes  en  1631, 
et  après  la  famine,  la  mortalité  tomba  à  98  (i). 

Ditïérence  en  plus,  pour  le  premier  semestre,  395  ! 

Si  on  totalise  pour  chaque  période  les  décès  enre<^is- 
trés,  on  trouve  : 

Période  famélique  (1630),  cinq  mois     187 
—  —         (1631),  six  mois        493 


6^0  décès      6S0 
Période  normale  (1630),  sept  mois         50 
—  —       (1631),  six  mois  98 


148  décès       I4y 


Total  en  1630- 163 1  82S' 

Ainsi,  dans  la  seule  paroisse  de  Ste-Livrade,  qui 
avait  alors  de  3  à  4000  habitants,  on  arrive  à  ce  chiffre 
prodigieux  de  828  décès,  répartis  sur  les  deux  années 
de  1630  et  163 1,  sans  y  comprendre  encore  les  victimes 
de  la  peste  qui  suivit,  à  partir  de  Juillet   1631,   chiffre 


(I)  La  population  actuelle  de  Saintc-Livrade  s'clévc   à  3,000  âmes 
environ. 


49 


qu'on  ne  saura  jamais,  puisque  les  morts  n'étaient 
qu'exceptionnellement  consignés  sur  les  Registres 
paroissiaux. 

On  suit  jour  par  jour  sur  ces  Rejjistres  la  marche  du 
Héau . 

Dans  la  seule  journCe  *.lu  7  Janvier  1631,  il  y  eut 
Il  décès.  En  Février  la  moyenne  quotidienne  fut  de  4. 
Le  7,  le  y  et  le  il  furent  particulièrement  meurtriers  : 
il  y  eut  respectivement  9,  7  et  7  morts  sur  chacun  de 
ces  trois  jours. 

La  mort  enleva  une  grande  quantité  d'enfants  :  On 
eut  dit  le  massacre  hérodien  de  ces  pauvres  innocents. 

Dans  la  paroisse  de  St-Etienne-de-Fougères,  juridic- 
tion de  Ste-Livrade,  qui  comptait  alors  7  à  goo  habi- 
tants, la  mortalité  est  proportionnellement  la  même. 

Les  Registres,  étant  pour  cette  période  très  incom- 
plets, nous  ne  pouvons  donner  que  des  résultats  par- 
tiels. 


Août 
Septembre  10 
Octobre  1 1 
Novembre  10 
Décembre  14 

54 


1630 
Famine 

9  décès 


1631 

Famine 

Janvier         16  décès 


Février 

Mars 

Avril 

Mai 

Juin 


30  — 

17  — 

33  — 

2S  — 

II  — 

135  — 


Le  total  des  décès  d'Août  1630  à  Juin  1631  fut  de  189. 

Ainsi  la  juridiction  de  Ste-Livrade,  composée  de  ces 
deux  paroisses,  vit  mourir  1017  personnes,  non  compri- 
ses pour  la  paroisse  de  St-Etienne  les  périodes  de  Jan- 
vier à  Août  1630,  et  de  Juillet  à  Décembre  1631,  que  je 
n'ai  pu  retrouver,  et  abstraction  toujours  faite  des  morts 
par  la  peste  qui  suivirent, 


50 

La  juridiction  fut  ravagée. 

A  Casscneuil,  la  situation  était  la  même.  Le  mor- 
tuaire de  1630  étant  incomplet,  voici  le  tableau  de 
la  mortalité,  de  Janvier  1631  au  10  juin  de  la  même 
année  (i)  : 

Janvier  27  décès 

Février  34     —  • 

Mars  44     — 

Avril  66    — 

Mai  78     — 

Juin  (10  premiers  jours)    9    — 


Total  258     — 

En  étendant  ces  proportions  à  tout  le  pays,  l'esprit 
recule  épouvanté. 

Les  morts  dans  l'Agenais  furent  en  effet  innombra- 
bles. 

Dans  le  Registre  Paroissial  de  Puymasson  (Port- 
Ste-Marie),  à  la  date  de  163 1  (2),  on  lit  : 

Multi  mortui  sîint,  sine  numéro,  causa  famis . 
Sine  numéro  !  (3) . 


(1)  Reg:  Par.  de  Casseneuil  (1614-1638).  La  population  actuelle  de 
Casseneuil  s'élève  à  1800  habitants. 

(2)  Arcli.  Di«s  904.  (Par.  suppl.  E.) 

(3)  La  natalité  s'en  ressentit.  Ainsi  dans  la  paroisse  Je  St-Orens,  ju- 
ridiction de  Dolmayrac,  la  natalité  était  ordinairement  de  30  annuel- 
lement. La  moyenne  des  années  1628,  1629,  1630,  années  de  disette, 
fut  de  19.  La  moyenne  de  1631,  1632,  1633  fut  de  12.  En  1634,  le  mou- 
vement ascensionnel  reprit.  Il  fut  de  24  naissances  pour  cette  dernière 
année.  (Reg.  Par.  dé  St-Omer  de  Dolmayrac). 


CHAIMTK'K  V 
Les  Ventes  de  Terre 


On  voulait  vivre  cependant.  Cette  misérable  vie,  que 
protèjre  l'instinct  de  conservation,  on  voulait  la  défen- 
dre contre  les  affres  de  la  faim.  A  mesure  que  l'été  de 
1630  avançait,  les  aliments,  déjà  rares  pendant  la  di- 
sette de  1629,  se  rarétiaient  de  plus  en  plus.  On  n'avait 
pas  alors  la  ressource  de  la  pomme  de  terre  qui,  depuis  • 
son  introduction  en  France  sous  Louis  XV,  a  résolu 
tant  de  problèmes. 

Il  fallait  se  procurer  de  Tarèrent  pour  acheter  des 
j^ains. 

oous  Henri  IV,  la  terre  était  morcelée  et  appartenait 
à  d'innombrables  petits  propriétaires.  1629,  i^>30  et  1631 
arrivèrent.  Il  fallut  vendre  à  tout  prix.  On  vendait 
morceau  par  morceau  ;  les  pauvres  familles  agricoles 
surtout.  Le  morcellement  disparut. 

Les  petits  ménages  de  paysans  n'avaient  rien  que 
leurs  lopins  de  terre  :  ils  vendaient,  la  mort  dans 
l'âme  ;  ils  vendaient,  avec  les  larmes  aux  yeux,  la  terre 
qui  les  avait  nourris,  la  chair  de  leur  chair,  lambeaux 
par  lambeaux,  comme  les  débiteurs  livraient  la  leur  à 
Shylock.  Ceux  qui  ne  pouvaient  vendre  ou  avaient 
épuisé  leurs  ressources  mouraient. 

La  terre  était  avilie  et  se  donnait  pour  un  morceau  de 
pain  :  la  vie  avant  tout  ! 

Les  gens  riches,  nobles  et  bourgeois,  achetaient,  et 
arrondissaient  leurs  biens,  comme  il  résulte  de  l'examen 


52 

des  innombrables  baux  de  vente  relatés  dans  les 
minutes  des  notaires  du  temps. 

De  là  vint,  pour  une  bonne  part,  la  reconstitution  de 
la  orande  propriété  si  morcelée  sous  le  règne  précé- 
dent (i). 

1630,  1631  sont  deux  grandes  dates  économiques  pour 
rhistoire  de  la  propriété  rurale  en  Agenais.  Une 
énorme  masse  de  propriétés  changèrent  de  mains. 

Devant  toutes  les  cours  ordinaires  de  l'Agenais 
étaient  introduites  des  requêtes  de  la  part  de  femmes 
mariées  autorisées  de  leurs  maris,  requêtes  de  veuves, 
requêtes  de  tuteurs  pour  leurs  pupilles,  de  mineurs, 
n-arçons  et  filles,  avec  l'assistance  des  procureurs,  solli- 
citant tous  la  permission  d'aliéner  leurs  biens  «  affin 
«  d'employer  l'argeant  à  soy  norrir  et  a  l'entretien  de 
«  leurs  familhes  » . 

Les  minutes  des  notaires  fourmillent  de  ces  requêtes 
et  de  ces  autorisations. 

Dans  les  baux,  réserve  expresse  est  faite  au  profit  du 
vendeur  de  la  cueillette  des  grains  :  blé  froment,  mes- 
ture  (bled),  seigle,  millet,  fèves,  garabaudes,  arbeil- 
les(2). 


(1)  Le  même  fait  s'était  déjà  produit  pendant  la  famine  de  1572-73- 
Par  de  nombreux  actes  passés  dans  «  la  boutique  >  de  M«  Jehan  Pa- 
pon,  notaire  royal  à  Dolmayrac,  noble  Jehan  de  Fayolles,  écuyer, 
sieur  de  Laval,  du  village  del  Chapat,  aujourd'hui  disparu,  et  où  il 
bâtit  son  château  encore  en  partie  debout,  le  sieur  de  Laval,  dis-je, 
arrondissait  son  bien  par  l'achat  aux  affamés  de  minuscules  pièces  de 
terre.  Comme  en  1631,  les  acheteurs  payaient  souvent  leurs  achats  en 
nature.  Ainsi  en  avril  1573,  il  acheta  à  Anthonie  Berbié  i  cartonat, 
23  escals,  au  lieu  dit  «  Dessus  lou  sol  »,  «  moyennant  le  prix  et  somme 
€  de  22  francs  bourdeaux,  13  sols,  4  deniers  »  que  cette  femme  reçut 
€  en  7  cartions  de  bled  froment  et  autre  bonne  monnoie,  le  tout  pour 
«  employer  à  la  nourriture  et  entretenement  de  ses  cnfans  à  cause  de 
€  l'estérrilitè  delà  présente  année»  (Minutes J.  Papon  Avril  I573)- 

(2)  Voir  plus  loin  chap.  VI. 


§3 

On  vend  des  cartonats  et  des  poignères,  mais  encore 
plus  des  picotins,  des  boysselats  et  des  escats(i).  On 
réduit  les  ventes  au  minimum.  On  les  fragmente  ;  on 
l'ait  des  réserves  contre  la  faim  et  dans  l'attente  des 
jours  meilleurs. 

Il  en  est  ainsi  dans  les  juridictions  de  Casseneuil, 
Monclar,  Villeneuve,  Ste-Livradc,  Dolmayrac,  la  Mau- 
relle,  Tombebouc,  Monpezat,  Agen  et  dans  le  reste  du 
pays. 

Rien  de  poignant,  comme  le  libellé  des  actes  de 
vente,  sous  leur  sécheresse  voulue  et  de  style. 

Le  3  Février  1631,  Anthonye  Pauty,  veuve  de  Pierre 
Courty,  avec  l'autorisation  de  la  justice,  vend  à  son 
beau-frère,  Bérengou  Pauty,  une  «  pugnère  »  de  terre 
dans  la  juridiction  de  Ste-Livrade  pour  la  somme  de 
12  livres  «  qu'elle  veult  employer  pour  soy  norrir  et  a 
«  cinq  enfants  qu'elle  a,  leur  père  mort  de  faim  (2)  » . 

Une    formule   qui   reparaît  souvent  'est  la  suivante  : 

Anthoine  Fauché  vend  à  Charles  Flouret,  au  lieu  de 
Merle,  paroisse  de  St-Etienne-de-Faugères,  un  cartonnât 
'<  fesant  ranthe  à  M^""  le  duc  de  Mayenne  (3)  et  au  sieur 
«  Prieur  de  la  ville  de  Ste-Livrade...  pour  la  somme  de 
«  ig  livres...  et  icelle  somme  a  dit  avoir  employé  ez 
«  achapt  de  grains  pour  se  norrir  et  entretenir  la  p"'<^ 
f  année  et  sa  familhe  attandeu  l'esterillité  d'icelle(4)  ». 

Le  3  Mars  1631,  la  cour  de  MîPdaillan  autorise  la 
femme  Jeanne  Lacoste,  assistée  de  son  mari  Pierre  Pes- 


(I)  Voir  plus  loin. 

(ï)  Minutes  Lafaijjc  1631  (Etude  R.  DaliJou). 

(3)  Il  s'agit  de  Henri  de  Mayenne,  tils  de  Charles,  le  général  de  la 
Ste-Ligue,  baron  de  Montpezat,  Ste-Livradc,  Dolmayrac,  duc  d'Ai- 
guillon, gouverneur  de  Guj'cnne  depuis  1618.  tue  en  1621,  au  siège 
de  Montauban. 

(4)  Minutes  Lafaige  (1631)  (Loco  citato). 


54 

teilh,  à  vendre  ses  biens.  Ladite  Lacoste  «  ..  estant  tun- 
<  bée  ez  nécessite  et  maladye  à  canse  de  l'esterillité  de 
«  la  pr"^*^  année  auroit  fait  attestation  de  sa  poureté  par 
«  devant  l'ordinaire  de  Madalhan,  le  3  Mars  1631,  et 
«  requis  luy  feust  permis  de  vandre  et  engager  sesdits 
«  biens  pour  subvenir  à  sa  norriture  (i)  ». 

La  dépréciation  des  biens  était  telle  qu'en  Février 
1631,  noble  Jehan  Charles  de  Cladech,  écuyer,  sieur  de 
Colombie  (2),  juridiction  du  Temple  de  Breuil,  achète 
de  Bernarde  Michel,  au  lieu  de  Marchols,  juridiction 
de  Monpezat,  une  portion  de  maison  avec  deux  cham- 
bres -,  un  cartonnât  de  vigne  à  Pemirat;  deux  cartonnats 
de  terre,  plus  un  cartonnât,  plus  un  picotin  à  la  Tuque^ 
près  le  Temple  ;  plus  un  loupin  de  terre  et  un  loupin 
de  jardin,  toutes  pièces  confrontant  aux  terres  de  noble 
Charles  de  Cladech,  le  tout,  pour  six  vingt  livres  (124 
livres),  qu'il  paya  en  quatre  pistoles  d'or,  pièces  de 
seize  sols  et  autre  bonne  monnaie  et  le  reste,  soit  80  li- 
vres, qu'il  promit  de  payer  en  Avril  (3). 

Le  9  Décembre  1630,  Guiothe  Boé  vend  à  Jehan  Sal- 
baing,  bachelier  en  droit,  lieutenant  Royal  en  l'ordi- 
naire de  Ste-Livrade,  un  petit  lopin  de  jardin,  en  la 
rue  de  la  Porte  Campaigne,  à  Ste-Livrade  d'Agenais, 
32  livres  12  sols  qu'elle  veut  employer  «  sçavoir  30 
«  livres  à  l'achapt  de  grains  pour  sa  norriture  et  entre- 
«  tien  à  cause  de  la  pouvretté  enlaquelle  elle  est,  veu 
«  l'esterillité  de  l'année  qui  court  et  le  surplus  au  paie- 


(i)  Minutes  Lafaige  (Ste-Livrade). 

(2)  Jean  Charles  de  Qadech  avait  été  député  parla  communauté  du 
Temple  aux  Etats  d'Agenais  de  1631  (Voir  «os  cahiers  de  17H0  par 
Adr.  Mondenard  p.  205). 

(3)  Minutes  Vistorte  (Ste-Livrade), 


S5 

<  ment  du  droict  de  lad.  attestation  et  permition  par 
x  elle  obtenue  (de  la  Cour)  (i)  ». 

Guilhalme  Marquez,  veuve  à  feu  Anthoine  Carrière, 
vend  à  François  Meilheroux  «  tant  en  son  propre  nom 
«  que  comme  mère  pitoiable  de  ses  enfants  »  deux  car- 
tonnais de  terre  pour  4,s  livres,  dont  elle  reçoit  le  prix 
en  nature,  à  savoir  -<  6  cartons  milhet  (2)  et  le  surplus 
«  en  bled  mesture,  mesure  de  ladite  ville  (de  Ste-Li- 
«  vrade)  lesquels  grains  lad.  vanderesse  a  dict  voulloir 
«  employer  iceux  grains  pour  sa  norriture  et  entretien 
«  et  des  quatre  enfans  ou  filhes  qu'elle  a,  comme  n'en 
«  ayant  aucuns,  veu  l'esterillité  de  l'année  (29  Janvier 
'<  1631)  (3)  »• 

Une  autre  misérable,  Marguerite  Fabre,  «  fesant  pour 
«  Marguerite  Mariol,  sa  lilhe  »  veut  que  le  prix  d'achat 
de  trois  pugnères  au  lieu  de  Septfonts  lui  soit  payé  à 
la  semaine.  Elle  vend  cette  pièce  à  raison  de  ig  livres 
à  Bernard  Mariol,  «  laquelle  somme  ledit  achapteur  a 
«  promis  et  sera  teneu  luy  payer  par  sepmaine  à  raison 
«  de  six  sols  par  jour  par  advance  de  payement  et  a 
«  bailhé  illec  à  lad.  Fabre  sa  mère  pour  amployer  à  la 
«  norriture  et  entretien  d'elle  et  de  sa  filhe  (4)  ». 

Le  29  Février,  Olivier  Paren  vend  à  la  Castanial, 
juridiction  de  Ste-Livrade,  un  cartonnât  semé  de  blé 
froment  pour  18  livres  :  «  Ledit  Guery  achapteur  sera 
«  teneu  de  livrer  audit  vandeur  a  proportion  de  ce  qui 
«  luy  a  esté  octroyé  par  lad.  permission  (de  la  Cour), 
«  quy  est  à  raison  de  trois  sous  par  jour,  la  norriture  et 


(i)  Minutes  Vistorte  p.  loi  (Etude  Molinié.  Stc-Livradc). 
(3)  Maïs. 

(3)  Minutes  Vistorte  p.  136  Loco  citato. 

(4)  Minutes  Lafaige  (Loco  citato)  Septfonts,  jurid.  de  Ste-Livrade. 


56 

/  entretien  diuUt  Olivier  Paren  vandeur,  veu  l'esteril- 
«  lité  de  l'année  et  dixepte  de  «crains  quy  sont,  comme 
«  est  trop  notoire  (i)  ^ . 

Entendez  maintenant  cette  terrible  lamentation  et 
cette  résignation  héroïque.  On  dirait  la  Rachel  biblique 
pleurant  ses  enfants  et  ne  voulant  pas  être  consolée  : 

Marguerite  Galop,  femme  de  Jehan  Descayrac,  dit  Cap 
Blanc,  vend  au  lieu  de  Vilot,  sur  les  limites  de  Pujols 
et  de  Tombeboucq,  au  bourgeois  Jehan  Jacobet,  un 
boysselat  de  terre  pour  la  somme  de  15  livres.  «  Icelle 
«  vanderesse  a  dit  voulloir  employer  tant  à  sa  norriture 
«  que  de  son  mary  et  enfants  qui  sont  dedans  le  lict 
«  mallades  quy  périssent  de  fain,  comme  elle  conte  fere 
«  à  cause  de  l'esterillité  de  dixepte  de  la  p"'*-  an- 
«  née  (2)  ». 

D'autres  misérables,  en  loques  et  en  haillons,  ven- 
dent non  seulement  pour  se  nourrir,  mais 'encore  pour 
s'acheter  des  vêtements  et  couvrir  leur  nudité. 

Le  juge  de  Monclar  autorise  Jean  Dalidou  à  vendre 
à  damoyselle  Jehanne  de  Missandre,  veuve  de  feu  M'" 
M«  Marc  de  Roche  «  en  son  vivant  conseiller  et  contrôl- 
ée leur  esleu  en  l'eslection  d'Agenois  »,  cinq  picotins  de 
vigne  à  Las  Turennes,  pour  la  somme  de  20  livres 
«■  qu'il  a  dit  voulloir  employer  à  sanorriture  et  a  achap- 
«  ter  des  habits  pour  s'habiller  attandeu  l'esterillité  de 
«  la  p"^e  année  et  nécessité  dudit  vandeur  (i«'  Février 
«  i63i)(3)>^. 


(1)  Minutes  Vistorte  1631,  Ibid.  (p.  160-1611. 

(2)  Minutes  Vistorte  p.  145,  Etude  Molinié  Ste-Livrade.  On  appe- 
lait t  limites  de  Pujols  et  de  Tombebouc  »  la  frontière  qui  séparait 
ces  juridictions  de  celle  de  Ste-Livrade  et  la  bordure  de  terrain  qui 
appartenait  à  la  fois  à  la  paroisse  de  cette  ville  et  à  la  juridiction  de 
Tombebouc. 

(3)  Minutes  Lafaigfe,  Ibid. 


57 

Anthoine  Fissard,  en  la  juridiction  d'Hauterive,  vend 
à  M.''  Jehan  Salbain;^,  un  cartonnât  à  La  Claux  de  la  Be- 
trix  et  deux  cartonnatsde  vij^ne  au  Pech  de  La  Tourte- 
relle pour  30  livres  «  de  laquelle  somme  ledit  Fissard  a 
€  reteneu  la  somme  de  quinze  livres  pour  les  amployer 
«  à  sa  norriture  et  à  s'achapter  david  (des  habits)  à 
«  cause  de  sa  nuditté. . .  (i  )  ■  . 

Anthoine,  Anthoinette  et  Gcraud  Mauron  vendent  à 
Huguet  Pouniarùdcun  cartonnât  au  village  de  Menjous, 
juridiction  de  Sainte-Livrade,  moyennant  la  somme  de 
24  livres.  Ils  reçoivent  6  livres  ou  un  carton  de  blé 
'f-  pour  vivre  ceste  année  à  cause  de  Testerillité  des 
«  terres  »  et  le  reste  leur  sera  payé  à  Notre-Dame 
d'Août  (4  Mai  163 1)  (2). 

Al  Camp  del  Rieu,  près  le  village  de  la  Brugne, 
Marguerite  Sipheras  vend  à  J.  Bardet  (notaire),  2  car- 
tonnais de  terre,  «  sepmée  de  garrousses  et  de  garabau- 
«  des  »  (3),  pour  le  prix  de  60  livres,  sur  lesquelles  elle 
en  devait  30  à  son  acheteur  pour  le  blé  fourni  «  pour 
«  la  nourriture  et  alimentation  d'icelle  et  de  ses  entants 
«  et  de  sa  maladye  pendant  trois  mois.  »  Elle  reçoit  20 
livres  en  quarts  d'escus  et  le  surplus,  soit  10  livres, 
Jehan  Bardet  s'engage  «  à  les  lui  payer  dans  la  quin- 
«  zaine  de  May  prochain  qu'elle  employera  à  norrir  son 
<  mary,  elle  et  sa  famille  (15  Avril)  (4). 

Autre  curieux  exemple  de  ces  ventes  pour  acquitter 
des  dettes  contractées  par  l'achat  de  grains. 


(1)  Minutes  Vistorte,  IbiJ.   p.  20   I.A  Jieirix  qu'on   appelle    aujour- 
d'hui la  Perdrix 

(2)  Minutes  Lafaige. 

(3)  Jarousse  ou  Vesce  cultivée  (Vicia  Sativa]  variété  à  graine  noire 
Garabaude;  espèce  de  vesce. 

(4)  Minutes  Vistortc. 


S8 

Marguerite  Paris  vend  à  Jehan  Jacobet,  avec  l'autori- 
sation de  l'ordinaire  de  Tombebouc,  une  maisonnette 
«  avec  un  loupin  de  jardin  »,  au  lieu  de  Vilot.  pour  4S 
livres,  «  de  laquelle  somme  ladite  vanderesse  et  sondit 
«  mary  ont  reçeu  la  somme  de  setze  livres  dix  sols  pour 
4  venthe  d'ung  sac  de  febves  qu'ils  ont  reçeu  si-devant 
«  et  employer  à  leur  norriture  et  entretenement  (par 
«acte  du  5  Janvier  1631)...  et  du  surpins  de  ladite 
«somme  susdite  led.  achapteur  en  a  payé  à  l'acquit 
«  et  descharge  de  M'=  François  Védrines ,  procu- 
«  reur  du  Roy  en  la  p"^^  ville  pour  la  somme  de  cinq 
«  livres  pour  la  vanthe  de  ung  carthon  de  milhet  qu'il 
«  leur  tist  pour  leur  norriture  et  entretien,  ainsy  que 
«  appert  par  obligé  du  7'"  febvrier  1631  par  moy  reçeu 
«  et  le  surplus  de  ladite  somme  qu'est  vingt-six  livres  a 
«  a  receu  reallement  en  carts  d'escus  et  autre  bonne 
«  monnaye  comptée,  de  laquelle  c'est  contemplée . . .  et 
«  desclaires  volloir  employer  ladite  somme  à  l'achapt 
«  de  grains  pour  soy  norrir  et  alimenter  elle  et  sa  fa- 
«  milhe,  à  cause  de  l'estérillité  de  l'année  et  dixette  de 
«  grains  comme  il  est  trop  notoyre.  . .  (30  Avril  1631).  » 

Les  actes  notariés,  constatant  ces  détresses,  se 
comptent  par  milliers.  A  les  parcourir  tous,  on  n'en 
finirait  pas. 

Heureux  encore  ceux-là  qui  pouvaient  vendre. 

La  plupart  périssaient  «  pour  ne  trouver  à  vendre  les 
«  biens,  dit  le  Bureau  de  la  Santé  (i)  », 

L'argent,  libérateur  de  la  famine,  se  cachait  ou 
n'existait  pas.  Des  gens  aisés,  voire  riches,  mouraient 
de  faim,  ne  pouvant  ni  vendre,  ni  emprunter.  Passés  à 
l'état  de  pauvres,  ils  imploraient  l'assistance  des  Com- 
munautés pour  ne  pas  succomber. 


(I)  Arch.  d'Agen.  GG.  255. 


59 

Dans  la  jurade  du  ^  Janvier  1631,  les  Consuls  d'Ai- 
guillon, M.  Michel  Bares,  premier  Consul,  Claude 
Donnadieu  et  Jean  Moynie  exposent  aux  Jurats  par 
l'organe  de  M.  Michel  Bares  : 

<  ...  Que  a  raison  de  la  grand  JiseUe  quest  dans  le  pays,  il  y  a 
«  grand  nombre  de  p.mvres  en  la  près,  ville  et  jurisdiction  qui  ne 
«  trcuvcnt  neulle  cominodittc  pour  salimenter  par  prcst  ny  autrement 
«   '/Hoiijiic  la  plus  grand  part  ayent  des  biens  fonds  et  commodiilez 

*  et  à  cause  de  ce  périssent  Journelletneut  de  fain  comme  il  est  no- 
«  thoirc  à  tout  habitants  de   la  près.  Ville  tellement  que  sil   n'cstoit 

<  pourveu  a  telles  nécessites  les  pauvres  manœubres  et  plusieurs  au- 

♦  très  personnes  de  cette  ville  et  jurisdiction  son  en  dangicr  de  périr 

<  de  fain  (l)  > 

A  Ste-Colombe,  en  Brulhois,  sénéchaussée  d'Arma- 
«jnac,  les  Consuls  Villeneuve,  André,  Loutgratte,  La 
Claverye  tiennent  devant  la  Jurade  le  langage  sui- 
vant : 

«  Il  est  nothoire  a  tous  la  grande  disette  en  laquelle  on  est  la  pre- 
nante année  par  toute  la  France,  mesmcinent  dud.  lieu  et  jurisdic- 
tion, et  que  la  plus  grande  partyc  des  graines  et  vivres  de  la  dicte 
jurisdiction,  comme  on  estoit  sur  le  poinct  de  la  récolte  et  culie 
(cueillette)  desd.  grains,  feurent  battus  de  la  gresle  et  que  aud.  lieu 
et  jurisd.  il  y  a  un  grand  nombre  de  pauvre  dixetteux  et  necessitcuv 
privés  de  toute  sorte  de  vivres  et  commodittez  pour  se  substanter, 
lesquels  dits  jurats  voycnt  mandier  devant  leurs  portes  estant  en 
grand  dangier  de  mDurir  de  fain.  Aussy  disent  lesd.  Consuls  que 
plusieurs  habitants  dud.  lieu  et  jurisd.  de  Sainte-Colombe  sont  char- 
gez de  familles,  lesquels  possèdent  et  leur  appartiennent  may- 
sons,  terres,  vignes  et  preds  et  boix,  qui  sont  dépourveus  de  toute 
sortes  de  vivres  et  commoditez  et  pour  s'alimenter  il  leur  est  im- 
possible de  treuvtr  que  personne  leur  veuille  rien  prcster  sur 
leurs  possessions  et  à  cause  de  ce  eulx  et  leurs  familles  sont  en  dan- 
ger de  se  périr  et  perdre  de  fain,  mesmes  que  leurs  dicts  bien  de- 
meurent en  friche  et  incultes...  (2). 


^i)  Arch.  Dles,  Aiguillon  S65  (Suppl.  E  )  (1631). 

(2)  Arch.  Dles  Ste-Colombe  617,  p.  201  (Suppl.  E.)  (1631). 


CHAPITRE  VI 

Valeur  des  Terres  et  des  Grains 


En  prenant  le  cartonnât  pour  unité,  il  est  facile  de 
montrer  que  les  terres  étaient  vendues  à  vil  prix  (i). 

Dans  les  Juridictions  de  Villeneuve,  St-Pastour,  Cas- 
seneuil,  Monclar,  Ste-Livrade,  Monpezat,  Dolmayrac, 
la  Maurelle,  Tombebouc,  le  Castella,  Savignac,  Cours 
etc.,  le  prix  moyen  du  cartonnât  avant  la  famine  était 
dans  les  boniies  terres  de  labour  de  50  à  100  livres  le 
cartonnât;  la  vigne  valait  pour  la  même  contenance, 
100  à  120  livres  ;  les  prés,  100  à  150  livres. 

En  1627,  on  vendait,  dans  la  juridiction  de  Ste-Li- 
vrade, le  cartonnât  de  terre  : 

A  Maux  60  livres. 

A  Jean  Lou  Négré  75       — 

A  las  Capounals  60      — 

A  la  Porte  duTéron(Ste-Liv.)  75      — 


(l)  Le  cartonnât  variait  de  9  ares  à  12  ares  et  quelques  centiares. 
La  sexterée  valait  8  cartonats  ;  la  poignere  valait  un  demi-carton- 
nat  ;  le  picotin  i  are  et  50  centiares  ;  le  boysselat  i  are  37  (mesure  de 
Ste-Livrade^  ou  9  escats  ;  l'escat  valait  17  centiares. 

Dans  la  juridiction  de  Monclar,  le  cartonnât  valait  14  ares  17.  La 
mesure  de  Dolmayrac,  Lacenne,  Madaillan,  Montpezat,  Le  Temple 
était  celle  d'Agen  (9  ares  11)  Dans  les  juridictions  de  Villeneuve, 
Casseneuil,  Ste-Livrade,  les  mesures  agraires  étaient  les  mCmcs  (12 
ares  15). 


Cl 

Noble  Bernard  Dangeros  vend  encore  àjehan  Haratet, 
notaire  royal  de  Villeneuve,  six  cartonnais  de  terre  à 
Vidalot  pour  315  livres. 

En  163 1  les  prix  s'avilissent  jusqu'à  tomber  à  des 
prix  dérisoires. 

Dans  les  exemples  qui  suivent  n'entrent  en  ligne  de 
compte  que  les  bonnes  terres  de  labour,  les  vignobles 
et  les  prairies. 

Les  meilleures  terres  de  la  juridiction  de  Ste-Livrade 
d'Agenais  se  vendent  au  cartonnât,  sous  les  murs  de  la 
ville,  tout  près  de  la  grande  métairie  des  Bénédictins, 
à  la  Porte  du  Téron,  2,s  livres  ;  al  Cayras,  (aujourd'hui 
Balézy),  24  livres  •,  à  la  Porte  Campagne,  26  ;  à  la  Fon 
des  Capelans  (le  Breil)  (i),  le  cartonnât  de  vigne  est 
donné  pour  24  livres;  à  Montignac,  François  de  Cours, 
s""  d'Espalais,  achète  une  petite  vigne,  à  raison  de  27 
livres  ;  à  Lombelles  (Nombel),  la  terre  vaut  12  livres. 

Dans  la  juridiction  de  Dolmayrac,  as  Camps  Naus,  le 
cartonnât  vaut  13  livres.  Le  même  s""  d'Espalais  vend  3 
cartonnats,  al  Claux  de  Bergonier,  36  livres. 

Aux  portes  de  Villeneuve,  à  Bias,  juridiction  de 
Tombebouc,  le  cartonnât  est  acheté  14  livres  ;  à  la  Croix 
dePauchou,même  juridiction,  tout  près  de  Ste-Livrade, 
le  même  prix,  14  livres  A  côté  de  ce  lieu,  à  Albefeilhe, 
un  cartonnât  de  vigne  est  cédé  pour  24  livres. 

Dans  la  juridiction  de  Monclar,  les  prix  s'abaissent 
encore  plus.  A  Bichet,  par  exemple,  le  cartonnât  se 
vend  y  livres. 

A  Ferminiac,  juridiction  d'Hauterive,  uncartonnat  de 
pré  vaut   16  livres  et  à  Coutaillou,  même  juridiction, 


(i)  La  fontaine  des  Chapelains  Je  N.  D.  Je  Tout  Pouvoir  de  Villa- 
inade. 


62 

dans  le  voisinage  de  la  propriété  du  Seigneur  baron  de 
Raffin  et  des  terres  de  M'^  Philippe  de  Barroussel,  con- 
seiller à  la  Cour  Présidiale,  un  cartonnât  de  pré  est 
vendu  30  livres. 

Autour  du  monastère  Cistercien  de  Pérignac,  juridic- 
tion de  Monpezat  d'Agenais,  on  vend  as  Manguets  un 
pré  28  livres,  et  à  la  Beausse,  près  de  la  métairie  des 
Religieuses  de  Fongrave,  un  autre  pré  se  vend  12 
livres,  quoique  en  bien  meilleur  fonds. 

Après  la  famine,  les  prix  se  relevèrent  et  pour  n'en 
citer  qu'un  exemple,  dans  la  juridiction  de  Sainte-Li- 
vrade,  au  lieu  dit  au  Colombie,  une  vigne  voisine  de 
celle  de  Montignac,  citée  ci-dessus,  et  voisine  des  vi- 
gnes de  la  demo)^selle  de  Saint-Ris,  veuve  du  sieur  de 
Colombie,  est  vendue  60  livres  le  cartonat,  en  novem- 
bre 1631,  c'est-à-dire  le  double. 

Déjà,  en  Juillet,  quatre  cartonnais  de  terre,  étaient 
vendus  à  Las  Capounals  240  livres,  à  raison  de  60 
livres  le  cartonnât  (i). 


Les  terres  étaient  pour  rien  et  les  vivres  hors  de  prix. 

On  vendait  pour  acheter  des  grains. 

La  lecture  de  tous  ces  baux  provoque  une  amère 
curiosité. 

Les  vendeurs,  on  l'a  vu,  se  réservaient  les  récoltes 
pendantes  pour  vivre  ;  d'autres  voulaient  que  les  paie- 
ments des  prix  de  vente  fussent  échelonnés  et  soldés  à 


(i)  Voir  pour  tout  ce  que  dessus  les  minutes  de  Vistorte  et  de  La- 
faige,  notaires  royaux  de  Ste-Livrade  (Etudes  Dalidou  et  Moliniù). 


63 

la  semaine  et  pariois  émiettés  jour  par  jour,  au  fur  et  à 
mesure  des  besoins. 

Dans  beaucoup  de  contrats,  les  acheteurs  s'engagent 
à  payer  à  la  volonté  des  vendeurs,  quand  bon  leur  sem- 
blera. 

Des  détenteurs  de  grains,  vendeurs  «  pitoyables  «, 
c'est-à-dire  humains,  vendent  au  prix  qui  sera  établi 
à  la  prochaine  récolte  de  juillet-août  1631. 

Souvent  aussi  les  paiements  se  font  en  nature.  D'au- 
tres touchent  partie  en  nature,  partie  en  argent. 


Dans  la  délibération  du  Bureau  de  la  Santé  du  XXl» 
May  1629,  on  lit  : 

«  Les  grains  prins  de  Violle,  ont  esté  taxés  en  sa  pré- 
«  présence  et  de  Jean  Cazabie,  Tun  de  ses  associés, 
sçavoir  : 

«  Le  froment  à  sept  livres  quatorze  sols  le  sac,  la 
«  mesture  à  six  livres  douze  sols  le  sac,  la  febve  à  six 
«  livres  douze  sols  aussi  le  sac  à  laquelle  raison  il  leur 
«  sera  payé  par  lesd.  sieurs  Conseulz  (i)  ». 

A  Valence-d'Agenais,  le  blé  valait  7  livres  4  sous  en 
Mars  1629. 

Le  mercredi,  28  Mars  1629,  sur  les  sommations  des 
habitants,  les  Consuls  de  Valence,  au  détriment  du 
marchand  Antoine  Passalaygue  de  la  paroisse  d'Espié- 
monts,  juridiction  de  Goudourville  en  Agenais,  s'empa- 
rent de  «  neuf  vingt-deux  sacs,  un  livrai,  quatorze 
v<  coupes  de  bled  froment,  mesture  et  febves  qui  appar- 
•  tiennent  aud.  Passalaygue  ». 


(I)  Arch.  J'Açcn.  GG    255,  p.  120  v 


64 

Ils  les  revendirent  à  la  population  «  à  raison  de  sept 
«  livres  quatre  soûls  le  sac  mesure  de  lad .  ville,  tant 
«  froment,  mesture  que  febves  ». 

Le  7  Avril,  Passalaygue  reçut  pour  prix  de  ses  grains 
1314  livres  is  sous  (1). 

j'ai  relevé  dans  \q  Livre  Joîir)ial  des  Conseils  iVAgen 
les  prix  suivants  pratiqués  sur  les  marchés  de  cette 
ville  : 

24  Février  1629,  Blé  à  Vil  livres  le  sac . 
7  Mars  1629,  Blé  à  VII  livres  2  sols  le  sac. 
5  Mai  1629.  Blé  à  VIII  livres  le  sac. 
21  Septembre  1630,  Blé  à  XII  livres  le  sac. 
27  Novembre  1630,  Blé  à  XII  livres  le  sac  (2), 

Les  oscillations  de  la  mercuriale  d'une  juridiction  à 
l'autre  étaient  considérables. 

Ainsi  dans  la  juridiction  de  Sainte-Livrade,  le  blé 
valait  6  livres  le  sac  en  1629  ;  le  seigle  4  livres  ;  les 
fèves  3  livres. 

Après  les  pluies  de  1630,  la  pipe  de  froment  valait  45 
livres,  c'est-à-dire  22  livres  10  sols  le  sac  ;  la  pipe  de 
seigle,  30  livres;  la  pipe  de  fèves,  22  livres  io  sols,  soit 
6  livres  de  plus  par  sac  de  blé,en  moyenne  qu'au  mar- 
ché d'Agen  (3). 

A  mesure  que  l'hiver  approchait,  la  hausse  des  prix 
s'accentuait  de  plus  en  plus. 

En  Février  1631,  le  blé  valait  à  Layrac  22  livres  le 
sac. 


(1)  Au^.  Grùze.  Valence  d'Agenais,  p.  53.  (Montauban  1901). 

(2)  Arch.  d'Agen.  B.  B.  51  passin.  En  mars,  la  barrique  de  vin  va- 
lait 10  livres. 

(3)  Arch.  Not.  Ste-Livradc.  Vistorte  et  Lafaige  notaires  royaux. 
Pendant  la  famine  de  1532,  le  blé  valait  20  livres  la  pipe  (Arch.  d'A- 
gen. E  E.  B.) 


65 

Le  prêtre  JeanDrappié,  dans  ses  «  Choses  notables  », 
ledit  formellement  :<'  Le  bled  valoit  à  Layrac22  II.  (i)». 

Dans  le  I\e>;islre  Parf)issial  de  Puymasson,  près  le 
Port-Sainte-Marie,  on  trouve,  à  la  date  de  1631,  les 
indications  suivantes  :  '  Le  bled  a  valeu  la  présante 
«  année  le  sac,  meseure  du  Port,  28  livres  et  8  soûls. 
«  La  febve,  milhiet  et  barbotte  et  aultres  menus  grains 
«  8  livres  le  carton  (2)  ». 

En  1631,  d'après  les  minutes  des  notaires,  les  «graines 
valaient  à  Sainte-Livrade  d'Aji^enais  :  le  blé  froment, 
24  livres  5  sous  le  sac  ;  le  carton  de  maïs  (3^  3  livres, 
ce  qui  équivalait  à  9  livres  le  sac  ;  le  carton  de  fèves, 
5  livres  10  sous,  soit  16  livres  10  sous  le  sac  (4). 

Malebaysse  a  noté  à  Agen,  pour  ainsi  dire,  mois  par 


(i)  Arch.  Dles  Suppl.  E.  Guq  155. 

(2)  Arch.  Dles  E.  Puj'masson  (XM.  La  liarbotte  n'est  pas  autre 
chose  que  les  •  Arbeilles  »  c'est-à-dire  le  Lathyrus  Ciceru  (Gesse). 
D'après  mon  confrère  le  D"^  Chanteloube  (du  Fort-Ste-.Marie).  cette 
légumineuse  est  cultivée  sous  ce  nom  aussi  bien  sur  la  Rive  droite 
de  la  Garonne  que  sur  la  rive  gauche  (Rive  droite  :  Lusignan  grand, 
Puymasson,  St-Médard,Clermont  dessous,  Bazens,  St-Julien  etc.  Rive 
gauche  ;  Ste-Colombe,  Montesquieu,  Montagnac,  Espiens,  Bruch, 
Xaintrailles,  Monlgaillard  etc.,  en  Gascogne).  Mon  confrère  me  fait 
observer  que  dans  le  Dictionnaire  Encyclopédique  des  Sciences 
Médicales  de  Dechainbre,  on  décrit  sous  le  nom  de  Barbette  la  Vicia 
Saliva.  Mais  ce  n'est  pas  li  notre  espèce.  Les  fleurs  du  LalhjTus 
Cicera  (gesse)  sont  d'un  rouge  clair. 

(3)  Chose  curieuse  !  Le  blé  d'Espagne  qu'on  cultivait  sur  une 
grande  échelle  en  Béarn,  en  Gascogne,  en  Agenais:  à  Agen,  au  Port- 
Ste-Marie,  à  Villeneuve  d'Agenais,  à  Ste-Livrade,  à  Tonneins,  à 
Duras,  etc.  était  une  culture  inconnue  dans  la  juridiction  de  Casse- 
neuil  où  elle  ne  commença  à  paraître  que  vers  1652.  Le  motif  en  <'tait 
que  cette  culture  était  épuisante  et  que  ce  grain  '  chargeoit  et  gastoit 
«  tout  ».  (Voir  P.  Hébrard.  Querelles  et  démêlés  d'un  curé  avec  ses 
paroissiens.  In  Revue  de  V Agenais.  T.  28,  p.  504). 

(4)  Ces  prix  équivalent  à  y6  francs  pour  le  sac  de  froment,  et  à  112 
francs  l'iicctolitre  ;  à  36  francs  pour  le  sac  de  maïs  et  42  fr  l'hectoli- 
tre; i  66  francs  pour  le  sac  de  fèves  et  77  fr.  l'hectolitre  environ. 


66 

mois,    les  variations  des  grains,   sur  cette   échelle  de 
progression . 

Commencement  de  l'année  de  disette  : 

«  Au  mois  d'Aoust  1630,  le  bled  valoit  10  1.  le  sac. 

K  Au  mois  de  Septembre  1630,  le  bled  valoit  13  1,  le 
«  sac. 

«  Au  mois  d'Octobre  1630,  le  bled  valoit  16  1.  le  sac. 

«  Au  mois  de  Novembre  1630,  le  bled  valoit  17  1.  le 
«  sac. 

«  Au  mois  de  Décembre  1630,  le  bled  valoit  20  1.  le 
«  sac. 

«  Au  mois  de  Janvier  1631,  le  bled  valoit  22  1.  le  sac, 

«  Au  mois  de  Febvrier  1631,  le  bled  valoit  25  1.  le 
«  sac. 

«  Les  febves  valoient  20  1.  le  sac. 

«  Les  besses,  arbelhes  et  garosses  valoient  16  1.  le 
«  sac. 

«  Le  milhet  valoit  20  1.  le  sac. 

«  Au  mois  de  Mars  163 1,  le  bled  valoit  19  1.  sac. 

«  Au  mois  d'Avril  163 1,  le  bled  valoit  17  1.  le  sac. 

«  Au  mois  de  Mai  1631,  le  bled  valoit  14  1.  le  sac, 

«  Et  voilà  la  grande  valeur  du  bled  et  autres  gre- 
«  nés  (i),  » 

Ainsi,  à  Agen,  le  prix  du  blé  atteignit  en  Février 
l'énorme  prix  de  25  livres.  Si  on  veut  se  rendre  compte 
de  l'énormité  de  ce  prix,  il  faut,  pour  estimer  le  pou- 
voir de  l'argent  à  cette  époque,  le  multiplier  par  qua- 
tre, soit  ICO  francs  le  sac,  c'est-à-dire,  un  peu  plus  de 
85  litres. 

Le  fléchissement  commença  à  se  produire  en  Mars 
1631.  Un  usurier  accapareur  se  pendit  de  désespoir. 
<'...!!  eust  un  misérable  cordier  qui  estoit  uzurier  qui 


(i)  Revue  de  l'Agenais,  T.  XX,  p.  245. 


67 

«  se  pendit  et  estran^da  lui-mesme  le  matin  du  vendredi 
«  sainct  ut  puis  par  santance  de  Messieurs  les  jeu;,'e 
'<  ordinaire  et  conseulz  il  feust  condamné  et  porté  sur 
«  un  pouteau  ors  la  ville  derrière  rHjrlisc  Saincle- 
•  Foy(i)     . 

On  ne  sait  quel  temps  le  cadavre  se  balança  au  pu- 
teau . 

«  n'este  -grande  cherté  de  vivres,  ajoute  le  chro- 
«  niqueur,  moureurent  de  fain  i^rande  quantité  de 
-<  monde  aux  villes  et  aux  champs  (2)  >  . 

Les  faméliques  qui  n'avaient  ni  blé,  ni  seij^de,  ni  jra- 
rousses,  ni  arbeilles,  ni  maïs,  ni  fèves,  se  nourrissaient 
de  {rlands,  de  racines  et  d'écorces  d'arbres,  et,  comme 
les  bêtes,  mangeaient  des  orties,  l'herbe  des  champs,  et 
puis,  épuisés  et  consumés  par  l'inanition,  dévorés  par 
la  lièvre  de  la  faim,  se  laissaient  tomber  à  terre  pour  y 
mourir. 


(1)  Journal  Agcnais  des  Malebaysse.  Kcvuc  Je  rA-;cnais,  t.  XX, 
p.  246. 

(2)  Ibidem  p.  247.  Pendant  Tannce  de  famine  1572,  Tannée  de  la 
Sl-13urlhcleiny,  le  blé  froment  dans  les  juridictions  de  Villeneuve, 
Ste-Livradc,  Dol-nayrac  etc.,  valait  il  a  12  livres  le  sac,  soit  environ 
60  livres  di-  notre  monnaie 


CHAPITRE  Vil 

Les  secours,  les  approvisionnements 
et  leur  organisation 


Pour  apporter  quelque  soulagement  à  tant  de  misè- 
res, quelles  mesures  prenait-on  contre  cette  marée 
montante  ? 

On  tâchait  d'abord  de  se  débarrasser  des  pauvres 
venus  de  partout  et  étrangers  à  la  juridiction.  Chaque 
communauté  expulsait  sans  merci  les  pauvres  étran- 
gers, trouvant  qu'il  était  bien  suffisant  de  secourir  les 
siens.  Partout  on  faisait  la  garde  aux  portes  des  villes 
dans  le  double  but  d'éloigner  les  pauvres  et  de  se 
garder  de  la  contagion^  que  les  mendiants  traînaient 
partout  avec  eux. 

Le  jour  deran(i628),  letrésorierde  l'Hôpital  d'Agen, 
le  s'' Jean  Poumayrol,  représenta  aux  Consuls  que  le 
lendemain,  jour  de  dimanche,  se  faisait  «  la  principalle 
«  distribution  du  cartier  aud.  hospital  et  qu'il  n'apoinct 
«  d'argent...  nous  priant  d'y  pourveoir,  ne  voulant 
<'  poinct  entrer  en  advance ...» 

Les  Consuls  lui  délivrent  un  mandement  sur  le  col- 
lecteur de  la  ville  de  L  livres  «  qu'il  fauldra  desduire 
«  sur  les  premiers  interests  deubs  par  la  Maison  de 
«  Ville  aud.  hospital  ». 

Le  froid  était  très-vif:  pas  d'argent  pour  faire  du  feu. 


69 

«  Le  mesnic  jour  (2S  Janvier  1628),  Messieurs  les 
«  Syndics  de  l'Hospital  (i),  c'estans  veneus  plaindre  de 
«  ce  que  la  rigueur  du  froit  incommode  grandement  les 
«  pauvres  et  nous  auroient  supplies  de  les  acister  pour 
«  fere  des  feux  publics  pendant  les  jours  de  grands 
«  froits  afin  de  secourir  lesd.  pauvres  soit  dans 
«  l'hospital  pour  leur  fere  du  feu  soir  et  matin  que  à  la 
«  plasse  (2),  leur  aurions  a  ces  tins  faict  bailher  par 
«  Bernajou  une  canne  de  boix  et  douze  fais  de  sere- 
«  mens  prins  de  M»"  J.    Monteils. . .  procureur  (3)  ». 

La  ville  d'Agen  avait  ses  rues  encombrées.  On  fit 
le  recensement  des  pauvres  de  la  juridiction  :  E!n  1630 
on  en  trouva  2435  dans  les  paroisses  de  la  banlieue  (4). 

On  ne  savait  où  les  loger  ni  comment  les  nourrir. 
Aussi  le  28  Janvier  1630,  le  Bureau  de  la  Santé  résolut 
de  les  répartir  sur  les  gens  aisés. 

«  ...  A  este  délibère  que  veu  la  grand'  quantité  de 
«  pauvres  mendiants  qui  sont  par  la  ville  et  la  misère 
«  du  temps  présent  que  le  despartement  desd. 
«  pauvres  se  faira  dans  le  premier  jour,  que  la  distribu- 
«  tion  d'iceulx  sur  le  commencement  du  mois  de  Mars 
«  prochain  par  les  depputes  des  Trois  Ordres  le  plus 
«  justement  que  fere  ce  pourra  (5)  ». 


(1)  Les  Syndics  de  l'Hôpital  étaient  M.M.  Gérauld  de  Dauréi',  pre- 
mier syndic,  Pierre  Leduc,  marchfi,  second.  M"  Arnauld  Bclangier, 
notaire  royal,  pour  tiers,  et  Guilhaunie  Fabal,  chirurgien,  pour  der- 
nier. 

(2)  La  Grand'place  était  devant  l'Eglise  Cathédrale  de  St-Eticnne 
(côté  O.),  "aujourd'hui  place  du  Grand  Marché. 

(3)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  i  à  II. 

(4)  Arch.  d'Agen.  GG.  251.  (An  1630).  St-Urbain  de  Dolmayrac,  en 
face  d'Agen,  rive  gauche  de  la  Garonne,  212  pauvres.  Dans  la  pa- 
roisse de  Serres,  74  ;  dans  celle  de  Renaud,  115  :  à  St-Sulpicc,  182  ;  S 
Foulayronmes,  315,  etc. 

(5)  Arch.  d'Agen.  GG.  255,  p.  154  v. 


70 

Aux  portes  d'Aj^en,  à  Laplume,  les  Consuls  font  une 
enquête.  Dans  cette  petite  paroisse,  les  Records  de 
cette  communauté  mentionnent  un  total  de  jj6o  pau- 
vres. 

Les  Cours  de  Parlement  de  Bordeaux  et  de  Toulouse 
rendaient  des  arrêts  obligeant  les  communautés  à  nour- 
rir leurs  pauvres. 

En  Champagne,  on  était  moins  humain.  Pour  se 
débarrasser  des  vagabonds,  la  plupart  pestiférés,  on 
trouvait  plus  simple  de  les  arquebuser. 

L'Agenais,  comme  la  Champagne,  était  une  Cour 
des  Miracles. 

Partout  les  communautés  préparaient  des  règle- 
ments, dressaient  les  «  rôles  »  de  leurs  pauvres,  em- 
pruntaient, quand  elles  n'avaient  pas  d'argent,  faisaient 
des  distributions  en  argent  ou  en  nature,  chargeaient 
leurs  Consuls  et  leurs  Jurats  de  pourvoir  eux-mêmes 
aux  plus  pressantes  misères. 

L'argent  !  Il  était  si  difficile  d'en  avoir. 

On  ne  pouvait  lever  les  tailles  ;  les  collecteurs  avaient 
beau  tourmenter  les  contribuables,  les  réduire  au  déses- 
poir :  «  Là  où  il  n'y  a  rien,  le  Roi  perd  ses  droits  !  » 

Les  tenanciers  ou  les  fermiers  des  communautés  ne 
payaient  plus.  La  misère  était  partout,  la  misère  noire. 

Le  8  Janvier  1631,  la  Jurade  d'Aiguillon,  ville  assise 
sur  les  plantureuses  cartelades  de  la  Garonne  et  sur  la 
plaine  de  Peladan,  au  confluent  de  deux  rivières, 
"  pour  esvitter  par  cy-appres  la  ruine  et  le  destriment 
«  du  pauvre  peuble  »  arrête  que  la  communauté  ou 
habitants  de  la  ville  «  à  telles  grandes  et  extresmes 
«  necessittes  bailheront  la  somme  de  deux  mil  livres  et 
«  Messieurs  les  Eccléziastiques  le  tiers  de  lad.  somme, 
«:  faisant  la  somme  de  trois  mil  livres  ;  et  parce  que 
«<  lad.  somme  de  trois  mil  livres  n'est  suffisante  pour 


n 

(  l'entretenement  des  pauvres  jusques  a  Teste  prochain, 
«  est  aussy  arreste  que  les  tenantiers  de  la  pr.  jurisdic- 
«  tion  et  habitants  hors  d'icelle  seront  cothizes  au  pro- 
«  rata  des  biens  qu'ils  jouissent  en  icclle,  laquelle  coti- 
«  zation  estant  faicte  par  lesd.  O"'*  et  Jurats  que  sera 
«  advise.  En  cas  que  lesd.  tenantiers  ne  vouldront 
«  (payer)  icclle,  lesd.  s^*  Consuls  demanderont  l'entre- 
«  tenement  devant  les  sieurs  juges  à  quy  la  cogn'^«^  en 
«appartient.  Et  cependant  à  la  dilligence  desd.  Con- 
«  suis,  les  pauvres  de  la  pr.  ville  et  jurisd.  seront  cn- 
«  roUes  le  plus  diligemment  que  fere  ce  pourra.. .  (i)  >,. 

Le  12  Février,  nouvelle  délibération.  Les  Consuls, 
ne  pouvant  se  servir  des  revenus  de  la  ville  «  à  cause 
«  de  la  dixette  et  nécessitte  des  fermiers  »  requièrent  le 
lieutenant  général  de  la  sénéchaussée  d'Aiguillon,  M'' 
Tourtonde,  le  lieutenant  particulier  au  siège  ducal  de 
lad.  ville,  M«  Bertrand  de  Metau  et  enfin  les  Jurats  de 
délibérer  sur  les  moyens  à  prendre  «  a  fin  que  les  pau- 
«  vres  ne  périssent  de  faim  ». 

On  décida  d'en  faire  le  dénombrement  immédiat,  de 
répartir  les  pauvres  «  a  chascung  des  habitants  bien 
«'  ayses  »  pour  le  logement  et  la  nourriture. 

Lajurade  invita  les  Consuls  à  «  lever  et  constrain- 
«  dre  les  sieurs  ecleziastiques  bailher  et  paier  les  som- 
«  mes  quils  se  trouveront  estre  chargés  paier  pour  l'en- 
c<  tretien  desd.  pauvres  aux  termes  des  arrests  sur  ce 
«  donnés  en  la  Souveraine  Cour  de  Parlement  de 
«  Bourdeaux  ». 

Pour  donner  suite  à  la  délibération  du  17  Février,  le 
23,  la  Jurade  décida  que  les  Consuls  distribueraient  les 


(l)  Aiguillon.  Arch.  Di  =  Suppl.  E.  865. 


12 

pauvres  entre  les  habitants,  le  lendemain,  à  huit  heures 
avec  l'assistance  des  sieurs  Arnaud  Donnadieu,  M' 
François  Pappon,  M"-'  Ysaac  Mirabeau,  Jean  Pradel  et 
Messieurs  les  officiers  (de  justice).  «  Les  cothizés  y  se- 
«  ront  constraincts  par  toutes  voies  de  justice  dhues  et 
«  raisonnables  ».  Les  habitants  qui  ne  voudront  nourrir 
les  pauvres  en  seront  «  descharges  en  leur  bailhant  a 
«  chascung  un  soûl  ». 

Le  24,  nouvelle  assemblée  de  la  Jurade.  «  Veu  le 
«  rolle  et  grand  nombre  des  dits  pauvres  c'est  trouve  et 
<<  juge  quil  estoit  impossible  de  les  pouvoir  loger  aux 
«  maisons  bien  ayses  a  cause  du  petit  nombre  aiiil  en 
«  y  a  qui  aient  moien  d'entretenir  leur  familhe  »,  les 
Consuls  n'ayant  «  aucung  moien  paur  y  subvenir,  es- 
«  tant  les  fermiers  des  biens  commungs  pauvres  et  né- 
«  cessiteux  »,  décident  un  emprunt  de  deux  mille  livres 
en  vertu  de  l'arrestat  du  20  Janvier  dernier  et  à  cause 
de  l'impossibilité  qu'ont  les  Consuls  d'emprunter  «  en 
«  ladicte  quallité  »,  lajurade  atrête  que  les  Consuls  et 
Jurais  s'obligeront  en  leurs  propres  biens.  Ladicte  com- 
munauté a  promis  de  s'obliger  envers  eux  et  de  les  rele- 
ver indemnes  envers  les  créanciers.  Le  lieutenant  géné- 
ral, le  lieutenant  particulier,  les  Consuls  et  Jurats 
s'engagèrent  à  fournir  les  fonds.  «  Lesdicts  Consuls 
«  bailheront  requeste  aux  fins  qu'il  plaise  à  la  Cour  leur 
«  permettre  de  l'impozer  sur  les  tailhables  de  la  dite 
«  ville  bien  ayzes  et  autres  plus  grandes  sommes  que 
«  besoing  sera. . .  (i)  ». 

A  Sainte-Colombe  de  Laplume,  en  Brulhois,  séné- 
chaussée d'Armagnac,  sur  la  rive  gauche  de  la  Garonne, 
au  droit  d'Agen,  lajurade  décide  d'emprunter  «  pour 


(I)  Arch.  D'"  Aiguillon  865.  Suppl.  E. 

Aces  diverses  Jurades  assistaient  :  M""  M«  Bernard  de  Tourtondt-, 
lieutt  pal  en  la  sénéchaussée  d'Aiguillon  ;  M'  M-  Bertrand  de  Metau, 


73 

«  la  norriture  des  pauvres  600  11  en  argent  et  100  sacs 
«  de  bled  fromant  >). 

C'était  le  i*""  Février  1631.  Le  Seigneur  de  Ste-Co- 
lombe,  mcssirc  Michel  du  Bouzet,  assistait  h  la  déli- 
bération (ij. 


«  Par  arrcst  donné  en  la  Souveraine  Cour  de  Parlement  de  Tholozc 

«  le  vingt  quatricsmc  décembre  mil  six  cens  trante  entre  autres  cho- 

«  ses  a  esté  ordonne  ijue  tous  Consuls  et  administrateurs  des  villes  et 

«  lieux  du  ressort  de  la  cour  pourvoyeront  a  la  norriture  et  au  loffc- 

«  ment  de  leurs  pauvres   et  que   a  ces  fins  les  hcncfticiers  et  autres 

«  fruicts-prenantz  seront  tcneuz  de  contribuer  la  sixiesme  partye  de 

«  leurs  fruictz  et  f>oiir  les  benefficiers  non  résidants  le  iolal  (21.  Et 


lieutt  part.  ;  les  Consuls  Michel  Bares.  Claude  Donnadieu  et  Jean 
Moynie  ;  les  Jurais  si^  Arnaud  de  Gasquet,  M"  François  Pappon,  N.R.; 
M»  Bertrand  Barrière,  Not.  Ducal  ;  s""  Jean  Begoulle,  Jean  de  Baston, 
Pierre  de  Brienne,  autre  Pierre  de  Brienne,  fils  de  feu  Hierosme, 
Anthoinc  Dupouy,  Anthoine  Pandelle,  Jean  Sarrat,  Jean  Sourdeau, 
M»  Jean  Merle,  Arnaud  de  Metau,  Bertrand  de  Lacaze,  adat  en  la 
Cour,  Simon  Delsuc,  H.  Treilhes,  Mallet,  M«  Jean  Combabessouze, 
Jean  Laportc,  apothicaire,  Estienne  Lafitte,  Pierre  Ruere,  M"  Gilles, 
Roquier,  Pradal. 

(1)  Messire  Michel  du  Bouzet,  seif,'neurdu  chAteau-noble  de  Marin, 
près  de  la  Montjoie,  seij^neur  de  la  Montjoye  en  Condomois,  dudit  Stc- 
Colombe  et  autres  places.  Le  sieur  de  Marin  était  fils  de  Jean  du 
Bouzet  et  fut  plus  tard  pendant  la  Fronde  maréchal  de  camp  des 
armées  du  Roi  et  enfin  lieutenant  général  en  la  province  de  Guyenne. 

(2)  La  taxation  des  bénéficiers  eut  des  suites.  Les  Consuls  de  l'an 
1631  furent,  après  la  famine,  assignés  par  le  Rcvérendissime  évéque 
de  Condom  devant  la  Souveraine  Cour  de  Parlement  de  Toulouse 
pour  Être  condamnés  à  la  restitution  des  grains  dîmes  qu'ils  avaient 
fait  saisir  pour  les  pauvres  en  vertu  de  l'arrêt  général  donné  en  la 
Gourde  Parlement.  Lajurade  résolut  de  soutenirle  procès  :  On  nom- 
ma syndic  de  la  communauté  M«  Daniel  Limozin  «  auquel  iceux  Con- 
t  suis  et  Jurats  ont  doné  plain  pouvoir,  puissance  et  authorite  de 
'  poursuivre  !ed.  procès,  fere  et  négotier  touttes  les  aflf"*  qui  conser- 
<  neront  les  pauvres  s.  (Arch.  D'«'  Ste-Colombe  617^ 


74 

«  au  caz  ;  qu'ils)  ne  suffiraient,  est  enjoir.ct  aulx  Consuls  et  adminis- 
c  trateurs  faire  les  advances  de  ce  quy  sera  nécessaire,  leur  permet- 
€  tant  a  cest  etïaict  d'emprunter  telles  sommes  de  deniers  que  besoinp: 
«  sera  et  pour  leur  remboursement  d'impozer  et  repartir  sur  tous  les 
c  manants,  habitants  biens-tenants,  et  contribuables  aux  tailhes  desd. 
€  biens,  les  sommes  qui  auront  este  advancees  au  sol  la  livre  et  cons- 
€  traindre  les  fruicts-prenantz  et  leurs  fermiers  et  aulties  cotizes  tan- 
€  de  lad.  sixiesme  partye  que  autres  deniers  desd.  cotisations  comme 
€  pour  les  propres  deniers  du  Roy,  pour  lesd.  deniers  estre  repartis 
«  auxd.  pauvres,  corne  plus  a  plain  est  speciffie  aux  arrests...  (i)  ». 

On  arrêta  en  outre  d'emprunter  «  600  11  à  l'intherest 
«  pour  une  année  »,  de  distribuer  cette  somme  «  aux 
«  vrays  pauvres. . .  et  à  ceux  quy  seront  habitants  et 
«  résidants  annuellement  dans  le  tailhable  dud.  Ste- 
«  Colombe  ».  C'était  le  domicile  de  secours. 

On  résolut  aussi  de  cotiser  les  habitants  et  de  faire 
la  levée  à  l'été  prochain  pour  le  remboursement  des 
avances. 


c  Et  quand  aux  habitants  qui  se  treuvent  depourveus  de  toutes 
»  sorte  de  vivres  et  comodittes  et  qui  jouissent  et  possèdent  des  biens 
«  fonds  sur  lesquels  ne  peuvent  rien  trouver  a  emprunter  pour 
t  s'entretenir  a  este  délibère  et  arreste  que  lesd.  Consuls  fairoient 
t  emprunt  de  la  quantité  de  cent  sacs  de  bled  fromant  aux  despans 
«  de  lad.  communaulté  lequel  bled  sera  distribue  par  lesd.  Consuls 
«  de  l'advis  desd.  Juratz  ou  partie  d'iceulx  qui  a  cest  efïaict  seront 
t  esleus  en  la  près,  communaulté,  led.  emprunt  (2)  estant  faict  auxdits 
€  habitants  qui  sont  come  est  allègue  depourveus  de  vivres  et  com- 
«  modités  et  comptant  seullement  que  lesd.  Consuls  et  Jurats  qui 
«  seront  comis  et  esleus  pour  fere  lad.  distribution  jugeront  leurs 
«  pocessions  estre  solvables  et  suffisantes  pour  payer  la  quantitté  du 
«  bled  qu'ils  requieront  destre  prester  ;  et  faisant  lad.  distribution  et 
'<  prest  lesd.  Consuls  retireront  de  ceulx  a  qui  ils  presteront  obligation 
€  de  ce  que  leur  sera  preste  a  mesme  commune  condition  et  a  mesmc 
«  rigueur  que  il  conviendra  auxd.  Consuls  de  «obliger  en  faveur  de 


(1)  Arch.  D'-'  Suppl.  E.  Ste-Colombe6i7. 

(2)  Erreur  du  greffier,  qui  a  écrit  le  mot  emprunt  pour  le  mot  prêt. 


75 

ccllui  qui  leur  prcstcra  Icsd.  cent  «aCH  de  bIcJ  et  rendront  à  la  pro- 
chaine rccoltc,  que  lesd.  Consuls  procureront  et  réserveront  le 
payement  des  prcsts  qui  aura  este  par  eux  faits  auxd.  habitants,  et 
ce  faisant  seront  tcncus  payer  et  acquitter  lesd.  cent  sacs  de  bled  et 
rapporter  l'obligation  qui  en  aura  este  faicte  cancelle,  et  a  l'efTaict 
du  payement  tant  de  lad.  some  de  six  cens  livres  que  dcsd.  cens 
sacs  bled,  lesd.  jurais  donneront  pouvoir  auxd.  Consuls  d'oblit;cr 
les  biens  de  lad.  communauté  et  leur  biens  propres  corne  desja  ils 
les  oblig;cnt  et  iceulx  les  soubmettcnt  à  toutes  rigueurs  de  justice 
et  ce  faisant  renoncent  aux  exceptions  de  droit  à  ce  contraire  et  at- 
tendcu  l'absancc  de  plusieurs  jurais  de  lad.  près,  commtr  a  esté  ar- 
restc  que  la  presantc  délibération  et  arrcstat  sera  communiquée  auxd  . 
juratz  absants  et  au  cas  (où)  ils  l'agrcront  et  iceux  qui  scaunmt  si- 
gner la  signeront,  la  presante  déliblioii  sortira  a  etfaict  ;  et  ne  l'a- 
gréant point  iceux  jurats  absants  et  qu'ils  refusent  la  signer,  qu'il 
sera  pour  non  advencu;  et  ainsi  que  dessus  ayant  esté  délibéré  le 
dict  Seigneur,  Consuls  et  jurats  saichant  signer  et  sont  soubsignes 
ensemble  led.  procureur  et  moy  (il 

Dans  toutes  les  communautés  d'Ai^enais,  on  prenait 
des  «  arrestats  »  analogues. 

Les  diverses  Jurades  du  marquisat  de  Duras,  per- 
mettront de  jurer  des  tiraillements  qui  se  produisaient 
dans  les  juridictions  mi-parties  de  protestants  et  de  ca- 
tholiques. On  y  verra  que  les  convocations  faites  aux 
prêtres,  recteurs  et  curés  de  la  juridiction  de  Duras,  en 
dépit  des  arrêts  du  Parlement  de  Guyenne,  restaient 
souvent  sans  réponse,  les  catholiques  accusant  les 
huguenots  de  partialité  dans  la  distribution  des  secours, 
ce  qui  amena  Monseigneur  le  marquis  de  Duras  (2)  à 
intervenir. 


(1)  Les  signataires  sont  :  Le  Seigneur  de  Marin;  Villeneuve,  Consul; 
André,  Consul;  Lougratte,  Consul;  La  Claverie,  Consul  ;  Labarthc, 
Laclaverie,  Bonhomme,  Laclaverie,  Vacque,  Chanteloube,  Lacoste, 
Lalaurie,  Rebel,  Jean  Caillau  proc.  jurisdictionnel,  J.  Vacque,  Pan- 
delle  jurât,  Capdeville  jurât  et  secret,  desd.  Consuls.  (Arch  DIcs,  Ste- 
Colombe,  617  p.  201). 

(2)  Guy  Aldonce  de  Durfort,  comte  de  Rozan  (1605-1665),  maréchal 
de   camp  en  1637,  père  de  Jacques  Henri  de  Durfort,  duc  de  Duras, 


•fi 

La  première  délibération  est  consignée  à  la  date  du 
II  Février  163 1. 

Les  Consuls  se  plaignent  qu'en  un  temps  ou  les  pau- 
vres «  périssent  de  faim  »,  le  prieur  de  Duras,  Dom 
Pierre  Pej'rot,  et  les  curés  de  la  juridiction,  comme  les 
Consuls  et  la  jurade  des  champs,  refusent,  malgré  les 
avertissements  par  mandes  ou  les  sommations  par  ser- 
gent royal,  de  se  réunir  à  la  jurade  de  la  ville  de  Duras, 
en  dépit  de  l'arrêt  de  Nosseigneurs  de  Parlement  en 
date  du  17  Septembre  1630  et  qu'on  ne  peut  établir  les 
rôles  des  pauvres. 

Le  17  Février,  nouvelle  jurade  et  nouvelles  injonc- 
tions aux  absents.  La  Jurade  nomma  des  commissaires 
pour  la  confection  des  rôles. 

Le  lendemain,  on  délibère  de  nouveau.  Absence  per- 
sistante de  presque  tous  les  ecclésiastiques.  On  décide 
néanmoins  un  emprunt  et  on  charge  en  attendant  le 
Consistoire  de  distribuer  les  premiers  secours.  Le  même 
jour,  on  organise  des  quêtes  à  domicile  «  pour  dispo- 
«  ser  (les  habitants)  a  adjouster  à  ce  qu'ils  ont  cy  de- 
«  vant  promis  par  sepmaine  parce  que  leur  charitte  se 
«  trouve  trop  petite  pour  le  grand  nombre  de  pauvres 
«  qu'il  y  a  ». 

A  la  Jurade  du  21  Mars  parurent  seulement  trois 
ecclésiastiques,  M'^  Arnaud  Merle,  curé  de  Savignac  : 
M*  Gilles  Gorsse,  curé  de  Baleyssagues  et  frère  Gui- 
Ihem  Chabrié,  recteur  de  St-Front.  On  arrête  que  les 
cinq  sixièmes  des  pauvres  seront  entretenus  par  les 
habitants  de  la  juridiction  et  le  sixième  restant  par  les 
ecclésiastiques. 

Pour  mettre  un  terme  aux  dissenssions  confession- 
nelles de  la  juridiction  de  Duras,  le  Parlement  de  Bor- 


maréchal  de  France.  C'est  en  sa  faveur  que  la  marquisat  fut  érigé  en 
Duché  par  Louis  XIV  en  1689. 


77 

deaux  donna  un  arrêt,  le  24  Avril  1631,  contre  les  Con- 
suls et  les  manants  de  la  communauté. 

Le  28,  la  Jurade  protesta  contre  les  dénonciations 
faites  au  Seigneur  Procureur  Général  «  que  les  Jurats 
«  de  la  présente  ville  faisoient  refus  de  distribuer  les 
«  aulmones  aux  pauvres  de  la  religion  catholique  ».  La 
Jurade  nomma  deux  syndics,  les  sieurs  Merlaut  et 
Laulan,  pour  défendre  en  la  Chambre  de  l'Edit. 

Le  30  Mai  1631,  la  Jurade  se  réunit  pour  répondre  à 
une  lettre  du  Marquis  qui  lui  adressait  les  mêmes  im- 
putations. 

En  même  temps  dans  la  même  Jurade,  on  décida  de 
vendre  «  les  deux  pippes  de  milhet  qu'il  a  pieu  a  Mon- 
«  seigneur  le  marquis  du  présent  lieu  (donner)  pour 
■  ausmosner  auxd.  pauvres...  » 

L'argent  en  sera  distribué,  dit  la  délibération,  à  rai- 
son d'un  sol  par  jour  et  par  pauvre  (i).| 


Le  corps  de  ville  d'Agen,  ville  qui,  comme  Bordeaux, 
avait  ses  filleules  et  qui  avait  la  tutelle  des  autres  cités 
de  l'Agenais,  était  aux  prises  avec  des  difficultés  encore 
plus  grandes. 

La  détresse  était  terrible  :  les  emprunts  perpétuels 
épuisaient  la  Communauté.  Les  Consuls,  syndics  du paj's 
d'Agenais,  avaient  encore  sur  les  bras  les  emprunts 
contractés  au  lieu  et  place  du  pays. 

La  Jurade  s'efforçait  de  résoudre  ces  affligeants  pro- 
blèmes du  paupérisme  et  de  la  famine. 


(l)  Arch.  D'^s  suppl.    E.  Duras,   1356.   Voir  plus  loin  aux   pièces 
justificatives. 


78 

Le  7  Janvier  1631,  M.  de  Lescazes  jeune,  pro^iosa  à 
la  Jurade  divers  moyens  pour  parer  aux  éventualités  : 

«  Qu'il  doibtestre  procédé  en  dilligence  en  la  trie  des 
«  pauvres  de  la  ville  et  jurisdiction  et  autres  lieux  cir- 
«  convoisins  où  il  n'y  a  villes  closes  et  ce  faict  estre 
«  tout  aussitost  procédé  au  département  d'iceulx  par 
«  distribution  et  renvoyer  ceux  qui  sont  des  lieux  ou  il 
«  y  a  villes  closes  ». 

La  Jurade  prit  une  décision  conforme  à  ces  vues 
«  dixtraict  les  métayers  et  leurs  familles  (i)  ». 

Pour  procurer  par  le  travail  quelques  ressources 
aux  marins  du  port,  la  Jurade  décida  que  la  poste  d'eau 
«  de  (Théobaldi)  ne  pourra  estre  restablie  jusques  à  la 
«  St  Jehan  afïin  que  force  pauvres  mariniers  et  leurs 
«  enfants  ne  soient  réduitz  aux  ausmones  ». 

Cette  mesure  avait  pour  but  de  permettre  aux  mari- 
niers le  transport  des  voyageurs  le  long  de  la  rivière 
jusqu'à  Bordeaux  (2). 

A  cause  de  la  grande  misère  des  pauvres  «  qui  sont 
«  au  voisinage  des  portes  fermées  »,  on  priera  Mes- 
sieurs du  Bureau  d'en  permettre  l'ouverture  (3).  Les 
faméliques  erraient  en  effet,  comme  des  âmes  en  peine, 
sous  les  murs  de  la  ville. 

On  examina  aussi  s'il  ne  convenait  pas  de  prendre  les 
deux  mille  livres  «  dhues  aux  hoirs  de  Monsieur  d'Agen 
«  à  rente  constituée  pourvu  que  la  ville  s'en  puisse 
'■<  valablement  descharger  lorsqu'on  voudra  payer  (4)  ». 


(1)  Arch.  d'Agen  BB.  52  p.  7  et  y 

(2)  Arch.  d'Agen  BB.  p.  52  (21  janvier  1631  p.  17),  Vers  ceUe  épo- 
que, Jean  Faures,  marinier,  avait  été  condamné  à  7  livres  d'amende 
et  3  de  dommages-intérêts  pour  avoir  conduit  des  messagers  à  Bor- 
deaux, contrairement  au  privilège  de  Théobaldi  (  FF.  48). 

(3)  Ibid. 

(4)  On  lit  dans  les  registres  paroissiaux  de  l'Eglise  Cathédrale  St- 
Etienne  d'Agen  :   i   Le  25  déssembre  de  l'année  1630,  est  décédé  sur 


79 

Dans  cette  même  Jurade  du  21  Janvier,  on  exposa 
qu'il  y  avait  à  l'hôpital  soixante-neuf  malades,  «  qu'il 
«  en  surviendra  tous  les  jours,  que  le  reveneu  d'un<;  an 
«  suffira  pas  pour  deux  mois  ». 

On  se  demanda  «  s'il  faudra  vandre  les  rentes  cl  londs 
«  de  l'Hospilal  ou  y  employer  le  legs  de  Monsieur 
«  d'Agen  »,  legs  qui  se  montait  à  1500  livres  (i), 

«  Et  pour  ayder  aux  frais  ordinaires  de  l'Hospital,  il 
«  sera  bon  de  bailhcr  charge  a  ung  particulier  habitant 
«  de  fournir  les  tentes  ou  paremens  de  deuilh  moyen- 
«  nant  certain  profhct  qui  en  reviendra  a  l'Hospital 
«  pour  ce  qu'il  se  présente  homme  qui  en  olTre  deux 
«  cens  livres  par  an  / . 

On  remit  toute  décision  à  une  assemblée  ultérieure. 

D'autres  préoccupations  hantaient  encore  les  mem- 
bres de  la  Jurade.  Qu'allaient  devenir  la  cueillette  des 
blés  et  la  culture  de  la  vigne,  si  les  pauvres  manœu- 
vres périssaient  faute  de  secours  ? 

L'urgence  de  subvenir  à  leurs  besoins  s'imposait.  11 
fallait  viser  «  principallement  à  conserver  les  manou- 
«  bres  (qui  se  meurent  de  fain,  dit-on  un  peu  plus  loin), 
«  aultrement  les  vignes  demureront  inutiles  et  ne  se 
«  treuvera  personne  pour  lever  les  bleds  a  leste  (2)  » . 

Quelques  jours  après  (i*""  Fév.),  M.  de  Kaignac  de- 
mandait qu'on  assistât  «  surtout  les  manœubres  pour 
«  les  empescher  de  mourir  (3)  », 


«  les  dix  heures  du  soir,  Claude  Gelas,  Evesque  d'Agen,  et  feust  cn- 
«  seveli  le  dernier  du  mesme  mois  dans  le  chœur  de  l'Eglise  SU 
«  Estienne,  au  costé  droit  du  grand  Autel  »  (Arch.  d'Agen  BB.  2). 
Claude  de  Gelas  était  Evèque  d'Agen  depuis  1608.  Il  y  fit  son  en- 
trée solennelle  le  2  Oct.  i(xy)  (A A.  39-41-42  FF.  45).  Un  autre  document 
des  Archives  d'Agen  dit  que  l'Evèque  mourut  d'apople.xic,  11  avait 
pour  grand  archidiacre  et  vicaire  général,  Balthazar  de  Gelas,  son  frère. 

(1)  Arch.  d'Agen  BB.  52  p.  18  v. 

(2)  Arch.  d'Agen  BB.  52  p.   18  v.  (jurade  du  21  janvier). 

(3)  Ibid.  p.  24 


80 

La  Jurade  décida  la  convocation  des  Trois  Ordres 
pour  le  lendemain  22 Janvier. 

Le  jour  du  22  janvier  1631,  TAssemblée  (i)  prit  les 
résolutions  suivantes  : 

On  empruntera  1500  ou  2000  livres  pour  achat  de  blés 
«  affin  de  fournir  les  marchés  de  la  prés,  ville  »,  On 
traitera  avec  un  marchand  solvable  qui  fournira  chaque 
marché  de  cinquante  sacs  de  blé  qui  seront  vendus  «  à 
«  prix  certain  »,  atin  d'éviter  la  hausse  des  prix;  Le  blé 
sera  vendu  à  deniers  comptants.  L'argent  «  sera  rem- 
«  ployé  toujours  a  achapt  de  bled  jusques  à  la  St-jehan 
«  Baptiste,  auquel  tems  la  somme  sera  rendue  à  ceux 
«  qui  auront  faict  le  prest  avec  les  intérests  » . 

On  vendra  le  blé  au  prix  des  fourteaux  des  lieux  où 
il  sera  acheté,  néanmoins  «  la  liberté  demeurant  au 
«  peuple  d'achepter  à  qui  bon  lui  semblera  » . 

On  fera  le  rôle  des  pauvres,  à  l'exclusion  des  pauvres 
étrangers . 

La  sixième  partie  des  pauvres  sera  donnée  en  charge 
au  clergé  et  le  reste  aux  habitants. 


Il)  Les  Consuls  pour  1631  étaient:  Géraud  Grimard,  premier  Con- 
sul; Guillaume  Ratier,  Jehan  de  Laborde,  tous  les  trois  avocats  ;  No- 
ble... de  Béchon,  sieur  de  Caussade,  écuyer;  Etienne  de  Corne,  C"" 
du  Roy  et  receveur  des  tailles;  Jehan  Roussel,  docteur  en  médecine, 
Le  clergé  était  représenté  par  MM.  Soldadyé,  vicairegénéral.Cavasse, 
Cunolio,  Buisson,  chanoines  de  St-Etienne;  Albaret,  Bourges,  Cha- 
rier,  Causse,  et  Lostalneau,  chanoines  de  St-Caprais.  Messieurs  de  la 
Justice  étaient  représentés  par  M.  de  Boissonnade,  juge  mage 
et  président  de  l'assemblée  ;  Delpcch,  juge  criminel,  de  Redon,  lieute- 
nant principal,  de  Barbier,  lieutenant  particulier,  de  Godail,  assesseur 
criminel,  de  Tournadc,  Plesier,  Nargassicr,  Brcssoles,  de  Vigne,  Con- 
seillers, Magistrats  Présidiaux. 

Pour  la  bourgeoisie  étaient  présents,  outre  les  Consuls,  les  jurais 
de  Selves,  Lescsze  jeune,  Ducros,  Duluc,  Singlande,  de  Faure,  Fcr- 
ran,  Baulac,  d'Espalais,  Daurée  jeune,  Verduc,  de  Vivier,  Rangouzc, 
Delpech,  Buard,  LaflFore,  Singlande  procureur,  Reilher,  Lavcrgne. 


8i 

On  donnera  à  cliaque  pauvre  deux  sols  par  jour.  «  A 
«  quoy  tant  lesd.  eccléziastitiues  qu'autres  habitants 
«  seront  contraints  sans  exception  quelconque  » . 

Les  chanoines,  présents  à  rAssejnblée,  ceux  de  Saint- 
Caprais  comme  ceux  de  Saint-Etienne,  acceptèrent  au 
nom  du  Clerfré. 

Pour  les  paroisses  de  la  juridiction,  on  en  fera  la 
visite  «  aHin  qu'il  n'y  ait  sur  le  rollc  aucun  serviteur  ou 
«  mestaycr  ny  personne  qui  ave  du  bien  pour  vandre 
«  et  appres  selon  le  nombre  il  sera  advizé  de  les  acister 
"  par  autre  subvention  y  faisant  contribuer  les  habi- 

<  tants  des  paroisses  qui  en  peuvent  nourrir,  les  ecclé- 
«  ziastiques  «^ens  prenant  les  dixmes  et  y  employer 
«  le   lei^s   de    quinze    cens    livres    de    feu     Monsieur 

<  d'Agen  (i  )  >  . 

Dans  le  résumé  que  fait  de  cette  délibération  le 
Livrc-Jonnial  des  Consîils,  le  greftier  ajoute  :  «  Mon- 
;<  sieur  le  Président  Boyssonnade  a  préside  en  ceste 
«  Assemblée  par  dessus  Mess""*  les  Vicquaires  gêné- 
«  raux  » . 

D'après  le  même  résumé,  on  commît  à  la  visite  des 
v<  vrays  pauvres  »  MM.  Delpcch,  lieutenant  criminel, 
Herman  de  Godailh,  assesseur  criminel,  de  Buard,  de 
Cunolio  et  de  Caussade. 

Le  23,  les  Consuls  Gnmard  et  Roussel  allèrent  «avec 
<  leur  chaperon  »,  rendre  compte  à  Messieurs  de  l'Edit 
de  la  délibération  des  trois  ordres  et  les  prier  «  de  vou- 
«  loir  ayder  à  la  nourriture  des  pauvres,  ce  qu'ils  pro- 
K  mirent  de  faire  {2) 


(i)  Arch.  d'Ai,'en  Iil3.  52,  pp.  13-14-17-21-22.  Au  bas  du  verso  Je  la 
page  II,  on  lit  au  sujet  des  Messieurs  de  l'Edit  et  des  Aydcs:  «  Il  ne 
«  fault  pas  parler  de  ses  Messieurs  dans  nos  actes  mais  cela  se  doit 
«  faire  par  Messieurs  les  Consuls  sans  en  parler  autrement  ».  Les  ma 
tristrats  taisant  partie  des  privilé-jfics,  on  était  tenu  à  beaucoup  de  mé- 
nagements . 

(2)  Arch.  d'A^rcn  RH    ^i,  p    iCn-ir.; 


82 

Dans  les  délibérations  antérieures  de  la  jurade,  com- 
me dans  le  projet  de  résolution  préparé  par  elle  pour 
l'Assemblée  des  Trois  Ordres  (ii  et  21  Janvier  1631),  il 
avait  été  résolu  qu'à  défaut  «  de  trouver  marchand  à 
«  proffit  raisonnable  »,  les  Consuls  se  chargeraient  eux- 
mêmes  de  ces  achats  de  blé,  nommeraient  des  Jurats 
pour  en  surveiller  «  le  maniement  »  et  en  rendre  compte 
de  quinze  jours  en  quinze  jours. 

A  propos  de  la  distribution  des  deux  sols  par  jour  à 
chaque  pauvre  de  la  ville  et  cité  d'Agen,  on  se  demanda 
s'il  ne  serait  pas  bon  de  leur  donner  une  marque  «  pour 
«  les  recognoistre,  affin  qu'après  avoir  reçeu  les  au- 
«  mosnes,  ils  n'ailhent  mandier  devant  les  portes  (i)  ». 

Le  i^"^  Février,  pour  ne  pas  laisser  périr  les  pauvres 
sous  les  murs  de  la  ville,  on  décida  l'ouverture  des  cinq 
portes  (2). 

La  Chambre  de  Guyenne  prit  le  12  Février,  nn  arrêt 
visant  la  répartition  des  pauvres. 

Extrait  du  registre  de  la  Chambre  de  Guienne, 

«  La  Cour  ouy  et  ce  requérant  le  substitud  crée  par 
«  le  Roy  du  Procureur  Général  en  icelle  a  ordonne  et 
«  ordonne  que  en  conséquence  de  la  distribuôn  faicte 
«  par  les  Consuls  de  la  presant  ville  des  paouvres 
«  mandians  d'icelle  et  ordonnance  du  bureau  de  la 
«  police  du  jour  d'hier  iceux  pauvres  seront  nourris  par 
«  les  bourgeois  et  habitans  de  la  presant  ville  chascun 
«  suivant  la  taxe  et  despartement  qui  a  este  faict  sur 
«  eux  et  le  billet  qui  leur  sera  envoyé  par  lesd.  Consuls 
«  et  ce  par  provision;  en  sera  l'aulmosne  distribuée 
«  auxd.  pauvres  scavoir  aux  valides  chascun  dans  les 


(1)  Arch.  J'Agren  BB.  52  p.  18. 

(2)  Arch.  d'Agcn  BB.  52  p.  p.  31-35, 


«3 

a  maisons  desd.  buur^^eois  et  habitans  et  aux  malades 
«  et  invalides  dans  leurs  maisons  et  a  ce  faire  seront 
<i  lesd.  bourgeois  et  habitans  constraints  par  toutes 
«  voyes  dheues  et  raisonnables  en  vertu  du  mandement 
«  et  billet  desd.  Consuls.  Faict  inhibitions  et  défiances 
«  auxd.  pauvres  mandians  de  vaguer  par  la  ville  et  aller 
«  mandier  aux  portes  des  autres  maisons  a  peine  destre 
«  jettes  hors  lad,  ville.  Enjoinct  lad.  Cour  auxd.  Con- 
<i  suis  de  tenir  la  main  a  Texecuôn  du  présent  arrest  à 
s<  peine  de  mille  livres  et  den  respondre  en  leur  propre 
«  et  prive  nom  et  atîin  que  personne  n'en  prétexte  cause 
«  d'ignorance  ordonne  que  le  présent  arrest  sera  alHche 
«  leu  et  publie  a  son  de  trompe  par  les  cantons  et  car- 
«  refours  publiqs  de  la  près,  ville. 

«  Faict  à  Agen  en  la  Chambre  de  Guienne  le  douz" 
«  Febvrier  mil  six  cens  trente  ung  (i)  ». 

Les  Consuls  résolurent  de  supplier  de  nouveau  très 
humblement  Messieurs  de  la  Chambre  de  l'Edit  et 
Messieurs  des  Aydes,  de  contribuer  à  la  nourriture  des 
pauvres  «  à  cause  de  leur  grande  multitude  ».  On  fut 
forcé  de  rétablir  la  garde  bourgeoise  aux  portes  de  la 
ville,  de  ne  les  ouvrir  qu'alternativement  et  de  rap- 
porter la  décision  antérieure. 

«  On  taschera  d'obtenir  main  levée  de  la  somme  con- 
«  signée  par  feu  Monsieur  d'Agen  pour  la  conservation 
«  des  pauvres  qui  meurent  de  faim.  (3  Mars)  (2)  >. 

Cet  arcrent  était  entre  les  mains  de  M.  Duburg. 

Le  27  Mars,  la  Jurade  chargea  les  Consuls  «  de  (le) 
«  retirer. . .  des  mains  de  Monsieur  Duburg. . .  suivant 
«  l'arrest  de  main  levée  donne  en  la  Gourde  Parlement 
«  de  Bourdeaux  a  la  délivrance  delaquelle  ils  constrain- 


(i)  Arch.  d'Agen  FF.  S8.  Partlicinin. 
(2)Ibid.  p.  31  et  33. 


84 

«  dront  led.  sieur  Dubur*r  conformément  audit  ar- 
«  rest  (i)  ». 

La  répartition  des  pauvres  ne  se  faisait  pas  sans  ditti- 
culté. 

Il  y  avait  toujours  des  récalcitrants,  les  uns  par  ava- 
rice, les  autres  par  leur  situation  de  privilégiés. 

Les  Consuls  n'hésitaient  pas  à  répéter  sur  eux  les 
sommes  dépensées  et  à  en  fixer  le  chififre. 

Ainsi  en  1631,  pour  les  avances  faites  par  la  Maison 
de  Ville,  furent  taxés  M"*  Cantaloup,  greffier  de  l'Elec- 
tion ;  Lebel,  procureur  général  aux  Aides  ;  les  officiers 
de  l'Election  ;  Castaing,  l'un  d'eux;  M.  de  Causac. 

D'autres  encore,  comme  M.  de  Raignac,  procureur  à 
Bordeaux  ;  Mademoiselle  de  Fontirou  (2)  •,  M*=  de  Ray- 
mond, chanoine  ;  de  Belcastel  ;  Galibert  ;  Couquet 
jeune,  conseiller  au  Présidial  ;  de  Laville,  conseiller. 

Sur  ces  taxes,  les  sommes  variaient  de  VII  à  CXX 
livres.  C'est  à  cette  dernière  somme  que  fut  taxé  M.  M'- 
Lebel,  procureur  général  à  la  Cour  des  Aides  (3). 


La  question  du  blé  était  une  question  urgente  et  an- 
goissante. Il  fallait  à  tout  prix  approvisionner  toute 
une  ville,  assez  pour  l'empêcher  de  mourir  de  faim. 

En  1628,  Contensou,  maître  de  bateaux  et  marchand, 
proposait  à  la  ville  de  lui  fournir  des  farines  (25  Sept.) 

Le  15  Octobre,  nouvelles  offres  de  fourniture  de  blé, 
fèves  et  farines  à  la  condition   que  la  Maison  de  Ville 


(1)  Ibid.  p.  37  V. 

(2)  Damoiselle  Marie  de  Godailh. 

(3)  Ârch.  d'Agen.  FF.  88.  La  pièce  est  signée  GrimarJ  et  Roussel, 
Consuls. 


85 

lui  fournira  l'argent  dont  il  paiera  l'intérêt  et  que,  si 
elle  n'en  a  besoin,  il  pourra  retirer  ses  fournitures  en 
tout  ou  en  partie  en  rendant  le  prix  de  l'achat  et  les 
intérêts.  On  accepta. 

Les  Consuls  ordonnèrent  de  dresser  un  rôle  des  blés 
que  les  habitants  possédaient  dans  leurs  greniers  et 
qu'ils  voudraient  prêter  à  la  ville  (30  Oct.)  (i). 

En  Septembre,  injonction  avait  été  faite  aux  habi- 
tants de  s'approvisionner  de  farines  :  «  Sera  faict  une 
«  queste  par  emprunt,  alHn  que  les  habitans,  chascun 
\  suivant  son  pouvoir,  aye  a  fournir  desd.  farines  pour 
«  estre  mises  dans  ung  magazin  (2)  » . 

Le  24  Février  1629,  on  empruntait  à  M"=>'=  de  Nort 
«  six  vingt  sacs  de  bled  ù  7  11.  le  sac  »  qu'on  laissait 
comme  réserve  dans  le  grenier  de  lad.  dame  (3). 

Le  7  Mars  de  la  même  année,  on  empruntait  à  M. 
d'Estrades  120  sacs  de  blé  froment  à  7  livres  2  sols  le 
sac  et  20  barriques  de  vin  à  20  livres  la  pipe,  revenant 
à  mille  cinquante  deux  livres  à  rembourser  au  i*""  Oc- 
tobre prochain .  Comme  pour  le  blé  de  M'"*  de  Nort, 
on  laissait  ce  blé  en  réserve  chez  M.  d'Estrades  (4.). 

Le  30  Avril  1629,  on  décida  d'acheter  ou  d'emprunter 
du  blé  au  dehors  avec  défense  aux  habitants  «  d'en 
«  sortir  et  d'en  vendre  à  autres  personnes  qu'à  ceux  de 
«  la  jurisdiction  >'. 

On  en  distribuera  aux  plus  nécessiteux. 

Les  Consuls  firent  continuer  dans  le  mois  qui  suivit 
les  distributions  de  blé  froment  mais  à  la  condition 
expresse  que  les  habitants  assistés  par  la  Maison  de 
Ville  s'obligeraient  envers  elle  (5). 


(1)  Arch.  d'Agen.  GG.  255. 

(2)  Arch.  d'Agen.  GG.  255. 

(3)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  92.  Voir  plus  haut. 

(4)  Ibid. 

(5)  Arch.  d'Agen.  GG.  255,  p.  118. 


86 

On  a  vu  dans  lajurade  du  22  Janvier  1631  que  la 
première  difficulté  à  trancher,  la  première  délibération 
à  prendre  se  rapportait  au  blé. 

On  allait,  pour  s'en  procurer,  jusqu'à  la  violence. 

Le  Livre-Joïinial  des  Consicls  pour  l'année  1630 
rapporte  ainsi  qu'il  suit  une  Jurade  d'Agen  : 

«  Le  XIX"^  dud.  mois  (de  Septembre)  sur  la  rencontre 
«  de  la  nécessité  des  bleds  en  laquelle  ceste  ville  s'est 
«  trouvée,  ayant  este  délibère  par  la  Jurade  que  les 
«  bateaux,  qui  se  trouveroient  charges  de  bleds  descen- 
«  dants  la  rivière,  ils  seroient  accostes  pour  obliger 
«  lesd.  marchants  de  secourir  la  ville  au  prix  courant 
«  d'une  partie  des  bleds  quils  porteroient  ;  ung  bateau 
«  du  lieu  de  Beauvoisin  proche  de  Goulfech  charge  de 
«  quarante  sacqs  de  bled  ou  mesture  auroit  este  arreste 
«  et  les  marchands  d'icellu}',  vendeu  en  la  plasse  publi- 
«  que  vingt  deux  sacqs  dud.  bled  au  prix  courant  ». 

Le  24,  on  arrêta  un  bateau  chargé  de  60  sacs,  venant 
du  Double,  appartenant  à  un  marchand  de  Layrac.  On 
en  vendit  9  sacs  «  à  raison  de  XII  i'  le  sac  qui  est  le 
«  prix  courant  (i)  ». 

Le  Parlement  de  Toulouse  s'était  ému  de  la  sortie 
des  blés  de  son  ressort.  Le  Livre- Jour  nul  des  Consuls, 
à  la  date  du  5  Novembre  1630,  disait  : 

«  Le  Parlement  de  Tholoze  ayant  envoyé  ung  com- 
«  missaire  à  Layrac  pour  empescher  que  les  bleds  du 
<i  ressort  dud.  Parlement  ne  sortissent,  led.  commiss'""' 
«  et  ses  subdélégués  abuzant  de  leur  commission  au- 
«  roient  empesche  traite  qui  se  faisoit  des  villes  d'Es- 
«  tafort  et  autres  dans  ceste   ville,  de  quoy  recevant 


(i)  Arch.  d'Agen  BB.  51  p.  113. 


8^ 

«  beaucoup  de  préjudice,  M' de  kangouze,  nostre  colle- 
«  gue,  auroit  este  deppulte  devers  Monsieur  de  Ver- 
<i  thamon,  intendant  de  la  justice  en  Guicnnc,  estant 
«  pour  lors  a  Leytoure,  aftîn  d'obtenir  delfance  d'em- 
«  pescher  lad.  traite,  ce  qui  auroit  este  exécute  le  V 
«  Novembre  et  les  delïances  (i)  signifiées  aux  Consuls 
■<  de  Lcyrac,  la  Plume  et  autres  lieux  /^. 

L'intervention  de  M.  de  Verthamon  avait  eu  d'heu- 
reux résultats,  car  le  27  Novembre  1630  «  Pierre  Laba- 
«  tut  et  ses  frères,  march'"  d'Estafort  sont  veneus  nous 
A  oiïrir  six  cens  sacqs  de  bled  à  seize  livres  le  sac  (2)  » . 

Le  II  janvier  1631,  nouvelle  offre  de  Labatut  : 

«  Le  XI  Janvier  le  s'  Labatut,  marchant  d'Estaffort, 
«  a  faict  offre  de  fournir  les  cent  sacqs  de  bled  toutes 
«  les  sepmaines  en  demeurant  d'accord  du  prix  et  les 
c  advansant  appres (3)  ». 

Le  27  Mars  163 1,  la  Jurade  autorisa  les  Consuls  à 
emprunter  3000  livres  pour  achat  de  blés. 

<f  Comme  il  n'y  a  de  bleds  ni  en  ville,  ni  en  lieux  cir- 
«  convoisins,  on  arrestera  les  bleds  qui  descendront  la 
'<  rivière.  » 


(1)  Sous-entendu  :  d'empêcher  ccUe  traite. 

(2)  Arch.  d'Agcn  BB.  51  p.  156  et  157. 

(3)  Ibid.  p.  160.  En  présence  de  la  cherté  croissante  des  blés,  les 
Consuls  procédèrent  à  la  vérification  des  mesures  du  marché  public  : 
'■  Le  z?""  Janvier  mil  si.\  cent  trante  un,  nous  avons  fait  égaliser  les 
^  mesures  de  bled  de  la  près.  Ville  qui  sont  à  la  plasse  publique  près 
«  Saint-Estienne,  conformément  au  carton  de  cuivre  que  nous  avons 
«  dans  nostre  maison  de  ville  qui  nous  sert  de  patron  pour  tous  les 
«  autres.  Nota  qu'il  est  nécessaire  de  les  visiter  souvent  et  de  les  faire 
«  égaliser  quelquefois,  attandeu  le  piastre  qu'on  y  a  mis  à  certains 
«  trous,  d'aultant  que  nous  avons  remarque  qu'on  lavet  égratinc  et 
«  racle  avec  des  fers  pour  rendre  ladite  mesure  plus  grande  »  (Ibid 
p.  162  V.) 


89 

A  cet  elïet,  le  2S,  on  arma  les  nommés  Caderault  et 
Jacques  Desnoyes  d'un  mousquet,  d'un  bandolier  et 
d'une  fourchette  avec  deux  sacs  à  balles. 

Le  2  Avril,  on  envoya  Casaque,  marinier  du  Passage, 
en  faction  en  amont  du  Passage  d'Agen  pour  arrêter 
les  blés  en  descente.  On  lui  donna  pour  aides  Mauron, 
Meric  et  Dubroqua. 

On  les  renforça,  le  s>  de  Jehan  Marty,  portier  de  la 
Porte  du  Pin,  de  Caderault  et  d'Anthoine  Roullye,  tous 
armés  de  mousquets.  On  leur  promit  huit  sous  par 
jour. 

Les  Consuls  d'Agen  écrivirent  à  M.  de  La  Vrillière, 
secrétaire  d'Etat  pour  faire  lever  les  inhibitions  réité- 
rées de  Nosseigneurs  du  Parlement  de  Toulouse. 

«  Nous  avons  escript  à  M''  de  La  Vrillière  pour  le 
«  supplier  de  nous  obtenir  du  Roy  permission  de  tirer 
«  du  bled  du  ressort  du  Parlement  de  Tholose  a  cause 
«  de  la  grande  disette  quy  est  dans  la  près,  ville...  (i)  ». 

Le  30  Avril  1631,  les  Consuls  reçurent  de  M.  de  Brie, 
conseiller  au  Parlement  de  Bordeaux,  qui  était  alors  à 
Paris,  une  lettre  contenant  lettre  patente  du  Roy  auto 
risant  le  transport  de  2000  sacs  de  blé  du  ressort  du 
Parlement  de  Toulouse  dans  la  ville  d'Agen,  mesure  à 
laquelle  le  Président  Du  Bernet  avait  donné  son  con- 
cours. 

«  Et  pour  nous  servir  dud.  passeport  nous  avons 
«  envoyé  Delcasse,  nostre  promoteur,  audit  Destournel, 
«  sergeant  Royal,  à  La  Plume,  Auvillars,  Dunes,  Layrac 
«  et  aultres  lieux  circonvoisins  pour  signifier  led.  pas- 
«  seport  et  faire  les  inhibitions  y  contenues  » . 

Le  14  Mai,  on  expédia  copie  des  lettres  patentes  à 


(I)  Arch.  d'Agen  BB.  51  p.  164. 


89 

Anlhoinc  Sommes,  marcliand  U'Agen,  pour  faire  ap- 
porter 200  sacs  de  blé  sur  les  2000  accordés  et  le  môme 
jour,  on  lit  la  mC-me  expédition  à  Cîéraud  Deloux,  autre 
marchand  de  la  ville,  pour  cent  autres  sacs  {i). 

Ce  qu'il  y  avait  de  piquant  dans  ce  conflit  entre  le 
Parlement  de  Toulouse  et  les  Consuls  d'Agen  en  No- 
vembre 1630,  c'est  que  ces  mêmes  Consuls  d'Agen,  qui 
revendiquaient  le  droit  d'acheter  du  blé  en  Gascogne  et 
voulaient  obtenir  du  Roi  la  nullité  des  inhibitions  impé- 
ratives  du  Parlement  de  Toulouse,  n'entendaient  pas, 
quelques  mois  auparavant,  en  Juin  1630,  appliquer 
cette  règle  de  .liberté  commerciale  au  ressort  du 
Parlement  de  Guyenne.  Ils  exigeaient  que  les  inhi- 
bitions de  cette  dernière  Cour  ne  fussent  ni  mécon- 
nues, ni  violées,  comme  il  résulte  du  document  suivant 
qu'on  trouve  nu  même  registre  : 

«  Le  XV«  dud.  mois  (de  Juin  1630),  ayant  este  advise 
«  qu'un  nomme  Dumas,  faisant  pour  ung  march=""  de 
«  Tholoze,  nomme  Fermât,  avoit  achepte  deux  cens 
«  sacqs  de  bled  pour  icelluy  fere  conduire  à  Tholoze  et 
«  partant  hors  du  ressort  et  ainsi  que  c'estoit  contreve- 
'<  nir  a  l'arrest  gênerai  du  Parlement  de  Bourdeaux, 
«  publie  par  tout,  par  lequel  deff*-'^'  sont  faictes  à  toutes 
«  sortes  de  personnes,  de  quelque  qualité  ou  condition 
«  quils  soient,  de  vandre  ni  achapter  du  bled  pour  icel- 
«  luy  transporter  hors  du  ressort  sous  peyne  de  la  vie  et 
«  de  confiscation  du  bled,  et  que  led.  Dumas  vouloit 
«  fere  monter  le  bled  de  nuit,  M.  de  Jeyan  nostre  col- 
■x  lègue,  auroit  este  fere  l'arrest  des  deux  bateaux  dans 
•<  lequel  estoit  led.  bled,  ce  quil  auroit  faict  de  nuit,  si 
«  bien  que  par  l'information  qui  y  a  este  faite,  la  con- 


(1)  Arch.  J'Agcn.  BB.  51,  pp.  165-166. 


c3 


«  travention  ayant  este  justiffiee,  nous  aurions  donne 
«  procès  verbal  quy  auroit  este  remis  ez  mains  de  nos- 
.(  tre  secrétaire  (i  i  ». 


(l)  Arch.  d'Agen.  Livre  Journal  des  Consuls,  BB.  51,  p.  142. 


CIIAIMTRF.  VIII 

La  situation  financière 

delavilled'Agrenetdu  pays  d'Ag^enais'" 

Les  emprunts —  La  liquidation 


Pour  faire  face  à  tant  de  calamités,  les  Consuls 
d'Agen  et  la  Jurade,  le  corps  de  ville  en  un  mot, 
étaient  obligés  d'emprunter  d'une  façon  continue. 

Il  ne  s'agissait  pas  seulement  des  embarras  du  mo- 
ment. Il  fallait  faire  face  aux  engagements  antérieurs 
à  1630-1631.  Il  avait  fallu  s'endetter  en  outre  pour  les 
sièges  de  Nérac,  de  Clairac,  de  Montauban,  de  Ton- 
neins,  de  Monheurt  (2),  s'endetter  pour  la  guerre  que 
le  Roi  et  le  Cardinal  faisaient  aux  protestants  de  La 
Rochelle,  s'endetter  pour  le  dégât  de  Montauban  et  le 
siège  de  Caussade,  s'endetter  pour  les  subsistances 
militaires,  pour  la  démolition  des  villes  fortifiées  et 
des  forteresses,  Clairac,  Tonneins,  Sauveterre  en  Bru- 
Ihois,  Layrac,  comme  aussi  pour  la  réfection  du  Pont 


(1)  Pour  tout  ce  chapitre,  consulter  Arch.  J'Agen.  BB.  51.  BB.  52. 
ce.  185.  ce.  192.  FF.  88.  FF.  172.  FF.  174.  GG.255.  GG.  256.  Voir 
les  mandatements  des  Consuls  sur  Jean  Priv.it,  leur  collecteur.  \Le 
compte  a\i  vray  de  la  receple  et  despance  de  M'  Jean  Privât  pour 
l'année  1631.  Le  rôle  des  frais  faicts  en  cestc  année).  (CC.  185). 

(2)  En  1624,  un  arrêt  du  Conseil  d'Etat  ordonnait  aux  receveurs  des 
tailles  de  remettre  aux  Consuls  d'Agen  21.035  livres  pour  les  dettes 
qu'ils  avaient  contractées  à  l'occasion  des  sièges  des  villes  rebelles. 
^Arch.  d'Agen.  CC.  361). 


93 

de  Villeneuve  d'Agenais,  lieu  de  passage  entre  le  Péri- 
gord  et  le  Limousin  d'un  côté,  la  Gascogne,  la  Cha- 
losse  et  Bayonne  de  l'autre,  s'endetter  enfin  pour  les 
faméliques  et  pour  les  pestiférés. 

Lourd  boulet  que  traînait  la  Communauté  d'Agen . 
On  ne  pouvait  payer  les  intérêts  de  tous  les  emprunts, 
intérêts  qui  allaient  s'accumulant. 

Le  20  Septembre  1628,  on  emprunta  2000  livres  à 
Anthoine  Raignac,  avocat,  sous  promesse  de  rembour- 
sement dans  un  an. 

Le  20  Novembre  on  décida  d'emprunter  à  TEvO- 
que  (I). 

«  Monsieur  d'Agen  a  preste  a  la  ville  la  somme  de 
«  mille  livres  quil  nous  a  preste  sans  interest  pour  ung 
«  an  pour  la  nourriture  des  pauvres  malades.  Le  con- 
«  trat  est  reteneu  par  Leydet  le  (en  blanc)  Janvier 
«  1629  (2)  ». 

On  décida  de  faire  un  fonds  de  30CO  livres,  y  compris 
ce  dernier  emprunt  (8 Janvier;. 

Quelques  jours  après,  on  empruntait  à  Balthazar  de 
Gelas,  grand  archidiacre,  frère  de  l'Evêque,  looo  livres 
reçues  en  pièces  de  16  sols  et  remboursables  en  un  an 
(11  Janvier). 

Me  Robbert  Fournier,  avocat,  prêta  à  la  Communauté 
960 1.  au  denier  15  et  le  lieutenant  criminel,  Delpech,  si 
courageux  et  si  dévoué,  600  livres  au  même  intérêt  (3). 

En  Février  1629,  on  s'obligea  envers  M'»"  de  Nort 
pour  1500  livres  (4). 


(i)  Arch.  d'Agen.  GG.  255. 

(2)  BB.  51,  p.  86. 

(3)BB.  51. 

(4)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  92. 

Savoir  en  six  vingt  sacs  de  bled  à  VII  1.  le  sac.  VIIIcXL  11. 

En  XX  pistolles  d'or  à  7  11.  12  sols  pièce.   .   .   .  CLII  11. 

En  .   .  ? CXXVIII  11. 


93 

Le  4  Février  on  prit  de  M.  Bahuc,  procureur  en  la 
Chambre  de  l'Rdit,  1200  livres  sur  les  1500  «  que  Mes- 
«  sieurs  de  la  Chambre  (de  Guyenne)  ont  donne  a  la 
«  ville  sur  ledict  Bahuc  pour  estre  repçeu  procureur  en 
<<  lad.  Chambre.  »  Bahuc  s'obligea  envers  M.  Raigmc 
au  profit  des  Consuls  à  bailler  les  300  livres  restantes 
dans  deux  mois. 

Aux  syndics  de  THôpital,  on  prit  700  livres  au  de- 
nier 15.  Les  intérêts  retenus  s'élevaient  à  la  somme  de 
46  livres,  13  sols,  4  deniers.  Restait  donc  de  liquide 
653  1.,  6  sols,  8  deniers  (i). 

Le  18  Mars,  emprunt  à  M"  Jean  de  Laborde,  avocat, 
de  mille  francs  au  denier  15  et  pour  un  an.  L'intérêt 
payé  d'avance,  par  mandement  sur  xM'  Estienne  Boisse, 
collecteur  des  Consuls,  soit  66  livres. 

«  Le  25  Mars  1629  a  este  emprunté  pour  les  afferes 
«  de  la  santé  de  M.  de  Guardes,  jadis  cons"*''  cent  livres 
;<  à  raison  du  denier  quinze  ,>. 

«  Le  29  Apvril  1629  Monsieur  Corne  nostre  collègue 
«  en  compagnie  de  Messieurs  de  Faure,  Buard  et  Del- 
«  pech  ont  este  a  mi-chemin  de  Villeneufve  pour  pran- 
«  dre  quatre  mille  livres  de  Jean  et  Anthoine  Menoyre, 
«  frères,  marchands  dudit  Villeneufve,  qui  ont  preste 
;<  lad.  somme  a  l'inlerest,  a  raison  de  sept  et  demi  pour 


Plus  le  27"  duJ.   mois,  jour  de  Mard}'  Gras  en 
dix  huit  doubles  pistolles  ;i  15  livres  pièce.   .   .  II  c   LXXIII  11. 

Monnoie VII  11. 

Plus  pour  l'interest  au  denier  15-cent  livres  .   .  C  11. 

(Desduict  l'interest,  reste  en   les  mains   de  M^ 

de  Lafaige  en  argent 500  II. 

et  six  vingt  sacs  de  bled  froment  dans  le  grenier 
de  ladite  dame  de  Nort). 

L'intérêt  au  denier  15  équivalait  k  6  {.  6<>  pour  100. 

(1)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  88,  v. 


94 

«  cent.  Ils  ont  este  payes  de  l'interest  a  Tadvance  de 
«  quo}'  a  este  passe  deux  obligations  scavoir  de  deux 
«  mille  livres  a  chascun  desd.  deux  frères,  retenues  par 
«  Aubert,  Not.  Royal  de  Villeneufve  (i)  ». 

Le  14  Août  1629,  les  Consuls  «  ayant  apprins  que 
«  Monseigneur  le  cardinal  de  Richelieu  estoit  dans  Alby 
«  ou  les  depputez  de  Montauban  avoient  traicte  avec 
«  lui  et  accorde  de  remettre  lad.  ville  entre  ses  mains 
«  pour  le  service  du  Roy  et  que  led.  Seigneur  Cardinal 
«  debvoit  faire  son  entrée  dans  led.  Montauban,  le  2^'^ 
«  ou  29<'  du  mesme  moys,  nous  avons  assemble  aucuns 
«  de  Mess""*  les  Juratz  qui  se  sont  trouves  dans  la  ville 
«  pour  scavoir  sil  seroit  a  propos  de  l'aller  saluer  dans 
«  led.  Montauban  de  la  part  de  la  ville  et  luy  represen- 
«  ter  la  désolation  d'icelle,  les  foules  qu'elle  reçoit 
«  journellement  et  tout  le  pays  d'Agenois  pour  fournir 
«  la  subsistance  des  gents  de  guerre  et  Vextresme 
«  dizette  qui  l'afflige  et  en  considération  de  ce  supplier 
«  led.  Seigneur  de  nous  voulloir  descharger  du  paye- 
«  ment  desd.  gents  de  guerre  et  nous  faire  l'honeur 
«  d'obtenir  de  Sa  Majesté  par  son  auctorite  et  créance 
«  le  don  des  iailhes  pour  quelques  années  et  Vimposi- 
«  tien  sur  tout  le  pays  d'Agenais  de  plusieurs  som- 
«  7iies  que  ceste  ville  a  advance  pour  led.  pays  et  dont 
«  elle  paya  annuellement  les  intérêts,  bref  pour  entre- 
«  tenir  led.  Seigneur  Cardinal  de  plusieurs  autres  af- 
«  faires  importantes  tant  pour  ceste  ville  que  pour  tout 
«  le  pays.  Sur  quoy  a  este  délibère  que  nous  y  députe- 
«  rions  quelques  uns  de  messieurs  les  Juratz  qui  se 
«  tiennent  à  la  campai gne puis  longtemps  {2).  De  faict 
«  que  tout  a  l'instant  nous  avons  députe  pour  aller  a 
«  mond.  Seigneur  le   Cardinal,  à    Montauban,  M""*  de 


(l)Arch.  d'Agen.  BB.  51,  pp,  v5,  104. 
(2)  A  cause  de  la  pesU-. 


95 

«  Loubatery,  de  Lescazes,  advocat,  le  jeusne,  et  de 
«  Reilhery,  aussy  advocat  auxquels  avons  escrit  et  les 
«  avons  prie  de  faire  led.  voyage  (i)  ». 

Le  cardinal  ayant  avance  son  voyage,  les  députés 
partirent  le  uj  avec  l'agrément  du  duc  d'Epernon  et 
revinrent  le  23. 

-(  Le  23»  dud.  moys  d'Aoust  Icsd.  sieurs  députes  sont 
«  reveneus  après  avoir  salue  niond.  Seigneur  le  Cardi- 
«  nal  de  Richelieu  dans  la  ville  de  Montauban  après  la 
«  réduction  de  ladicte  ville  qui  fut  faicte  le  20«  du 
«  mesme  moys  ». 

Le  Livre-Journal  des  Consuls  est  muet  sur  les 
résultats  de  l'entrevue. 

En  Novembre,  le  duc  d'Epernon  autorisa  les  Con- 
suls, comme  syndics  du  pays,  à  lever  dans  l'Election 
d'Agenais  la  somme  de  9.124  livres,  3  sols,  9  deniers 
«  pour  leur  part  de  la  somme  de  six  vingt  mille  livres 
«  que  le  Roi  ordonne  de  lever  sur  la  généralité  de 
«  Guyenne  pour  le  paiement  des  gens  de  guerre. 

«  Faict  à  Agen  le  13"=  de  Nov.  1629  (2)  ». 

Avant  de  sortir  de  charge,  les  Consuls  de  1629  récla- 
mèrent des  Commissaires  au  Bureau  de  la  Santé  «  pour 
«  ouyr,  clore  et  arrester  les  comptes  quils  exibarent  au 
«  dernier  bureau  ». 

Le  s""  de  Lescazes,  chanoine,  «  a  dict  n'avoir  charge, 
•<  soy  reservant  neantmoingsden  communiquera  Mess"^ 
«  du  Chapitre  vendredy  prochain  ».  Il  fera  savoir  leurs 
résolutions. 

Le  président  du  bureau,  de  Lacrompe  et  le  s""  Tcur- 
nade,  conseillers,  le  Procureur  avec  Messieurs  de  Les- 


(i)  Arch.  d'Asren.  BB.  51,  p.  116. 
(2)  Arch.  d'Ag-cn.  BB.  51,  p.  122 


96 

cazes,  le  jeune,  avocat,  Katier  et  de  Faure  v<  jà  nom- 
més »  examineront  les  comptes, 

«  Cependant  les  comptes  de  Gavry,  Laboulbcnne  et 
«  la  Bernadoune,  volanj^iers,  seront  rapportes  pour 
«  estre  veus  avec  ceux  desdits  Consuls  (i)  (20  Novem- 
«  bre  1629)  » . 

Le  s'"  de  Corne,  chargé  de  la  recette  de  tous  les  em- 
prunts durant  les  quatre  premiers  mois  de  1629,  déposa 
ses  comptes  sur  la  table  (^18  Dec.  1629). 

Les  comptes  ayant  été  vérifiés  et  clôturés  par  les  pré- 
cédents commissaires,  on  déclara  qu'il  n'y  avait  pas 
lieu  à  nouvelle  révision  et  que  la  clôture  déjà  faite 
«  sortira  à  effect  ».  On  accordera  25  livres  à  Corne 
«  tant  pour  la  fasson  desd.  comptes  que  pour  s'estre 
«  trouve  une  pistolle  et  un  pistollet  faux  et  quatre 
«  quartz  d'escu  de  l'argent  par  luy  reçu  (2)  ». 

Il  fallait  obtenir  que  dans  le  répartement  fait  par  les 
Conseillers  de  l'Election  fussent  compris  les  intérêts 
des  sommes  dues  par  la  ville . 

Aussi  les  nouveaux  Consuls  de  1630,  écrivirent  au 
sieur  Dauré,  en  mission  à  Paris.  On  lui  envoya  «  Testât 
«  de  toutes  les  debtes  de  la  ville  àffin  d'obtenir  arrest 
«  du  Conseil  portant  injonction  aux  Esleus  de  com- 
«  prendre  dans  leur  despartement  les  intérêts  des  som- 
«  mes  par  nous  deues  (3)  >; . 


(1)  Arch.  d'Ag-en.  GG.  255. 

(2)  Arch.  d'Agen.  GG.  255,  p.  150. 

(3)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  133. 

En  Avril,  la  cité  d'Agen  fut  taxée  à  Uni  VIIc  XL  livres  (2740)  pour 
fournir  des  habits  à  l'armée  d'I'alie.  (Ordonn.  du  Roi  transmise  le  2o 
Mars  par  les  fr^soriers  Générau.x),  capitation  levée  sur  les  privilé- 
giés comme  sur  les  non-privilégiés.  On  assembla  les  Trois  Ordres  le 
1 1  Avril.  Comme  la  ville  ne  s'exécutait  pas,  le  28  Juillet,  le  sieur  Fou- 
cault, commis  à  la  recette  générale  des  Finances,  envoya  son  commis 
Brandon  avec  un  commissaire  «  pour  contraindre  noste  trésorier  La- 


97 

Quelqvies  jours  avant,  les  Consuls,  le  U)  l'cvricr, 
avaient  rc^u  en  prêt  au  denier  15,  de  Madame  de  Mon- 
tesquieu, (i)  la  somme  de  douze  cenis  livres,  suivant 
l'arrêté  du  bureau  de  la  Santé. 

L'année  1631  s'annonçait  encore  plus  mauvaise  que 
celle  de  1630. 

La  ville  était  menacée  par  ses  créanciers  d'être  exé- 
cutée et  ses  revenus  et  émoluments  saisis. 

Le  corps  de  ville  fut  convoqué  pour  le  1'='  Février  et 
se  réunit  ce  jour-là. 

Les  Consuls  exposèrent  à  la  Jurade  que  la  ville  et 
Communauté  se  trouvaient  enf^agées  pour  la  somme  de 
75,ooo  livres.  Comme  la  ville  n'a  aucun  fonds  pour 
satisfaire  «  au  paiement  de  ses  créanciers  et  mesme  au 
«  paiement  des  intérêts  »,  comme  toute  imposition  leur 
est  annuellement  refusée  par  les  officiers  de  l'Election 
et  Messieurs  de  la  Cour  des  Aydes,  en  présence  de  la 
saisie  imminente  des  revenus  et  émoluments  de  la  ville, 
«le  décret,  et '.adjudication  desquels  il  est  impossible 
«  d'esviter,  s'il  nest  treuve  quelque  expédiant  »,  les 
Consuls  demandent  aux  Jurats  de  délibérer. 

Lesjurats  «  d'une  commune  voix  ont  arreste  qu'il 
«  sera  fait  très  humbles  remonstrances  au  Roy  et  a  Nos- 
v<  seigneurs  de  son  Conseil  de  la  mi.sere  dans  laquelle 
«  ceste  pauvre  ville  se  treuve  maintenant...  (pour  pcr- 
«  mettre)  «  l'imposition  du  principal  et  interests  »  des 


€  faigc  de  leur  fournir  la  somme  de  llm  VIIi-  XI^  livres  ».  On  ne  put 
encore  payer.  Mais  il  fallut  payer  le  voyage  des  commis,  soit  36  li- 
vres 16  sols.  On  écrivit  au  s""  Foucault  do  vouloir  bien  attendre  un 
peu.  (Arcli.  d'Agen.  BB.  51). 

(i)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  132.  Marguerite  de  Sevin.  Déjà  en 
1624,  elle  avait  été  remboursée  d'une  somme  de  1200  livres  que  la 
ville  lui  devait.  (CC.  361). 

7 


98 

sommes  que  la  ville  doit  pour  1630  et  163 1  .<  et  ce 
«  (tant)  sur  led.  pais  pour  ce  qu'il  doibt  a  la  près,  ville 
«  que  sur  icelle  dicte  ville  et  jurisdiction  de  ce  quelle 
<f  doibt  en  son  particulier,  et  par  mesme  moyen  Sad.  Ma- 
«  jesté  sera  très  liumblement  suppliée  d'accorder  auxd. 
«  sieurs  Consuls  les  lettres  d'assiette  des  sommes  a  heux 
<:  deues  par  led.  pais  d'Agennois  ainsin  quil  resuite  des 
1  actes  et  comptes  qu'iceulx  ont  randu  aud.  pais,  clos 
«  et  arrestes  par  les  deputtes  d'icelluy  (i)  ». 

Ce  même  jour,  P''  Février  1631,  les  Consuls  décidè- 
rent «  que  M.  de  Pages  qui  vit  en  Cour  sera  prie  par 
«  M.  de  Corne  de  vouloir  despartir  sa  faveur  envers  la 
«  ville  pour  obtenir  permission  d'imposer  les  interests 
«  des  sommes  que  la  ville  doibt  tant  de  l'année  dern. 
«  que  de  la  près,  et  de  poursuivre  les  lettres  d'assiette 
«  du  principal,  s'il  se  peult,  des  sommes  que  le  Pays 
«  doibt  à  la  ville  (2)  » . 

Le  10  Pévrier,  M.  de  Verduc,  syndic  de  l'Hôpital, 
partit  pour  Bordeaux  pour  obtenir  main  levée  des 
3400  livres,  reste  des  ^ooo  livres  que  feu  Monsieur 
d'Agen  avait  consignées  entre  les  mains  de  M.  Duburg, 
«  naguieres  recepveur  des  tailhes  »,  sommes  destinées 
à  la  nourriture  des  pauvres.  Les  Consuls  avaient  écrit 
à  M.  le  Président  Daffis  et  au  Procureur  Général. 

Le  reste  des  8000  livres  devait  être  employé  à  la 
réparation  de  l'Eglise  Cathédrale  de  St-Etienne. 

«  Nota  que  feu  M""  d'Agen  a  laisse  aux  pauvres  de  la 
«  présente  ville  2300  1.  que  M""  le  Grand  Archidiacre, 
«  son  héritier,  a  dit  vouloir  payer  suivant  lïntention  de 
«  M'  d'Agen  w. 


(i)  Arch.  d'Agen.  CC.  185.  (Liasse). 
(2)  Arch.  d'Agen.  BB.  22.  p    25, 


.y 


99 

On  écrivit  à  M.  Sicrc,  l'avocat  de  la  ville  au  Conseil 
du  Koi,  pour  obtenir  main  levée  (i). 

Le  13  Février,  le  Consul  Corne  re<,ut  .\()()  livres  dix 
sols  sur  le  lé<;at  pour  les  pauvres  fait  par  M.  d'Aj^en, 
«  plus  233  livres  dont  il  a  baillé  à  M.  (jautier  150  livres. 
«  Oultre  ces  150  1.  M.  Gautier  a  reçu  vjOO  livres  des 
«  hoirs.  Led.  jour  nous  avons  envoyé  à  l'aris  à  M. 
v<  Fages,  secrétaire  de  Monseigneur  le  duc  d'Fspernon, 
«  Farrest  de  la  Cour  des  Aydes  de  la  près,  ville  portant 
«  vérification  de  nos  debtes  qui  montent  ?  a  soixante  et 
«  quelques  mil  livres,  ensemble  la  délibération  de  la 
«  Jurade  et  requeste  affin  d'obtenir  permission  du  Uoy 
«  d'imposer  les  interests  de  lad.  somme  (tant)  sur  le 
<i  pais  d'Agenois  que  sur  nostre  ville  pour  l'année  près, 
«  et  dernière  (2)  ». 

Deux  mois  après,  le  Livre  Jmirnal  exprime  sa  satis- 
faction : 

«  Le  2"^  d'Apvril  163 1  nous  avons  commence  de  faire 
«  la  distribution  de  la  somme  de  8444  livres,  13  sols, 
«  8  deniers  que  nous  avons  reçue  des  (sommes)  consi- 
«  gnees  par  feu  M.  d'.\gen,  pour  les  pauvres  des  pai- 
«  roisses,  selon  le  despartement  quy  en  a  este  par  nous 
«  faict,  laquelle  distribution  continuera  chascun  diman- 
«  che  et  sera  faicte  par  les  commissaires  par  nous  a  cest 
«  effect  désigne  jusques  au  moys  de  Juin  (3J  ». 

Entin  on  écrivit  au  duc  d'Epernon  une  lettre  de  sup- 
plications pour  obtenir  la  convocation  de  l'assemblée 
du  pays.  La  lettre  était  signée  :  Caussade,  Consul,  et 
Buard,  Jurât.  Le  duc,  par  une  lettre  datée  de  Nérac,  le 
5  Août   163 1,    accorda   la   convocation    du  Tiers  Etat 


(1)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  If)2,  v, 

(2)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  163. 

(3)  Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  1^5.  Il  est   rare  que  les  chiffres  si»ient 
absolument  concordants. 


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lOO 

J'Agenais  et  désigna  pour  les  présider  le  juge  mage 
Boissonnade  (i). 

Les  Consuls  reçurent  (17  Septembre)  de  M.  Géraud 
de  Boissonnade,  conseiller  du  Roi  et  receveur  des  tail- 
les en  l'Election  d'Agenais,  la  somme  de  9220  livres 
imposée  sur  le  pays  en  l'an  1630  en  exécution  d'un 
arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  23  Juin  1629  contenu  dans  les 
lettres  d'attache  des  Trésoriers  Généraux  de  France  en 
Guj'enne,  lettres  adressées  aux  officiers  de  l'Election, 
le  20  Mars  1630,  pour  en  faire  le  département  sur  le 
pays  et  recette  d'Agenais,  en  faveur  des  Consuls 
d'Agen.  Cette  somme  était  destinée  au  remboursement 
des  sieurs  d'Estrades  et  de  Malartic  qui  avaient  avancé 
les  fonds  pour  l'entretien  de  l'armée  mise  sur  pied  par 
Mk*"  le  duc  d'Epernon  en  l'année  1628  (2). 

Les  Consuls,  avec  une  opiniâtreté  que  rien  ne  lassait, 
poursuivaient  la  liquidation  de  leurs  comptes  par  l'ob- 
tention des  lettres  d'assiette  royaux  sur  la  ville  et  le 
pays  d'Agenais  pour  l'extinction  de  leurs  dettes  (3). 

On  passa  à  Paris  une  convention  avec  M*  Jean  de 
Laborde,  contrôleur  de  la  maison  du  seigneur  cardinal, 
par  laquelle  il  promit  aux  Consuls  représentés  par 
noble  homme,  M^  Jean  de  Reilhery,  conseillerdu  Roi  et 
son  avocat  en  l'Election  d'Agenais,  d'obtenir  du  Conseil 
permission  d'imposer  sur  le  pays  et  la  ville  25377  livres 
avec  les  intérêts  depuis  le  y  Avril  1628  d'une  part  et  la 
somme  de  43348  livres  et  les  intérêts  de  la  présente 
année  1631,  suivant  les  délibérations  de  l'Assemblée 
du  pays  d'Agenais  et  de  la  Jurade  desdits  jours,  8  Avril 
1628  et  i*^''  Février  1631,  y  compris  les  dépenses  et  frais 


(1)  Ibid. 

(2)  Arch.  d'Agen.  CC.  185- 

(3)  En  1631,  les  Consuls  d'Ag-en  avaient  aussi  emprunté  au  chapitre 
delà  cathédrale  de  Condom  une  somme  de  3000  livres,  dont  l'intérêt 
se  montait  ;i  187  1.  10  sols.  fArch.  d'Agen.  CC.  192). 


101 

faits  pour  ledit  pays  d'A^enais  par  Messieurs  Hector 
Lafai}4;e  et  Bernard  Sabouroux,  trésorier  et  receveur 
desdits  Consuls,  du  XXVII^  Juillet  1624,  XXVII»  jan- 
vier 1626,  X"  Mai  et  X«  Décembre  1627  et  Vil  h  Avril 
l62,s. 

On  remit  cinq  états  de  dépenses  à  M.  de  Laborde 
ainsi  que  les  procès-verbaux  des  Etats  d'Agenais  du 
XI»  Décembre  1626,  V"  Mai  et  V"  Décembre  1627,  VI'' 
Avril  162H,  siijnés  Leydet,  et  37  copies  des  obligations 
contractées  par  les  Consuls  pour  les  emprunts  des 
sommes  dont  on  requérait  l'imposition. 

On  promit  à  M.  de  Laborde  3000  livres  payées  comp- 
tant en  récompense  des  dépenses,  sollicitations,  vaca- 
tions qu'il  emploierait  à  l'obtention  des  lettres  d'as- 
siette (2  Dec.  1631)  (i). 

Enfin  le  29  Décembre  s'ouvrirent  les  Etats  d'Agenais 
dont  le  duc  d'Epernon  avait  autorisé  l'Assemblée. 

Entre  autres  résolutions,  on  résolut  de  défendre  con- 
tre quelques  villes  voisines  de  Montauban  qui  préten- 
daient rejeter  sur  la  ville  d'Agen  et  le  pays  d'Agenais 
une  partie  des  dépenses  et  des  dommages  subis  par  le 
fait  des  gens  de  guerre. 

De  même,  contre  les  Consuls  de  Monclar  qui  avaient 
attaqué  en  responsabilité  pour  une  somme  de  600  livres 
et  plus  les  Consuls  d'Agen  devant  la  Cour  des  Aides. 

On  demandera  avec  instance  des  lettres  d'assiette  au 
Roi  et  à  son  Conseil,  après  que  les  députés  nommés  par 
les  Etats  auront  ouï  et  clos  les  comptes  relatifs  aux 
sommes  dues  par  le  pays  à  la  Communauté  d'Agen. 

Les  Etats  déléguèrent  auprès  du  Roi  Louis  XIII,  le 
premier  Consul  d'Agen,  le  sieur  de  Caussade,  et  le 
député  de  Marmande,  le  sieur  de  Brezets  (2). 


(i)  Arch.  d'Agen  ce.  i»5. 

(2)  Arch.  d'Agen,  CC.  185.  Voir  au.x  Pièces  justiticatives  U  délibé- 
ration des  Etats  in  extenso. 


I02 

Le  règlement  de  ces  comptes  se  faisait  toujours  at- 
tendre . 

Le  Conseil  d'Etat,  plus  préoccupé  des  tailles  royales 
que  des  tailles  consulaires,  craignait  que  de  nouvelles 
impositions  empêchassent  par  leur  excès  même  la  ren- 
trée des  deniers  du  Roi.  On  atermoyait  constamment. 

Le  Roi  ménageait  avec  le  plus  grand  soin  les  forces 
contributives  presque  épuisées  de  ses  sujets,  pour  sou- 
tenir les  desseins  du  grand  ministre  qui  gouvernait 
TEtat,  alimenter  des  dépenses  de  ses  guerres  d'Italie 
(1624-1630)  et  la  guerre  intérieure  contre  les  protestants 
et  les  Anglais  (1627-1629)  et  préparer  enfin  les  guerres 
d'Allemagne. 

Les  Trois  Ordres  de  la  ville  d'Agen  se  réunirent  de 
nouveau  le  16  Juillet  1633,  près  de  deux  ans  après. 

MM.  Bernard  de  Faure,  s'  de  Castres,  Estienne 
Baulac,  avocats  en  la  Cour,  Pierre  Solac,  procureur  en 
la  Cour  Présidiale,  François  de  Monpezat,  écuyer  s""  de 
Poussou  et  Pierre  Dulaurens,  procureur  en  la  Cour, 
Consuls  d'Agen  ,  représentaient  la  Communauté 
d'Agen. 

Messire  Gaspard  de  Dailhon  du  Lude,  illustrissime 
et  révérendissime  évêque  et  comte  d'Agen,  M^  Marc 
Anthoine  de  Cavasse,  archiprêtre  de  Marmande,  Pierre 
Sauveur,  Michel  de  Cunolio  et  Bernard  Daurée,  cha- 
noines de  l'Eglise  cathédrale  ;  Pierre  Aubarel,  Joua- 
chim  de  Bourges,  Claude  Charrin,  Anthoine  Pheletin 
et  Jean  de  Béchon  de  Caussade,  chanoines  en  l'Eglise 
Collégiale  de  St-Caprais,  représentaient  le  clergé. 

Pour  la  Cour  Présidiale,  Messieurs  maistres  Anthoine 
de  Boissonnade,  conseiller  du  Roy  en  ses  Conseils 
d'Etat  et  privé,  président  et  juge  mage  en  la  sénéchaus- 
sée d'Agenais,  Arnaud  Delpech,  conseiller  du  Roy  et 
lieutenant  criminel,  Jean  Couquet,  lieutenant  principal, 
Jean  de  Laboulvenne,  Jean  Jacques  de  Nargassier,  Jean 


103 

de  Chemilhac,  Jean  Douzon,  Anlhoine  Kaignac,  Nico- 
las de  Daulac,  Pierre  ?  Ancelin,  conseillers,  Laurens 
de  Redon,  procureur  du  Roi. 

Pour  l;j  Jurade  et  corps  de  ville  Messieurs  >!••  dui- 
Ihaume  de  Maures,  Arnaud  Uelpech,  Jean  Poulain, 
Cicraud  Clrimard,  Géraud  Lcscazes,  ?,  Ducros,  An- 
thoinc  Raignac,  avocats  en  la  Cour,  Hermand  de  Sevin 
ccuyer,  Raymond  de  Camus  et  Jean  Duluc,  docteurs  en 
médecine,  Jean  Singlande,  Jean  Daurcc  vieux,  Jean 
Kcrran,  François  Vives,  fean  de  Rcillery,  Gcraud 
Daurée,  Géraud  Verduc,  Jacques  Peric,  Augustin 
Bouloigne,  aussi  avocats,  Anthoine  Buard,  Pierre Girle, 
bourgeois  et  marchand,  Pierre  Lassort,  Jacques  Sin- 
glande,  Anthoine  Rocquier,  François  Jeyan, procureur. 

L'Evêque  présidait  l'assemblée. 

Bernard  de  Faure  exposa  que  «  pendant  les  années 
«  escoulées  ayant  pieu  a  Dieu  d'affliger  ceste  ville  et 
«  communauté  avec  le  reste  de  la  Province  de  ses  fléaux 
«  de  la  guerre,  de  la  peste  et  de  la  famine.  Messieurs 
«  les  Consuls  leurs  devantiers  avoient  este  constraints 
«  fere  de  grands  emprunts  tant  'en  qualité  de  syndics 

«  du  pays  pour  la  subsistance  des  armées  du  Roy 

«  dont  lesdits  sieurs  Conseuls  sont  obliges  et  en  payent 
«  les  intérêts  annuellement  car  quoyque  ses  emprunts 
«  regardent  l'interest  de  toute  la  sénéchaussée  d'Age- 
«  nois  comme  appert  des  comptes  arrestes  en  diverses 
«  assemblées  du  pays  faictes  par  authorite  de  Sa 
«  Majesté  ;  comme  aussy  lesd.  sieurs  Conseuls  ont  este 
«  contraints  par  délibération  des  trois  Ordres  et  actes 
«  de  Jurade  faire  divers  emprunts  de  grandes  et  nota- 
«  blés  sommes  pour  la  nourriture  et  entretien  des  pau- 
«  vres,  ensemble  des  religieux  exposés  et  officiers  de  la 
«  Santé  pendant  que  la  ville  a  este  affligée  du  mal  con- 
«  tagieux  pendant  deux  diverses  années,..  » 


104 

Bernard  de  Faure  lit  ensuite  remarquer  que  plusieurs 
habitants  qualifiés  avaient  emprunté  et  s'étaient  obli- 
gés en  leur  propre  et  privé  nom  et  qu'étant  sur  le  point 
d'être  poursuivis,  ils  allaient  à  leur  tour  poursuivre  la 
Communauté  pour  être  déchargés  desdites  obligations. 
Comme  la  Communauté  n'avait  pas  de  fonds,  elle  n'a- 
vait d'autre  moyen  d'y  pourvoir  «  que  d'obtenir  lettres 
«  d'assiette  pour  impozer  lesd.  sommes  sçavoir  selles 
«  quy  regardent  les  affaires  dudict  Pays  sur  toute  la 
«  Seneschaussee  et  Eslection  d'Agennois  et  celles  qui 
«  ont  este  empruntées  pour  la  nécessite  particulhiere  de 
«  la  presant.  ville  et  Communaulté  sur  la  jurisdiction 
«  et  tailhable  d'icelle  ». 

De  Faure  ajouta  que,  pour  la  vérification  des  dettes, 
commission  avait  été  donnée  à  M.  de  Raymond,  tréso- 
rier général  en  la  généralité  de  Guyenne.  Et  pour  que 
cette  vérification  fut  plus  authentique,  les  sieurs  Con- 
suls ont  assemblé  les  trois  Ordres  «  suivant  la  coustume 
«  antienne  et  uzage  observe  de  tout  temps  en  la  dicte 
«  ville  pour  commettre  des  dépputes,  des  commissaires 
«  de  chaque  ordre,  pour  acister  a  la  dicte  vérification  ». 

On  délégua  MM.  de  Cavasse  et  Girardin,  chanoines 
de  St-Etienne,  Bourges  et  Charrin,  chanoines  de  St- 
Caprais  pour  le  clergé  ;  pour  la  magistrature  MM.  de 
Coquet,  Laboulvenne,  Nargassier  et  de  Redon  ;  pour 
la  Jurade,  MM.  Ducros,  de  Sevin,  de  Ferran,  deGirles 
Jurats  (i). 

«  Le  Grand  Livre  Noir  appelé  le  Livre  des  rentes  » 
restait  toujours  ouvert  (2). 

Enfin,  après  tant  de  démarches,  tant  de  sollicitations 
et  de  suppliques,  tant  de  dépenses  et  de  voyages  en 
Cour,  on  obtenait  l'arrêt  suivant,  plus  d'un  an  après  la 
délibération  des  Trois  Ordres  : 


(1)  Arch.  d'Agen,  CC.  i><6, 

(2)  BB.  51,  p.  40,  V. 


105 

Extrait  du  Registre  du  Conseil  d'Etat 

Arrî't  du  s  Octobre  i6].f 

«  Sur  la  rcqueste  présentée  au  Roy  en  son  Conseil  par 
«les  C!onsuls  delà  ville  d'Agon...  qu'il  plaise  à  Sa 
«  Majesté  permettre  de  faire  imposer  et  livrer  sur  ladite 
«  ville  d'Agen,  dans  quatre  mois  ou  autre  plus  bref 
«  délai  qui  se  pourra,  la  somme  de  quarante  deux  mille 
«  six  cens  trente  quatre  livres  deiil'  en  particulier  />ar 
«  ladicte  ville  et  jurisdictio't  avec  les  intérêts  de  la 
«  presante  année,  revenant  à  deux  mil  sept  cents  cin- 
«  quante  livres  douze  sols  ;  et  sur  tout  le  pays  dWge- 
«  ;io/s,  la  somme  de  trente  quatre  mil  six  cens  neuf 
«  livres,  dues  ans  dits  suppliants  pur  led.  pays  avec 
«  les  interests,  qui  ontcouru.depuis  le  tretziesme  décem- 
«  bre  1631  que  ladite  somme  fust  arrestee  en  l'assem- 
«  blée  du  pays  et  les  frais  dans  deux  ans  prochains, 
«  pour  estre  lesd.  sommes  employées,  sans  divertisse- 
«  ment,  au  profit  et  acquit  de  ladite  ville  et  jurisdic- 
«tion...  En  oultre  valider  la  levée  de  ladite  somme 
«  de  quatre  mil  quatre  cens  quatorze  Hures  dix  sols 
«  faicte  en  Tannée  mil  six  cens  trente  pour  quarante 
«  cinq  quartiers  imposez,  suivant  la  délibération  de 
«  ladite  ville,  sur  tous  les  habitans  d'icelle  pour  le 
«  paiement  des  interests  lors  eschus  » . 

L'arrêt  du  Conseil  d'Etat  rappelait  ensuite  les  deux 
procès  verbaux  de  M'^  Robert  Raymond,  trésorier  de 
France  en  la  généralité  de  Guyenne,  la  délibération  des 
Consuls  du  pays  d'Agenois  du  28  Avril  1628,  celle  des 
Trois  Ordres  de  la  ville  d'Agen  du  16  Juillet  1633, 
l'ordonnance  des  Trésoriers  de  France  du  22  Février 
1634,  renvoyant  les  Consuls  d'Agen  devant  le  Roi,  et 
l'arrêt  de  la  Cour  des  Aydes  portant  vérification  des  det- 
tes de  la  ville  et  du  pays  d'Agenois  en  date  du  4  Sep- 
tembre 1630,  la  délibération  de  la  maison  de  ville  d'Agen 


io6 


pour  l'inventaire  des  intérêts  dûs  en  date  du  6  Septem- 
bre 1630 

L'arrêt  ordonne  une  nouvelle  vérification  par  le  s""  de 
Verthamon,  maître  des  Requêtes  et  intendant  de  la  jus- 
tice de  Guyenne,  assisté  du  Procureur  y;énéral  en  la 
Cour  des  Aydes  et  fait  défense  aux  créanciers  d'user 
contre  les  Consuls  d'aucune  contrainte,  sous  condition 
de  payer  les  intérêts. 

A  l'arrêt  est  joint  l'état  détaillé  des  dettes  de  la  ville 
d'Agen  et  du  pays  d'Agenois.  (i) 

L'intendant  Verthamon,  fut  commis,  par  arrêt  du  Con- 
seil du  25  Octobre  1634,  et  chargé  de  la  vérification  des 
dettes  de  la  ville  d'Agen  et  du  pays  d'Agenois,  opéra- 
tion qui  fut  exécutée  par  le  trésorier  général  de  Gour- 
gue  et  M""  de  Verthamon,  les  10,  11,  12,  13,  14  et  15 
Février  1635. 

«  Et  calcul  fait,  dit  l'Intendant,  nous  avons  trouve 
«  Testât  des  sommes  deues  à  la  dicte  ville  d'Agen  par 
«  ledict  pays  d'Agenois,  montan  à  la  somme  de  qua- 
'<  rante-cinq  mil  neuf  cens  vingt-deux  livres  huict  sols 
«  unze  deniers,  suivant  compte  final  fait  et  arreste  entre 
«  les  depputtés  de  lad.  ville  et  dudict  pays,  lequel  nous 
«  avons  alloué 

«  Et  pour  le  regard  des  sommes  conteneues  en  Testât 
«  de  dettes  pretendeues  estre  deues  par  lad.  ville  à  plu- 
«  sieurs  particuliers,  contenans  deux  chapitres  cy-des- 
«  sus,  le  tout  c'est  trouvé  monter  à  quatre-vingt  mille 
«  cens  unze  livres  sept  sols  six  deniers  (2).  » 

A  cet  arrêt  était  annexé,  V Estât  des  debtes  présentes 

et  affirmée  véritable  par  Pierre  de  Méja qu'on 

trouvera  résumé  aux  pièces  justificatives. 


(1)  Arch.  d'Agen  C.C.  192. 

(2)  Arch.  d'Agen  C.C.  192. 


107 

Dans  ce  document  certaines  dettes  mentionnées  ci- 
dessus  avaient  disparu  et  de  nouvelles  y  apparaissent, 
dettes  que,  depuis  1C29,  les  Consuls  avaient  clé  obliges 
de  contracter. 

Au  moment  où  nous  sommes  arrive,  vin<;t  ans  seu- 
lement nous  s<?parent  de  la  {guerre  de  la  l'Vonde  et  pen- 
dant ces  vingt  années  le  pays  d'Agenois  dut  encore  sup- 
porter beaucoup  d'avaries  et  de  misères. 

La  Fronde  acheva  la  ruine  du  pays,  qui,  pour  panser 
et  guérir  ses  blessures,  attendit  longtemps  encore  l'au- 
rore des  jours  meilleurs. 

Dans  cet  intervalle  de  vingt  ans,  un  homme  s'était 
rencontré  dont  le  cœur  inlassable  s'étendait  sur  toutes 
les  misères  sociales.  C'était  un  pauvre  paysan  landais, 
Vincent  de  Paul.  Comme  Jeanne  d'Arc,  il  eut  grand' 
pitié  du  Royaume  de  France. 

Déjà  en  1624,  il  avait  fondé  les  Frères  de  la  Mission 
et  multiplié  «  les  frairies  de  charité  »  qui  bientôt  enve- 
loppèrent la  France  de  leur  réseau  (ij. 

Treize  ans  plus  tard  (Août  1637),  M""=  de  Combalet 
(Marie  de  Vignerod),  nièce  de  Richelieu,  duchesse 
d'Aiguillon  fondait  dans  sa  duché  la  Mission  de  N.-D. 
de  La  Rose,  pour  l'instruction  et  le  soulagement  des 
pauvres  (2). 


A  la  tîn  de  l'horrible  année  163 1,  les  Consuls  sor- 
tants léguaient  à  leurs  successeurs  leur  mélancolique 
testament.  Ce  sera  notre  conclusion. 


(1)  Voir  A.  Fcillct.  La  Misère  nu   temps  de  la  Fronde  et  St-Vin- 
cent  de  Paul. 

(2)  V.  Abbé  Alis.  Histoire  de  la  ville  d  Aiguillon,  p.  272. 


108 

«  Jurade  du  dernier  de  Décembre  1631  sur  l'adieu  de 
«  Messieurs  les  Consulz. 

«  Y  estant  messieurs  de  Grimard,  Ratier,  Laborde, 
«  Caussade,  Roussel  et  Boyer,  Consulz. 

«  A  este  repres'^  par  lesd.  sieurs  Consuls  auxdits 
«  sieurs  Jurats  que  puis  le  commenc'  de  ceste  année 
«  quilz  feurent  mis  en  la  charge  consulaire,  ils  ont  ad- 
«  ministre  les  aff"*^  quilz  ont  eu  sur  les  bras  le  mieux 
«  qu'il  leur  a  este  possible,  quy  ont  este  très  grandes, 
€  ayant  eu  la  famine  et  la  peste  dans  la  Jurisdiction  et 
«  que  pour  y  pourveoir  ilz  ont  este  contraints  emprun- 
«  ter  quelques  sommes  de  deniers  qu'ils  prient  lesd. 
«  sieurs  Jurats  vouloir  approuver  eesemble  tout  ce 
«  quils  ont  faict  jusques  a  ce  jour  dhuy  qui  a  este  avec 
«  ung  tel  soing  et  mesnagerie  qu'il  leur  a  este  possi- 
«  ble  (i)  ». 


Ste-Livrade  d'Agenais,  Mai  1902, 


(I)  Arch.  J'A^en.  BB.  52. 


PIECES  JUSTIFICATIVES 


Les  pièces  qui  sont  ci-annexées  se  composent  : 

1°  Des  délibérations  de  la  juridiction  de  Duras  pen- 
dant la  famine  de  1630-1631. 

2°  Du  Mortuaire  des  paroisses  de  Pinel  et  Hauterive. 

3°  De  trois  pièces  relatives  à  la  ville  d'Aj^en  et  au 
Pays  d'A gênais. 

Les  Jurades  de  Duras  nous  donnent  un  exemple  des 
difficultés  auxquelles  se  trouvaient  en  butte  les  Com- 
munautés d'Airenais  en  ces  temps  de  malheur. 

D'un  autre  côté,  ces  Jurades  montrent  que  dans  un 
pays,  comme  l'Agenais,  qui  contenait  peut-être  un  tiers 
de  ses  habitants  pratiquant  la  R.  P.  R.,  les  divisions 
et  les  haines  confessionnelles  entre  protestants  et 
catholiques  aggravaient  encore  ces  misères. 

Enfin,  ces  délibérations  fournissent  de  précieux  ren- 
seignements sur  les  mœurs  administratives  du  Pays 
d'Agenais. 

En  second  lieu,  il  m'a  paru  bon  de  publier  intégrale- 
ment le  Mortuaire  de  Pinel  et  Hauterive  relatif  à  la 
famine  de  1630-1631. 

On  y  verra  le  lamentable  nécrologe  des  faméliques, 
tenu  avec  une  scrupuleuse  exactitude  par  le  vicaire 
FilhoUy,  le  Designator  de  cette  lugubre  et  intermina- 
ble théorie  de  morts. 

On  jugera  par  le  Mortuaire  de  ce  qu'était  la  famine 
de  1631  en  Agenais,  mortuaire  établi  dans  une  juridic- 


112 

tion  assise  en  Tune  des  régions  les  plus  fertiles  de  notre 
pays. 

Le  Mortuaire  d'une  juridiction  voisine,  celui  de 
Casseneuil,  enregistre,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  de 
véritables  hécatombes.  Mais  le  vicaire  J.  Gizard  reste 
silencieux  sur  la  cause  de  ces  multiples  décès. 

La  cause,  nous  la  connaissons  :  c'est  la  faim. 

On  remarquera  que  la  paroisse  de  Pinel  donna  plus 
de  morts  que  celle  d'Hauterive,  probablement  par  la 
différence  de  nature  du  sol,  moins  productif  à  Pinel  et 
par  conséquent  de  moindres  ressources. 

Les  familles  les  plus  éprouvées  furent  celles  des 
Fichart,  au  village  de  Baillarguet  ;  des  Pontie,  à  Bel- 
mon  ;  des  Feille,  au  village  de  Coste  ;  des  Fraichange, 
des  Borne  et  des  Lapeyre.  Beaucoup  de  ces  familles 
ont  disparu  ;  d'autres  se  sont  déplacées.  D'autres  en- 
core, portées  aux  Mortuaires  de  la  famine  et  de  la 
peste,  existent  toujours,  implantées  et  indéracinables 
sur  cette  terre  qu'elles  cultivent  depuis  plus  de  trois 
siècles.  Ces  familles  y  trouveront  l'irrécusable  témoi- 
gnage des  malheurs  de  leurs  pères  dans  ces  siècles  de 
désolation . 

Meinoria  veterum  renovahitur . 

Les  trois  dernières  pièces  se  rapportent,  la  première 
à  une  lettre  éloquente  et  presque  irritée  de  M'^  Jean 
Barbier,  seigneur  de  La  Serre,  ou  plutôt  à  une  sévère 
apostrophe  aux  Consuls  d'Agen,  qui  montre  les  âpres 
difficultés  inhérentes  à  la  distribution  des  pauvres  et 
les  redoutables  dangers  qui,  dans  ce  temps  de  misère 
noire  et  de  peste  bubonique,  faisaient  trembler  les 
populations. 

La  seconde  se  rapporte  à  l'Assemblée  du  Pays  d'Age- 
nais,  c'est-à-dire  à  la  réunion  du  Tiers  Etat  d'Agenais, 
principalement  représenté  par  les  douze  villes. 


H3 

Nous  la  donnons  in  extenso. 

La  troisième  est  le  résumé  d'un  gros  cahier  où  se 
trouvent  détailles  divers  emprunts  du  Pays  d'A<;en.'iis. 

Enfin  une  quatrième  pièce  que  nous  ajoutons  a  trait 
à  la  levée  des  avances  faites  par  les  Consuls  aux 
habitants   d'Aj^en  pour  les  j^rains  fournis. 

En  pénétrant  au  vif  dans  les  mœurs  linancières  de 
ce  temps,  il  nous  a  semblé  que  le  lecteur  nous  y  sui- 
vrait avec  intérêt. 


DURAS 

JURADE  DU   II   FHVRIER  1631  (i) 


Ledict  jour  en  la  mesme  jurade  a  este  propoze  par 
lesd.  Consuls,  qu'il  serait  temps  de  subvenir  aux  pau- 
vres à  cause  qu'ils  pt^Hsscnt  de  faim  et  pour  cet  eiïaict 
ont  dict  aveoir  fait  advertir  par  leur  mande  les  S"^  Prieur 
et  Curés  de  la  pr.  ville  et  jurisdiction,  Consuls  des 
paroisses  et  habitans  tant  de  lad.  ville  que  jurisd.,  qui 
ne  tiennent  compte  de  s'assembler  en  la  jurade.  Comme 
aussy  ont  dict  avoir  faict  perquisition  de  la  volonté  des 
habitans  pour  le  subvention  pour  les  pauvres  et  treuve 
fort  peu  de  gens  qui  veuilhent  contribuer;  par  plurallité 
des  voix  a  esté  arreste  que  lesd.  S"  Prieur  et  Curés, 
seront  appelés  en  vertu  de  l'arrest  de  la  Cour  du  Par- 
lement de  Bourdeaux  par  un  sergent  royal  pour  savoir 
leur  volonté  aux  lins  de  la  subvention  pour  les  pauvres 
et  seront  sommes  lesd.  Cures  de  porter  le  dénombre- 
ment de  leurs  pauvres  aux  tins  d'y  pourveoir  et  cepen- 
dant que  rolle  sera  faict  du  premier  jour  des  pauvres  de 
la  pr.  ville,  paroisse  de  St-Eyrard  et  Ste-Foy  la  Pe- 
tite, pour  sur  les  rolles  estre  faict  despartement,  dès 
qu'on  leur  pourra  subvenir  par  jour  suivant  le  fonds 
que  la  présente  ville  leur  peu  faire,  et  à  ces  tins  il  sera 
procédé  aux  rolles  et  départe  par  les  sieurs  Mathieu, 
Beaumes,  Barthe  et  Beaulieu,  Not'c''  Royaux.  Aussy  a 


(l)  CcUe  pièce  et  celles  qui  suivent  .<ont   extraites  des  juraJes  de 
Duras.  (Arch.  Dép'"  supplt  E.  1356) 


ii6 

esté  arresté  comme  autrefois  que  les  portes  de  la  ville 
s'ouvriront  par  jour  alternativement  et  que  la  garde 
d'icelles  se  fera  dorénavant  par  Jehan  Charrin  dict  But, 
auquel  sera  bailhé  des  gaiges  six  livres  par  moys  et  il 
ne  laissera  entrer  aucun  pauvre.  Ceux  qui  procéderont 
aux  rolles  des  pauvres  feront  rolle  de  bordiers,  lesquels 
seront  mis  hors  de  la  ville,  mesme  les  bordiers  étran- 
giers  seront  mis  hors  de  la  prés,  jurisd. 

La  vizitte  de  la  prés,  ville  sera  continuée  pour  soy 
couvrir  de  la  maladie  contagieuse  ;  et  pour  s'exanter  de 
la  charge  desd.  pauvres  étrangers,  lesd.  habitans  de  la 
presante  ville  ne  leur  bailheront  de  couvert,  ne  loue- 
ront leurs  maisons  à  peyne  de  cinquante  livres 
(d'amende)  (i). 


(i)  Signé:  Lamorlhiére  jurât,  Joen  jurât,  Constans  jurai,  Royre  ju- 
rât, Janicon.  J.  Janicon  jurât,  Janicon  jurât,  Gharricre  jurât,  Deber- 
nat  jurât,  Baulieu  jurât,  Mathieu  jurât. 


JURADE  DU  17  FÉVRIER  1631 


Aujourdhuy  dix  septiesme  du  moys  de  Febvricr  mil 
six  cens  trente  ung  en  assemblée  générale  dans  la  ville 
du  marquizat  de  Duras  en  Agenois,  Messieurs  les  Juges, 
Consuls  et  Jurats  soubsignés,  estant  ensemble  M"  Ciil- 
let,  Goure  p''^«^  et  curé  de  Balleyssagues,  M<=  Merle  p'"' 
et  curé  de  Savignac,  M»^^  Jehan  Coudert  p'>^<=  faisant  pour 
yi*  Thomas  Coudert  p''^^'  et  curé  de  Lubersac,  les  au- 
tres sieurs  prieur  et  curés  de  la  près,  juridic.  ne  s'es- 
tant  assemblés  duhement  advertis,  a  esté  propoze  par 
lesd.  sieurs  Consuls  l'ordre  que  on  doibt  tenir  pour  la 
subvention  des  pauvres  en  la  distribution  des  fonds 
qu'ils  auront  pour  leur  subvention  pourte  Tarrest  donné 
en  la  Cour  de  Parlement  de  Bourdeaux  le  dix  septième 
Septembre  dernier  passé  (1630)  et  qu'il  est  nécessaire 
d'y  pourveoir  du  premier  jour  a  cause  que  les  pauvres 
de  la  près,  ville  et  jurid.  périssent  de  faim,  par  plura- 
lité des  voix  a  esté  arresté  que  dans  mercredy  prochain 
heure  de  dix  heures  du  matin  lesd.;sieurs  prieur  et  curés 
delà  jurisd.  apporteront  roUe  et  desnombrement  de 
leurs  pauvres  lesquels  roUes  sen  feront  avec  les  per- 
sonnes quy  seront  cy  appres  nomé  et  députe  pour  y  pro- 
céder et  chascune  d'icelles  ensemble  feront  estât  du 
nombre  des  habitants  desd.  paroisses  quy  peuvent  con- 
tribuer a  la  subvention  desd.  pauvres  de  quoy  aussy  Ils 
feront  estât  suyvant  la  faculté  d'ung  chascun  par  esgard 
au  nombre  desd.  pauvres  ;  pour  ce  fait  et  rapport  y 
estre  pourveu  ainsin  que  de  raison  et  pour  la  parroisse 


ii8 


de  Ste  Colombe  et  Auzac  est  depparti  M»  Pierre  Noble 
O"',  pour  la  parroisse  d'Esclotte  M""*  les  Joen  et  M""  E. 
Haulan  ;  pour  Baleyssagues,  M""  le  lieutenant  ;  pour 
Savignac,  M""*  Sauvignac  et  Goure  ;  pour  St-Sernin,  M"" 
Allain  Navarre  ;  pour  Lubersac,  M""  Rouyre  ;  pour  St- 
Front,  Beaulieu  avec  M""  Yzaac  Navarre  et  M>^  Yzaac 
Mercat  ;  pour  la  ville,  St-Eyrard  et  Ste-Foy  la  Petite, 
M«  Mathieu,  Beaume,  Barthe  et  Beaulieu  (i). 


(i)  Signé  :  Terras,  Juge  et  Jurât;  J.  Joan,  Jurât  ;  Merle,  Jurât  ; 
CoNSTANS,  Jurât; 
Goure,  phre  sans  tirer 

à  conséquence  ;  Charbier,  Jurât  ; 

Barthe  ;  Mathieu,  Jurât  ; 

J.  Janicon  ;  ROYRE,  Jurât. 

Descsugn ATS,  Jurât  ; 
Beaulieu,  Jurât. 


RÉSUMÉ 

DE   LA   DÉLIBÉRATION    DU    l8   FÉVRIER 

(Duras) 


MM"^  Terras  Juge  et  Laulan  avocat  en  Parlet  appor- 
tent le  rôle  qu'ils  avaient  fait  la  veille.  Quoique  requis, 
M«  Pierre  Cales  ?  p'"^*=  et  curé  de  la  paroisse  n'y  voulut 
assister,  bien  que  somme  par  Sergent  Royal  et  autres 
diverses  personnes.  Pierre  Noble,  Consul  fut  obligé  de 
faire  le  rôle  en  l'absence   du  curé  de  Ste-Colombe  et 
Auzac,  comme  Jehan  Beaulieu  en  l'absence  du  curé  de 
St-Front,  Mathieu  Sauvignac  et  M»  ?   Merle,  curé  de 
Savignac  :  Jean  Royre,  assisté  de  M«  Thomas  Coudert, 
curé   de  Lubersac,  remit  les  rôles  entre  les   mains  du 
Consul  Noble.  Le  prieur  de    Duras  et  le  curé    de  la 
paroisse  ne  parurent  pas  à  lajurade  malgré  la  notifica- 
tion de  l'acte  de  la  veille.  M«  Jean  Barthe,  procureur 
du  Roi  au  siège   de  Castelmoron,  assura  qu'ils  étaient 
portés   de   bonne  volonté.    Cependant    l'absence    des 
«  sieurs  eccleziasticques  »  empêchait  de  pourvoir  à  la 
subvention  générale  des  pauvres  de  la  juridiction  jus- 
qu'à   ce    qu'on    en     connut    le    nombre.    On    décida 
cependant  qu'on  enverrait  le  s""  Barthe  à  Bordeaux  pour 
emprunter  «  somme    notable  ».  Messieurs  du    consis- 
toire et  habitants  de  la  pr.  ville  seront  priés  de  distri- 
buer selon  leurs  pouvoirs  aux  pauvres  de  St-Eyrard  et 
de  son  annexe,  sans  leur  permettre  l'entrée  de  la  ville 
à  cause  de  l'infection.  Dans  les  autres  paroisses  il  sera 
par  provision  pourvu  a  la  distribution  en   l'absence  ou 
en  la  présence  des  sieurs  ecclésiastiques  jusqu'à  ce  que 


120 

les  rôles  touchant  le  nombre  des  pauvres  seront  faits. 
Lajurade  néanmoins  chargea  les  Consuls  de  convo- 
quer «  assemblée  généralle  desd.  eccléziastiques  et  de 
«  tous  les  peuples  ».  Comme  M**  Ysaac  Mercat  avait 
négligé  d'apporter  les  rôles  de  la  par.  d'Auriac,  de 
même  que  le  Consul  M"^  Jehan  Mercat  pour  la  paroisse 
de  Baleyssagues  «suivant  sa  députation  »,  lajurade  les 
condamna  «  en  la  somme  de  trois  livres  envers  les  pau- 
€  vres...  en  paiement  de  laquelle  ils  seront  contraints 
«  par  toutes  voies  dheues  et  raisonnables  » . 

Le  même  jour,  lajurade,  en  attendant  le  règlement 
de  l'afifaire,  exhorta  les  habitants  de  la  ville  à  contri- 
buer «  selon  leur  puissance  aud.  entretien  et  qu'à  ces 
«  fins  les  s""^  Noble,  Consul,  Janicon,  Laulan,  Barthe, 
«  Constans  et  Royre,  suivront  touttes  les  maisons  pour 
«  les  disposer  à  adjouter  à  ce  qu'ils  ont  cy  devant  pro- 
«  mis  par  sepmaine,  parce  que  leur  charitte  se  treuve 
«  trop  petite  pour  le  grand  nombre  des  pauvres  qu'il  y 
«  a  •,  ensemble  que  les  sieurs  Prieur  et  curé  donneront 
«  de  leur  libéralités  suyvant  et  conformément  ù  Tinten- 
«  tion  de  l'arrest  gênerai  de  Nosseigneurs  de  Parlement 
«  et  de  leurs  propres  promesses  faictes  de  leur  part  par 
«  ledit  sieur  Barthe  quy  a  ces  fins  est  prié  de  bailher  en 
«  aumosne  deux  boisseaux  du  bled  pour  led.  s"^  Prieur 
«  pour  continuer  la  charitte  commencée  puis  quelques 
«  jours  par  le  Consistoire,  lequel  avec  ce  quy  sera  rap- 
«  porte  des  libéralités  desd,  s""*  Prieurs,  curé  et  habi- 
«  tants  sera  prié  de  contribuer  selon  sa  puissance  à 
«  rendre  parfaite  la  subvention  ordonnée  pour  lesd, 
«  pauvres  ce  que  led.  s""  Barthe  a  promis  faire  ». 


JURADE  DU  26  MARS  1631 
(Partie  en  résume  —  Partie  in  extenso) 


«  Aulx  fins  de  prendre  une  dernière  et  absollue  réso- 
«  lution  pour  la  subvention  des  pauvres  ».  Assemblés 
«  M*^  ricrre  Terras,  juge  de  la  pr.  ville,  M.  Pierre 
«  Noble,  Consul,  M'=  Jehan  Joen  et  Jehan  Janicon  ad« 
«  en  la  Cour  de  Pari'  de  B^,  W  Pierre  Mathieu,  Ma- 
«  thieu  de  Savignac  N.  R.,  Ysaac  Navarre,  Jehan  Royre 
«  M"^  Ysaac  Mercat,  Pierre  Rey,  M"=  ?  Morin,  Jurats  et 
«  notables  habitants.  Ensemble  N^  Arnaud  Merle  p''^^' 
«  et  curé  de  la  par.  de  Savignac,  M-^  Gilles  Gorsse  p*"^^' 
«  et  curé  de  Bayleyssague  et  frcre  Guilhem  Chabrie, 
«  recteur  de  la  par.  de  St-Front,  M*"'  Mathurin,  Fran- 
ce çois  et  Bernard  Barthe,  frères,  Jehan  Guamallie  ? 
«  estant  Jurât  de  la  paroisse  de  Ste-Colombe,  Jehan 
«  Graulensdit  Petit  Jurât  de  la  par.  de  St-Sernin,  Jehan 
«  ChapouUie  Jurât  de  la  par.  de  Savignat  et  en  absence 
«  de  Dom  Pierre  Peyrot  prieur  de  la  pr.  ville  et  par. 
«  de  St-Eyrard  et  M«  Jehan  Barihe  curé  de  lad.  pr.  ville 
«  et  susdite  par.  St-Eyrard,  M«  Laurens  Meric  ?  recteur 
«  de  la  par,  d'Auzat  M*  Pierre  OuUière  ?  rect.  de  la 
«  par.  d'Esclottes,  M^  Cautellat  et  (un  blanc)  Dufadi 
«  prieur  et  curé  des  par.  de  Ste-Coulombe  et  Auzac, 
«  M"^  Thomas  Coudert  prestre  et  recteur  de  Lubersac, 
«  M«  Geraud  Fri  ?  recteur  de  la  par.  de  St-Semin 
«  dhuement  assigné  à  ces  fins  par  de  Morin  serg.  R. 
«  comme  a  appareu  de  ses  exploits  et  aussy  en  l'absence 
«  de  Pierre  Pasquier  Consul  de  par.  de  Bazadois  et  de 
«  François  Villar  Consul  de  paroisse   d'Agenais  et  de 


122 

«  plusieurs  autres  Jurais  des  susd.  parroisses  dhuement 
«  intimés  par  le  mande  de  la  Jurade  de  la  pr.  ville. 

«  Apres  avoir  este  propoze  par  led.  sieur  Consul  quil 
«  a  diverses  foys  essaya  d'assembler  tous  les  susd.  eccle- 
«  ziasticqnes,  ensemble  la  Jurade  des  paroisses,  pour 
«  pourveoir  dhuement  à  la  subvention  des  pauvres  suy- 
«  vant  l'arrest  de  Nosseigneurs  de  Parlement,  néant- 
«  moings  quelque  dilligence  qu'il  ayt  peu  faire  il  napeu 
■i  convocquer  que  les  troys  susnommés,  ny  lad.  Jurade 
«  des  champs,  laquelle  avec  les  susd.  eceleziastiques 
«  deffailhants  reffusent  de  se  joindre  au  reste  du  corps 
«  de  la  prés.  Communaulte  pour  se  soubstraire  a  un  si 
«  sainct  debvoir  sçachant  bien  que  sans  heulx  il  ne 
«  peult  estre  resoleu  absollumant  sur  ce  subject,  auroit 
«  requis  la  Compagnie  de  délibérer  promptement  at- 
«  tandeu  que  les  pauvres  deffaillent  journellement  par 
«  deffaut  de  charité.  Par  pluralité  des  voix  a  este  déli- 
ce béré  qu'attandeu  l'absence  des  susd.  huit  ecclesiasti- 
«  ques  et  des  Consuls  et  Juratsdes  parroisses  il  ne  peult 
«  estre  pourveu  absollument  aud.  affaires,  néantmoingts 
«  attandant  que  sera  commoditte  de  s'assembler,  attan- 
«  deu  qu'on  ne  peult  trouver  sommes  notables  et  suffi- 
«  santés  pour  la  norriture  des  pauvres  a  esté  arreste... 
«  que  la  sixiesme  partye  desd.  pauvres  de  la  pr.  ville  et 
«  juridiction  sera  subvenue  et  entretenue  parles  susd. 
«  eccleziasticques  sellon  l'ordre  ordonné  par  le  susd. 
«  arrest  et  que  à  ces  fins. . .  il  en  serait  faict  partage  sur 
«  les  rolles  et  denonbrement  d'iceulx  quy  en  a  esté  cy 
<c  devant  faict.  Pour  faire  lequel  partage  ont  esté  deput- 
«  tes  lesd.  s'^  Noble,  Consul,  Laulan  et  Biarn  ?  Jurât  de 
«  la  pr.  ville,  les  sieurs  Pierre  Gorsse  curé,  Barthe, 
«  prieur  et  curé  et  M^  Arnaud  Merle...  ' 

4  Et  les  cinq  sixiesmes  partyes  restants  du  nombre 
«  desd.  pauvres  sera  subvenue  par  tous  les  habitants  de 
«  la  pr.  ville  et  jurisd.  capables  de  lad.  subvention 


"3 

«  chascun  scllon  leurs  facilitez  et  en  suyvant  le  partage 
«  et  distribuôn  quy  en  sera  fuict  par  les  sus  nommés. 


Terras,  Juj^e  et  Jurât. 
J.  jANicioN,  Jurât. 
Laulan,  Jurât. 
ROYRK  hab'. 
liEAULliiU,  Jurât. 
DE  Mur  AT,  Jurât. 
DE  MoZNE,  hab'. 


JURADE  DU  38  AVRIL  1631 
(Répotise  à  l'arrêt  du  Parlement  du  24  Avril) 


En  Jurade  tenue  a  Duras  le  vingt  huictiesme  Apvril 
«  1631  a  laquelle  ont  assiste  les  Jurats  soubsignes,  sur 
«  la  proposition  qui  a  este  faicte  de  par  les  sieurs  Con- 
«  suis  tendant  a  ce  qu'ayant  este  faict  certaine  démons- 
«  tration  fausse  et  artificieuse  ou  imputation  à  Monsieur 
«  le  Procureur  Général  que  les  Jurats  de  la  pr.  ville 
«  faisoient  refus  de  distrivuer  les  aulmosnes  aux  pau- 
«  vres  de  la  Religion  Catholique  Romaine  et  autres 
«  choses  concernant  ce  contenues  en  l'arrest  donne  par 
«  la  Cour  de  Parlement  le  24  du  présent  mois  a  la 
«  réquisition  dud.  Seigneur  Procureur  Général  dont 
'i  lecture  a  esté  faicte  en  la  présente  compagnie,  la 
«  compagnie  a  arreste  que  les  sieurs  Merlault  et  Laulan 
«  conféreront  avec  le  s^"  Roche  proc.  en  la  chambre  (i) 
«  pour  prendre  l'ordre  qu'il  faudra  tenir  pour  se  deffen- 
«  dre  en  lad.  chambre  et  sur  ce  qui  sera  résolu  led.  s"" 
«  Merlault  envoyera  homme  expert  ou  yra  en  personne 
«  sellon  quil  aura  este  treuve  expédient  en  la  ville 
«  d'Agen  pour  obtenir  l'expédition  nécessaire  a  nostre 
«  deffance  et  que  led.  s""  Merlault  advancera  les  frais 
«  nécessaires  aux  despans  du  public. 

Signé  :  Laulan,  Jurât  ;  J.  JANICON,  Jurât; 
Charriere  ,  Jurât  \  Beaulieu  , 
Jurât;  de  Beaume,  Jurât;  Des- 
CRUGNATs  ,  Jurât  ;  Merlault  , 
Cousul  ;  Beyre,  Consul. 

(i)  Chambre  de  l'Edit. 


125 


Les  dissentiments  entre  catlioliques  et  protestants 
continuôrent,  car  par  une  lettre  du  marquis  de  Duras, 
la  Jurade  se  réunit  le  30  Mai  1631. 

r  Item  en  la  mesme  Jurade  (30«  May  1631)  ayant  esté 
«  représente  parMi'Pierre  Noble,  C'"',  avoir  rcpceu  une 
«  lettre  de  Monseigneur  le  Marquis  du  présent  lieu  es- 
«  cripte  de  Lorges  du  quinziesme  du  présent  moys  par 
«  laquelle  il  mande  qu'il  luy  a  este  bailhe  advis  que 
«  les  ausmosnes  quy  se  font  en  la  présente  ville  ne  se 
«  font  à  tous  générallement  quoique  les  habitants 
«  catholiques  y  contribuent,  a  esté  arreste,  lecture 
«  faicte  de  la  lettre  de  Monseigneur  le  marquis  qu'il 
«  sera  faict  response  au  nom  du  publicq  par  M""  Laulan 
«  quy  a  esté  prie  d'en  prandre  la  peyne  (i). 

Dans  cette  même  Jurade,  on  prit  la  délibération  suivante,  relative 
aux  deux  pippes  de  maïs  que  le  marquis  de  Duras  (i)  avait  données 
pour  les  pauvres. 


(1)  Guy  Aldonce  de  Durfort,  marquis  de  Duras,  comte  de  Rozan 
(1605-1665),  maréchal  de  camp  en  1637,  père  de  Jacques  Henry  de 
Durfort,  duc  de  Duras,  maréchal  de  France. 


JURADE  DU  30  MAI  1631 


Aussy  en  la  mesme  Jurade  (30e  May  1631)  a  este 
arreste  que  les  deux  pippes  de  bled  milhet  qu'il  a  pieu 
à  Monseigneur  le  Marquis  du  présent  lieu  donner  pour 
ausmones  auxd.  pauvres  de  la  prés,  ville  et  jurisd.  géné- 
rallement  sera  vandu,  pour  l'argent  qu'il  en  proviendra 
estre  distribué  auxd.  pauvres,  led.  milhet  ne  se  pouvant 
estre  distribue  en  bouilhie,  à  cause  de  l'infection  et 
malladye  contagieuse  quy  est  par  la  juridiction,  la- 
quelle distribution  se  faira  par  le  sieur  Ro3're,  conseul 
au  premier  jour  et  a  chascung  pauvre  ung  sol  par  jour, 
tant  que  l'argent  quy  proviendra  du  milhet  durera  (i). 


(1)  Arch.  C"  Duras  1356.  (Aux  Arch.    D'<=-),  pp.  316,  317,  318,  320 


EXTRAIT  DU  MORTUAIRE 

DE 
N.-D .  DE  PiNEL  ET  DE  Ste-CATHERINE  D'H AUTERIVE  (  1  ) 


Le  Judi  Sainct  vingt  et  huict  Mars  1630  fut  treuve 
mort  Tounion  Dugols  dans  le  bois  de  Baliarguet  et 
mourut  de  faim  (2). 

Le  8^  Octobre  1630,  ay  enseveli  lehan  Espinasol  dict 
le  Cuisinier,  âgé  de  soixante  ans  et  mourut  dans  l'écu- 
rie de  M""  d'Hauterive. 

Premier  D(?cembre  1630  plus  ie  enseveli  Guilien 
Villeneufve  fils  de  Thoni  Villeneufve  dit  Thoniet  et  de 
Jeanne  Andrau  et  a  este  mis  dans  le  cimetière  de  Pinel 
âge  de  vingt-trois  ans  et  mourut  de  fain. 

FiLHOLLY. 

le  enseveli  un  petit  garsoun  del  Parou  dans  le  cime- 
tière d'Hauterive  qui  est  mort  de  fain. 


(i)  Canton  de  Monclar  d'Agrenais. 

Sur  la  couverture  en  parchemin,  on  lit  :  Registre  acommancer  en 
l'année  1620  jusqu'à  l'année  1640. 

Mais  un  autre  intitulé  a  précédé  ce  dernier.  On  n'en  voit  que  la  trace, 
l'encre  en  étant  presque  effacée  et  presque  illisible  sauf  les  premiers 
mots  :  Cest  livre 

^2)  Je  ne  publie  pas  les  décès  de  Septembre,  Octobre  et  Novembre 
1630,  quoiqu'ils  soient  dus  certainement  à  la  lamine,  parce  que  la 
cause  du  décès  n'y  est  pas  expressément  indiquée  par  le  vicaire 
FilhoUy. 


128 

Plus  ie  enseveli  deux  petits  enfants  et  une  petite  rilie 
des  Boriquets  de  Blanchou  et  sount  morts  de  fain  et 
sount  este  mis  dans  le  cemitiere  de  Pinel  par  moy. 

FiLHOLLY,  Vicaire. 

Plus  ie  ansevel}'  un  petit  anfant  et  une  petite  filie  des 
Gorgi  Vimals  qu'ils  sount  morts  de  fain  ^t  les  ay  anse- 
vely  dans  le  cemitiere  de  Pinel  par  moy. 

FiLHOLLY,  Vicaire. 

Plus  ie  ansevely  deux  petits  anfants  dans  le  cemitiere 
de  Pinel  fils  de  feu  Guiral  Horadou  et  sount  morts  de 
fain,  du  village  de  Pasture. 

FiLHOLLY,  Vicaire. 

Plus  se  truva  morte  une  pobre  filie  tout  près  du 
vilage  de  Lemousi  et  fut  ansevelie  au  cemitiere  de 
Pinel,  elle  estoit  du  vilage  de  Coste  filie  de  feu  Pierre 
Felie  âgée  de  quinze  ans  et  mourut  de  fain  1631. 

FiLHOLLY. 

Plus  ie  anseveli  un  petit  anfant  de  Biguier  dans  le 
cemitiere  d'Hauterive  qui  avoit  nom  Thoni  âge  de  qua- 
tre ans  mort  de  fain . 

FiLHOLLY. 

Plus  ie  anseveli  une  petite  filie  del  Faurat  dans  le 
cimetière  d'Autherive  et  morte  de  fain. 

FiLHOLLY,  Vicaire. 

Plus  est  morte  de  fain  dans  le  Biar  (i)  la  famé  del 
Piel  Rouge  de  Reginac. 

Plus  et  mort  de  fain  dans  le  Biar  un  fis  de  lespagnol 
de  Boutoric. 

Le  18  Décembre  1630  a  este  anseveli  Arnaud  Lan- 
drivie  âge  de   sincquante  ans  du   village   de 

(i)  Le  Béarn. 


129 

Coste  a  este  truve  mort  dsns  la  grange  du  Sei- 
ne» (l)  gneur  U'Authcrive  et  a  este  mis  dais  le  cemi- 
tiere  d'Autherive  par  moy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  vingt  et  sincquiesme  de  Décembre  jour  de  la 
Noël  fut  ansevelie  Mounde  Soulage  vefbe  de 
rien         feu  Grabielot   agee  de   quatre  vingts  ans  fr.t 
mise  dans  le  cemitiere  d'Autherive  par  moy. 

FiLHOLLY. 

Et  le  mesme  jour  de  Noël  1630  a  este  ansevelie 
Graviele  Ponthie  filie  de  feu  Giraud  Ponthie 
rien        et  de  Jeanne  Fraichenge  agee  de  trente  ans  et 
fut  mise  dans  le  cemitiere  de  Pinel  par  moy. 

FiLHOLLY. 

Le  vingt  et  six   Décembre  1630  a  este  ansevelie 
Jeanne  Ponthie  filie  de  feu  Franciliou  Ponthie 
rie>i        agee  de  quinze  ans  et  fut  mise  dans  le  cemi- 
tiere de  Pinel  par  moy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  6"^«  Janvier  1631   ay  ansevelie  Jeanne  Chau- 
bart  vefbe  de  feu  Esteve  Ponthie  agee  de  soi- 
rien        xante  et  dix  ans  et  a  este  mise  dans  le  cemi- 
tiere de  Pinel  par  moy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  traiziesme   lanvier  1631   ay  ansevelie  Jeanne 

Lalebre  vefbe  de  feu  Pierre  Felie  du  vilagc  de 

rien        Coste   agee    de  sincquante  ans  et  morte  de 

.famine  et  fut  mise  dans  le  cemitiere  de  Pinel 

par  moy. 

FiLHOLLY. 


(I)  Ce  mot    rien  doit  se  rapporter  au  casuel.   Le  vicaire   indique 
qu'il  n'a  rien  touché  pour  les  funérailles. 


130 

Le  i6«  lanvier  1631  ay  ansevelie  Anthonie  Felie 
vefbe  de  feu  lehan  Borne  agee  de  soixante  ans 
rien        et  a  este  mise  dans  le  cemitiere  de  Pinel  et 
morte  de  famine  l'cfice  a  este  faicte  par  moy . 
FlLHOLLY,  vicaire. 

Le   17e  lanvier  ie  anseveli  Guillen  Dufour  et  a 
rien        este  mis  dans  le  cemitiere  de  Pinel  par  moy  et 
mort  de  famine  âge  de  soixante  ans. 

FlLHOLLY,  vicaire. 

Le  vingt-et  trois  lanvier  1631  le  ansevelie  Marie 
Lacounque  famé  Leonart  Borne  dit  Bricou  du 
rien        vilage  de  Coste  agee  de  trante  ans  et  a  este 
mise  dans  le  cemitiere  de  Pinel  par  moy. 
FlLHOLLY,  vicaire. 

La  de  Finete  et  morte  de  famine. 
Le  vingt   et   quatre   lanvier    163 1   ay    anseveli 
lehan  Borne  fils  de  Leonart  Borne  et  de  Marie 
rien        Laconque  et  a  este  mis  dans  le  cemitiere  de 
Pinel.  Conte  deux  cens  (i). 

FlLHOLLY,  vicaire. 

Le  trantiesme  lanvier  1631  a  estee  ansevelie  Marie 
Fraichange  famé  de  Coine  agee  de  trante  ans  morte  de 
fain  et  fut  mise  dans  le  cemitiere  de  Pinel  par  moy. 

FlLHOLLY,  vicaire. 

Le  dernier  lanvier  1631  a  este  anseveli  lehan  Sirven 
fils  de  feu  lehan  Sirven  et  de  leanne  Fraichanges  âge 
de  sine  ans  et  a  este  mis  dans  le  cemitiere  d'Autherive 
et  est  mort  de  fain. 

FlLHOLLY. 


(l)  Ce  compte  des  morts  comprend  les  morts  de  1627,  1628,  1629  et 
1630.  Les  années  1627  à  1629  ont  été  des  années  de  pest«.  Les  pestifé- 
tès  n'y  sont  pas  compris  :  on  les  enterrait  sur  place  par  terreur  de  la 
contagion  et  leurs  noms  ne  figurent  qu'exceptionnellement  dans  les 
Registres  Paroissiaux. 


131 

Le  quatriesme  Fcbvrier  1O31  ie  ansevelie  CMarete 
Escairac  velbe  de  feu  Estébé  Péri  sarj^an  roial  a^ee  de 
sincquante  et  sine  ans  et  fut  mise  dans  le  cemitiere 
d'Autherive  par  moy. 

FlLHOLLY,  Vicaire. 

Morte  de  misère. 

Deux  cens.  —  Le  septiesme  Febvrier  1631  ie  anseveli 
lehan  Laconque  âge  de  sincquante  et  sine  ans  et  a  este 
mis  dans  le  cemitiere  de  Pinel  et  mort  de  fain. 

FlLHOLLY,  Vicnire. 

Le  nufiesme  Febvrier  ie  anseveli  dans  le  cemitiere  de 
Finel  Oulivou  del  Four  lis  de  feu  Guilien  del  Four  et 
de  leanne  ^lachefer  âge  de  vingt  ans  et  mort  de  fain. 

FlLHOLLY,  vicaire. 

Le  mesme  jour  nufiesme  ie  anseveli  Guilien  la  Con- 
que dans  le  cemitiere  de  Pinel  âge  de  trante  et  sine 
ans  et  en  mesme  tams  Ion  vint  dire  que  soun  frère 
Pierre  estoit  mort  vers  Pauliac  (i)  ils  sount  tous  deux 
morts  de  fain. 

FlLHOLLY,  vicaire.      * 

Le  dishuictième  Febvrier  1631  a  este  ansevelie  lane 
Chopi  famé  de  lelian  Villenufbe  agee  de  crante  ans  et 
fut  ansevelie  dans  le  cemitiere  de  Pinel  et  ausi  mourut 
une  siene  petite  filie  de  sine  ans  et  sount  mortes  de 
fain  et  sount  estes  ansevelis  a  Pinel. 

FlLHOLLY,  vicaire. 

Et  le  mesme  iour  fut  anseveli  Pierre  Pontie  fils  de 
feu  landilie  Pontie  et  une  siene  petite  filie  et  sount  estes 
ansevelis  dans  le  cemitiere  de  Pinel  et  sount  morts  de 
fain  il  pouvoit  avoir  crante  ans. 

FlLHOLLY,  vicaire. 


(i)  Pauliac  (château  de).  JuriJ.  Je  Casseneuil,   paroisse  de  Ste-Li- 
vrade.  ChAteau  des  sieurs  de  Cours  de  Pauliac. 


Isa 

Et  le  mesme  iour  ay  ansevelie  dans  le  cemitiere 
d'Autherive  Marguete  Pers  vefbe  de  feu  Blasi  Romex 
forniere  de  la  dame  du  presant  lieu  (i)  et  morte  de  fain 
an  foi  de  ce  ay  signé . 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  vingtiesme  Febvier  1631.  le  anseveli  dans  le  cemi- 
tiere de  Pinel  lehan  Pontie  fis  de  Pierre  Pontie  qui 
mourut  ausi  le  dis  huictiesme  du  presant  mois  âge  de 
vingt  ans  et  mourut  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Plus  le  vingtiesme  Febrier  163 1  le  anseveli  Bernad 
Leornat  Borne  dans  le  cemitiere  de  Pinel  âge  de  crante 
ans  il  mourut  de  fain. 

FiLHOLLY. 

Plus  le  vingt  et  uniesme  Febrier  ay  anseveli  dans  le 
cemitiere  de  Pinel  lehan  Filiol  fis  de  feu  Pierre  Filiol 
et  mère  Estrugue  Horadou  âge  de  douse  ans  et  mort 
de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  vingt  et  quatre  Febrier  1631  ie  anseveli  Helis 
Auseral  vefbe  de  ifeu  Thoniet  Felie  (2)  âge  de  soixante 
et  quinse  ans  et  a  este  mise  dans  le  cemitiere  de  Pinel 
et  morte  dans  le  vilage  de  Garigou  l'ofise  a  este  faict 
par  moy. 

FiLHOLLY. 

Le  vingt  et  sincquiesme  Febrier  163 1  ie  anseveli  dans 
le  cemitiere  de  Pinel  lannie  Coste  dict  Auseral  du  vi- 
lage de  Dantou  âge  de  soixante  et  quinse  ans  et  mort 
de  fain  lofice  a  este  foict  par  moy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 


(1)  Anthoinette  de  Rance,  dame  d'Hauterive,  femme  de  Philippe  de 
Raffin,  baron  d'Hauterive,  mort  en  1614  à  Agen. 

(2)  Feille. 


i3^ 

Le  vingt  et  six  Febrier  163 1  ie  anseveli  deux  petis 
anfans  de  Pierre  Pontic  du  village  de  Belmoun  qui 
sount  morts  de  fain  et  sount  este  mis  dans  le  cemitiere 
de  Pinel  par  moy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  vingt  et  septiesme  Febrier  ie  anseveli  dans  le  ce- 
mitiere de  Pinel  lehan  Chanet  dict  lou  Marsalairc  qui 
et  mort  de  fain  âge  de  sincquante  ans. 

Plus  le  mesme  iour  ie  ansevelie  dans  le  cemitiere  de 
Pinel  Margueritte  Berdier  vefbe  de  feu  lehan  Daurat 
dict  lehan  de  Mette  âge  de  sincquante  ans  morte  de 
fain. 

FiLHOLLY. 

Plus  ie  anseveli  au  mesme  iour  lehan  Delbrel  fis  de 
Mase  Delbrel  et  de  leanne  Fraichange  âge  dun  an  et 
demi  a  este  anseveli  dans  le  cemitiere  et  Pinel  et  par 
moy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  dernier  Febrier  1631  ie  ansevelie  Caterine  Pou- 
mie  famé  de  Ramound  Mathieu  dict  de  Founpeirade 
dans  le  cemitiere  de  Pinel  agee  de  crante  et  sine  ans  et 
a  este  mise  dans  le  cemitiere  de  Pinel  par  moy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  premier  de  Mars  163 1  ie  anseveli  dans  le  cemi- 
tiere dAutherive  Guiral  Parrot  fis  de  Guiral  Parrot  et 
la  mère  Thonie  Fraichenge  âge  de  quinse  ans  et  mou- 
rut de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  secound  Mars  ie  anseveli  lehan  Perie  metadier  de 
Monsieur  Landrivie  dans  le  cemitiere  de  Pinel  âge  de 
soixante  et  dix  ans. 

FiLHOLLY,  vicaire. 


Î34 

Le  mesme  iour  ie  anseveli  dans  le  mesme  cemitiere 
lehan  Lapeire  fis  de  Andrieu  Lapeire  âge  de  vingt  ans 
et  mort  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Dus  cens  vingt. 

Le  quatriesme  Mars  iour  de  mardi  gra^;  1631  ie  anse- 
velie  leanne  Villenefbe  feme  de  lehan  Ravanel  dict 
Fournie  dans  le  cemitiere  de  Pinel  agee  de  crante  ans 
par  moy. 

FiLHOLLY. 

Plus  le  mesme  iour  ie  ansevelie  une  petite  filie  de 
Guilien  Guitoun  esclopie(i)dans  le  cemitiere  dAuthe- 
rive  et  sa  mère  leanne  Fromen  et  morte  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  sincquiesme  lourde  Mars  premier  iour  de  Caresme 
ie  anseveli  dans  le  cemitiere  de  Pinel  Thonie  Ficliart 
filie  de  Thonie  Fichart  et  de  Guilianete  Laporte  âge  de 
vingt  ans  morte  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  sisiesme  iour  de  Mars  i63iie  anseveli  dans  le  cemi- 
tiere de  Pinel  lehan  Fraichange  fis  de  feu  du  thalieur 
de  Sedfouns  (2)  âge  de  vingt  ans  et  mort  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  septiesme  Mars  163 1  ie  anseveli  Robert  Velbisi 
âge  de  vingt  et  deux  ans  dans  le  cemitiere  de  Pinel  fis 
de  laque  Velbisi  et  de  Françoise  Boe  par  moy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Et  le  mesme  iour  et  mesme  hure  ie  ansevelie  Mar- 
gueritte  Coste  agee  de  sine  ans  filie  de  lehan  Costa  et 
mère  lanne  Cabasut. 

FiLHOLLY. 


(i)  Sabotier. 

(2)  Lieu  de  Septfone,  juridiction  et  paroisse  de  Ste-Livrade. 


135 

Le  nufiesme  Mars  1631  ie  anseveli  dans  le  cemitiere 
de  Pinel  lehan  Marchiliac  dict  lean  de  la  lanne  aj^e  de 
soixante  et  dix  ans. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  dixiesme  Mars  1C31  ie  anseveli  dans  le  cemitiere 
de  Pinel  lehan  Garri  fis  de  François  Gari  et  de  Vidale 
Blanchou  âge  de  sine  ans  et  mort  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  dougiesme  Mars  163 1  ie  ansevelie  Philipe  Croze  ? 
famé  de  Leornat  Horadou  dit  Vidau  âge  crante  ans  et  a 
este  mise  dans  le  cemitiere  de  Pinel  et  morte   de  fain. 

Et  le  mesme  iour  et  mesme  hure  que  desus  ie  anse- 
veli au  mesme  cemitiere  (en  blanc). 

Le  tregiesme  Mars  1631  ie  ansevelie  dans  le  cemi- 
tiere d'Autherive  Guiraude  Felie  agee  de  six  ans  filie 
de  lantei  Felie  et  mère  Magdelene  del  Souc. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  quatorsiesme  Mars  163 1  ie  anseveli  Pierre  Four- 
caude  dit  Dandoie  âge  de  sincquante  ans  et  a  este  mis 
dans  le  cemitiere  dewPinel  et  mort  de  fain. 

Plus  a  mesme  iour  et  mesme  hure  ie  anseveli  lehan 
Lascases  âge  de  vingt  ans  fis  de  Pierre  Lascases  et  mère 
lanne  Hauradou  et  mort  de  fain  a  este  mis  dans  le 
cemitiere  de  Pinel  par  raoy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  quingiesnie  Mars  1631  ie  ansevelie  leanne  Cariere 
dans  le  cemitiere  d'Autherive  famé  de  Pierre  Sartigues 
ticeran  agee  de  soixante  et  quatorse  ans  et  morte  de 
fain, 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  cesgiesme  Mars  163 1  ie  anseveli  dans  le  cemitiere 


136 

de  Pinel  lehan  Marsiliac  âge  de  deux  ans  tis  de  Gui- 
lieu  Marsiliac  et  Cebelie  Alboret. 

Filholly,  vicaire. 

Le  dis  et  septiesme  de  Mars  1631  ie  ansevcli  dans  le 
cemitiere  de  Pinel  Anne  Houradou  filie  de  feu  Guiral 
Ouradou  et  mère  Anne  Glaunes  agee  de  douse  ans  et 
morte  de  fain. 

Plus  au  mesnie  iour  et  raesme  hure  et  au  mesme  ce- 
mitiere ie  anseveli  Guilien  Lascases  fis  de  Pierre  Las- 
cases  et  mère  lanne  Houradou  âge  de  trois  ans  et 
mort  de  fain. 

Filholly,  vicaire. 

Le  dis  huictiesme  Mars  1631  ie  ansevelie  Bernede 
Mauriel  famé  de  lehan  Sales  dit  Couret  agee  de  soi- 
xante et  dis  ans  et  a  este  mise  dans  le  cemitiere  de 
Pinel  et  morte  de  fain. 

Filholly . 

Le  dixcenufiesme  Mars  iour  de  Sainct  Joseph  ie  anse- 
veli dans  le  cemitiere  d'Autherive  Bartholemi  Guitoun 
et  de  lanne  Fromen  (sic)  âge  de  sept  ans  et  morte  de 
fain. 

Filholly,  vicaire. 

Le  mesme  iour  que  desus  ie  anseveli  dans  le  cemi- 
tiere de  Pinel  Pierre  Bedrines  âge  de  crante  ans  et  mort 
de  fain. 

Filholly,  vicaire. 

Ledict  Pierre  ce  tenet  au  vilage  de  Perroti. 

Deux  cens  crante. 

Le  vingtiesme  Mars  1631  ie  anseveli  Mathias  Deldon 
fils  de  Filipou  Deldon  du  vilage  de  Blanchou  âge  de 
douse  ans  et  fut  dans  le  cemitiere  de  Pinel  et  mort  de 
fain. 

Filholly,  vicaire. 


137 

Le  vingt  et  uniesnie  Mars  1631  i&  anseveli  une  petite 
tilie  de  douse  ans  filie  del  Barbe  blanc  de  Perouti  dans 
le  cemitiere  de  Pinel  et  morte  de  fain. 

Filholly,  vicaire. 

Plus  le  vingt  et  deux  Mars  163 1  ie  anseveli  Thoni 
Ouradou  âge  de  dix  ans  fis  de  Filip  Ouradou  et  mère 
Marie  Ferand  et  a  este  mis  dans  le  cemitiere  de  Pinel 
et  mort  de  fain. 

Filholly,  vicaire. 

Le  vingt  et  trois  de  .Mars  1631  ie  ansevelie  lanne 
Delfour  dans  le  cemitiere  de  Pinel  lilie  de  feu  Guilien 
Delfour  et  de  Janne  Mâchefer  agee  de  vingt  et  sine  ans 
par  moy. 

Filholly,  vicaire. 

Et  le  mesme  iour  ie  ansevelie  Catarine  Rcgé  agee  de 
crante  ans  famé  de  lantou  Lapeire  par  moy  dans  le  ce- 
mitiere de  Pinel. 

Filholly,  vicaire. 

Plus  Thoni  Fichart  dit  Tuste  Case  (i)  et  mort  de 
faim  au  pais  de  Biar  estant  du  vilage  de  Baliarget. 

Le  vingt  et  sincquiesme  Mars  jour  de  la  Nonciatioun 
de  la  Vierge  163 1  ie  ansevelie  Louise  Toiset  agee  de 
sincquante  ans  famé  de  Thonie  Coste  dict  lou  Cap  Gros 
du  vilage  de  Pasture  l'otice  est  faict  dans  la  glice  (2) 
de  Pinel  et  ansevelie  dans  le  cemitiere  de  Pinel. 

Filholly,  vicaire. 

Le  vingt  et  septiesme  Mars  ie  anseveli  dans  le  cemi- 
tiere de  Pinel  Bertrand  Coste  âge  de  huict  ans  fis  de 
lehan  Coste  et  de  lanne  Cabesut, 

Filholly,  vicaire. 


(I)  Fichart  dit  Frappe  Chêne,  mort  au  Béarn. 
(a)  L'Eglise. 


138 

Le  dernier  ,de  Mars  163 1  ie  anseveli  lan  Siferas  âge 
de  sincquante  ans  dans  le  cemitiere  d'Autherive  et  cet 
truve  mort  dans  la  grange  de  la  dame  du  presant  lieu 
et  mort  de  fain. 

FiLHOLLY. 

Plus  ie  anseveli  Marguanthoine  Guari  âge  de  deux 
ans  dans  le  cemitiere  de  Pinel  et  mort  de  misère. 

FiLHOLLY . 

Plus  le  secound  iour  d'Avril  1631  ie  anseveli  Thonie 
Coste  dit  Auseral  âge  de  vingt  ans  dans  le  cemitiere  de 
Pinel  et  mort  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  septiesme  Avril  1631  ie  anseveli  dans  le  cemitiere 
de  Pinel  Vetrix  Landrivie  agee  de  sine  ans  morte  de 
fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Plus  le  mesme  iour  et  hure  ie  ansevelie  lanne  Guari 
agee  de  trois  ans  dans  le  cemitiere  de  Pinel  morte  de 
fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Et  le  mesme  iour  ie  anseveli  Anthoine  Delfour  dans 
le  cemitiere  de  Pinel  âge  de  quinse  ans  mort  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  huictiesme  Avril  1631  ie  ansevelie  Peire  F'ioret 
vefbe  de  feu  lanot  Ferminiac  dict  le  Boriguet  âge  de 
soixante  et  dix  ans  et  a  este  mise  dans  le  cemitiere  de 
Pinel  et  morte  de  fain  du  vilage  de  Blanchou.  . 

Plus  le  mesme  iour  et  au  mesme  cemitiere  ie  enseve- 
lie lane  Girol  agee  de  vingt  ans  du  vilage  de  Viget  et 
morte  de  fain . 

FiLHOLLY . 


13^ 

Plus  au  mesme  iour  et  dans  le  cemitiere  d'Autherive 
ie  anseveli  Guillien  Villcneufbe  a^c  de  sine  ans  et 
mort  de  fain. 

FiLHOLLY. 

Le  nufiesme  Avril  1631  ie  ansevelie  lane  Parrette 
vefbe  de  feu  lannc  Costc  dict  Auseral  qui  mourut  le 
sincquiesme  Febrier  a  este  mise  dans  le  cemitiere  de 
Pinel  et  morte  de  fain  (i). 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Plus  le  mesme  iour  et  mesme  hure  et  au  mesme  cemi- 
tiere ie  ansevelie  lane  Daurat  famé  de  Cablan  de  Bel- 
mount  et  morte  de  fain. 

FiLHOLLY . 

Le  digiesme  Avril  163 1  ie  anseveli  dans  le  cemitiere 
de  Pinel  lehan  Fichart  âge  de  vingt  et  sine  ans  et  ausi 
ie  ansevelie  Catarine  Fichart  sa  seur  agee  de  vingt  et 
trois  ans  et  sount  este  mise  dans  une  mesme  foce. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Deux  cens  soixante. 

Le  dix  septiesme  Avril  163 1  ie  anseveli  Pierre  Blan- 
chou  âge  de  trante  ans  et  hoste  de  Pinel  (2)  et  fut  mis 
dans  le  cemitiere  de  Pinel  par  moy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Et  le  mesme  iour  ie  ansevelie  dans  le  cemitiere  d'Au- 
therive Toniete  Delpoun  vefbe  de  feu  Louis  Fraichan- 
ges  dit  Pouchice  et  morte  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  vingt  et  uniesme  Avril  163 1  ie  ensevelie  Elisabet 


(1)  S'il  n'y  a  pas  d'erreur  de  dates,  Jeanne   Pariette   serait   restée 
deux  mois  sans  sépulture. 

(2)  Hôtelier  de  Pinel. 


140 

laDaliguade  agee.de  soixante  et  dis  ans  a  este  mise 
dans  le  cemitiere  de  Pinel  et  morte  de  fain, 

Filholly. 

Plus  a  este  ansevelie  Pierre  Falmoun  fis  de  Falmoun 
dit  lou  Trouvât  âge  de  quatre  ans  et  mort  de  fain  et  a 
este  mis  dans  le  cemitiere  d'Autherive  par  moy. 

Filholly,  vicaire. 

Le  vingt  et  trois  Avril  163 1  ie  anseveli  dans  le  cemi- 
tiere d'Autherive  François  Belmoun  dit  lou  Cap  blanc 
qui  mourut  tout  près  de  la  mesoun  de  Vedrines  au  mi- 
lieu du  chemin  en  allant  a  Sainte  Livrade  la  ou  Made- 
moiselle d'Autherive  (i)  lanvoia  cherser  et  lui  valia  un 
linsun  (2)  pour  le  plier  et  mourut  de  fain. 

Filholly  . 

Le  vingt  et  huictiesme  Avril  163 1  ie  anseveli  dans  le 
cemitiere  de  Pinel  Tlioni  la  Rousilie  âge  de  dix  ans  et 
mort  de  fain. 

Filholly,  vicaire. 

Le  premier  iour  de  May  1631  ie  anseveli  dans  le  ce- 
mitiere de  Pinel  lehan  Rabanel  dit  Poumier  âge  desinc- 
quante  ans  a  este  anseveli  par  moy. 

Filholly,  vicaire. 

Et  le  mesme  iour  que  desus  ie  anseveli  lehan  La- 
peire  âge  de  vingt  ans  et  a  este  mis  dans  le  cemitiere 
d'Autherive  et  mort  de  fain. 

Filholly,  vicaire. 

Le  segound  de  May  1631  ie  ansevelie  dans  le  cemi- 
tiere de  Pinel  lanne  Villeneufbe  dict  lehan  de  la  Guil- 
liame  agee  de  dix  ans  et  morte  de  fain. 

Filholly,  vicaire. 


(1)  Anthoinette  de  Ranse,  veuve  de  Philippe  de  Raffin.  (ut  suprà). 
Elle  signe  au  registre  Thoinettc  de  Ranse. 

(2)  Un  drap  ou  linceul. 


14* 

Le  neufviesme  May  ie  anseveli  Pierre  Laconque  fis  de 
feu  lehan  Laconque  et  de  Lisoune  Felie  âge  de  dix  ans 
et  a  este  mis  dans  le  cemitierc  d'Autherive  et  mort  de 
fain. 

Fu.HOLLy,  vicaire. 

Longiesme  May  1631  ie  anseveli  dans  le  cemitierc  de 
Pinel  lehan  Crosil  dict  lou  Magre  du  village  de  Biget 
âge  de  trante  ans  et  mort  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  tregiesme  May  1631  ie  anseveli  dans  le  cemitierc 
d'Autherive  lehan  Reine  âge  de  dix  ans  tîs  de  lehan 
Reine  dit  Reniere  et  mort  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  quingiesme  May  1631  ie  ansevelie  lanne  Parot 
famé  de  lacques  Bloy  âge  de  vingt  ans  et  a  este  anse- 
velie dans  le  cemitiere  d'Autherive  et  morte  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 
Le  mesme  iour  que  desus  escript  ie  anseveli  dans  le 
cemitiere  de   Pinel  Pierre  Delfour  âge  de  XV  ans  et 
mort  de  fain. 

FiLHOLLY. 
Le  cegiesme  May  1631  ie  ansevelie  lane  Fichart  dans 
le  cemitiere   de  Pinel  agee  de  huict  ans  et  morte  de 
fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  19*  May  1631  ie  anseveli  dans  le  cemitiere  de 
Pinel  un  valet  demurand  chez  Pierre  de  la  Mondine  qui 
se  desoit  estre  de  la  terre  de  Cancon  qui  ce  nommet 
Guillien  âge  de  crante  ans. 

FiLHOLLY. 

Le  vingt  et  uniesme  May  163 1  ie  anseveli  dans  le  ce- 
mitiere de  Pinel  Thoni  Gourde  dict  Tounigue  âge  de 
crante  ans  et  mort  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 


142 


Plus  le  mesme  iour  que  desus  escript  et  au  mesme 
cemitiere  ie  anseveli  Guiraud  Garigou  âge  de  un  an 
ris  de  Thoni  Garigou  et  de  feu  Anne  Vedrines. 

Filholly,  vicaire. 

Deux  cens  quatre  vins. 

Le  vingt  et  deux  May  1631  ie  anseveli  dans  le  cemi- 
tiere de  Pinel  Guilianete  Laporte  famé  de  feu  Thoni 
Fichart  agee  de  sincquante  ans  ledict  Thoni  Fichart 
mari  de  la  presante  defounte  et  mort  au  Biar  ausi  un 
fis  qui  estoit  avec  lui  ce  noumoit  Pierre  âge  le  père 
sincquante  et  sine  ans  et  le  fis  vingt  ans  moururent 
tous  de  fain. 

Filholly,  vicaire. 

Le  vingt  et  trois  May  1631  ie  anseveli  Pierre  Ouradou 
dans  le  cemitiere  de  Pinel  âge  de  trante  ans  fis  de 
Thoni  Ouradou  metadier  de  Messieurs  de  |Bourran  del 
Poux  (i)  l'ofice  a  este  faict  par  moy. 

Filholly,  vicaire. 

Le  vingt  et  sincguiesme  May  1631  ie  anseveli  dans  le 
cemitiere  de  Pinel  Guilien  Rabanel  âge  de  deux  ans 
naiant  ni  père  ni  mère  et  mort  de  misère. 

Filholly,  vicaire. 

Le  vingt  septiesme  May  1631  ie  anseveli  Margarite 
Garigou  rilie  de  Guilien  Garigou  agee  de  dix  ans  et  a 
este  mise  dans  le  cemitiere  de  Pinel  et  morte  de  fain. 

Filholly,  vicaire. 


(l)  La  famille  parlementaire  des  Bourran  possédait  de  grandes  pro- 
priétés à  Roger,  près  Villeneuve  d'Agenais,  au  Poux  (aujourd'hui 
Barguillati  dans  la  commune  de  St-Etienne-de-Fougères,  à  Arfcillc  et 
à  Bourran  dans  la  même  commune,  à  Borne,  près  du  même  bourg, 
propriété  que  M«  Jean  Baptiste  de  Bourran,  président  à  la  Cour  des 
Aides  de  Guyenne  donna  au  Couvent  des  Ursulincs  de  Ste-Livrade. 
Le  président,  avait  dans  ce  couvent  trois  filles  religieuses  et  deux 
postulantes.  (Voir  J.  de  Bourrousse  de  Laffore.  Nobil.de  Guyenne 
et  de  Gascogne.  T.  III,  p.  383-384). 


M3 

Le  vingt  et  nufiesme  May  ie  anseveli  dans  le  cemi- 
tiere  de  Pinel  lean  Fraichcnges  dit  lou  Bras  court  du 
vilage  de  Lemosi  âge  de  soixante  dix  ans. 

FiLHOLLY, 

Le  mesme  iour  que  desus  ay  ansevelie  dans  le  cemi- 
tiere  de  Pinel  lanne  Mathieu  dit  Fonpeirade  agee  de 
vingt  sine  ans  et  morte  de  fain . 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  trantiesme  May  163 1  ie  ansevelie  dons  le  cemi- 
tiere  de  Pinel  Anne  Messine  famé  de  lehan  Ficliart  du 
vilage  de  Baliarget  agee  de  trante  et  sine  ans  et  morte 
de  fain . 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  dernier  de  May  1631  ie  ansevelie  dans  le  cemi- 
tiere  d'Autherive  Catarine  Felie  famé  de  lehan  de 
Mouli  agee  de  crante  ans  et  morte  de  fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Plus  au  mesme  jour  ie  ansevelie  (un  blanc)  Lascases 
dans  le  cemitiere  de  Pinel  agee  de  dix  ans  et  morte  de 
fain. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  premier  iour  de  lun  1631  ie  anseveli  dans  le  ce- 
mitiere de  Pinel  lan  Lasclotes  âge  dun  an  lis  de  Bernât 
Lasclotes  dit  la  Palise  et  de  Françoise  Gasau. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  segound  iour  de  lun  ie  anseveli  dans  le  cemitiere 
de  Pinel  lan  Brel  du  vilage  de  Perouti  âge  de  trante 
ans  et  mort  de  fain . 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  nufiesme  lun  ic  anseveli  dans  le  cemitiere  d'Au- 
iherive  Barthelomi  Laurans  dit  la  Goyne  âge  de  trante 
ans  par  moy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 


44 

Le  dougiesme  lun  163 1  ie  ansevelie  dans  le  cemi- 
tiere  de  Pinel  Françoise  Viget  vefbe  de  feu  Thoni  Roche 
agee  de  soixante  dix  ans  et  morte  de  fain. 

Le  tregiesme  lun  1631  mourut  la  famé  del  Felie  de 
Monclar  (i)  et  fut  aportee  a  Monclar  et  morut  au  vilage 
de  Grengot  agee  de  trante  et  sine  ans. 

FiLHOLLY. 

Le  quingiesme  lun  1631  ie  anseveli  Ramound  Costes 
dit  du  Matras  metadier  de  Roquepiquet  (2)  âge  de  sinc- 
quante  et  sine  ans  et  a  este  anseveli  dans  le  cemitiere 
de  Pinel  par  moy. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  quatriesme  lulliet  1631  ie  ansevelie  dans  le  cemi- 
tiere de  Pinel  Bertrande  Poupnorat  et  ausi  une  sienne 
filie  et  soun  mari  mourut  dans  le  pais  de  Biar  tous 
soun  morts  de  fain  estant  du  vilage  de  Perouti  ladite 
Bertrande  estoit  agee  de  trante  ans  et  soun  mari  dautan 
et  sa  petite  filie  de  huict  ans. 

FiLHOLLY,  vicaire. 

Le  dougiesme  lulliet  ie  anseveli  Guiraud  Chalie  âge 
de  trois  ans  fis  de  lehan  Chalie  dit  les  Carpiole  et  mère 
lanne  Sirvens  et  a  este  mis  dans  le  cemitiere  d'Authe- 
rive  par  moy. 

FiLiiOLLY,  vicaire. 

Le  tregiesme  lulliet  1631  ie  ansevelie  Margaeritte 
Perri  dans  le  cemitiere  d'Autherive  farue  de  Leonart 
Guéri  agee  de  soixante  ans. 

FiLHOLLY,  vicaire. 


(i)  Monclar  d'Âgenais. 

(3)  Canton  de  Monclar  d'Agenais. 


145 

Le  is''  liiUicl  i()3i  ic  anseveli  dans  le  ccniitierc 
d'Aullicrive  Iclian  liuiiaut  dict  (  îoulinidu  a<^c  de  quinze 
ans. 

l"ii.ii()i.i.Y,  vicaire. 

Le  second  de  Septembre  1O31  ie  anseveli  dans  lé^^lice 
de  l'inel  un  peti  lis  de  Monsieur  Villeneufhe  marchant 
aj^e  de  six  nu)is  qui  mourut  de  la  petite  vérole. 

Le  quatriesme  Septembre  1631  ie  anseveli  Tli(mi 
Mouratier  dans  le  cemitiere  de  l'inel  aj^e  de  quatre 
vingt  et  dix  ans  par  mo}'. 

l'^ILHoi.LY,  vicaire. 

Trois  cens. 

Le  vin<,rt  et  quatre  Septembre  ie  anseveli  ouilien 
Gariy;ou  âge  de  crante  ans  et  a  este  mis  dans  le  cemi- 
tiere de  l'inel  par  nioy. 

FiLHOLi.Y,  vicaire. 

Le  quingiesme  Octobre  163 1  ie  anseveli  Mar<>-;irite 
Molin  vetT^e  de  feu  Roquet  l'arrot  du  village  de  Bardet 
paroisse  de  Sainct  Estiennc  de  Faugeres  agee  de  qua- 
tre vingts  ans. 

FiLHOLLY,  vicaire. 


Plus  est  mort   au  Biar  en  demandant  Taumosne  Ar- 
naud Poujade. . . 

Plus  y  et  mort  la  Maroune. . . 

Plus  y  et  mort  la  Gravielle  de  Kaschet. 

Plus  y  et  mort  Larnausiade  et  soun  lis. 


146 

Ici  se  termine  le  Mortuaire  de  la  famine. 

La  famine  cessa  à  la  récolte,  en  Juillet  1631. 

Les  morts  qui  suivent  ne  paraissent  pas  être  morts  de  faim  :  le 
vicaire  ne  le  mentionne  pas. 

Après  cette  date  du  15  Octobre  commence  le  Mémoire  concernant 
la  mortalité  de  la  peste  qui  succéda  immédiatement  ;'i  la  famine.  Nous 
le  publierons  ultérieurement. 

Au  30  Novembre  1631,  le  vicaire  ajoute  ces  simples  mots  :  Il  i  a 
trois  cens  sincquante  mûrs  iusques  an presant  fuliet. 

Que  restait-il  dans  cette  juridiction  si  complètement  fauchée  ?  Kien, 
si  ce  n'est  la  solitude  et  le  désert  !  (i). 


(l)  La  population  actuelle  de  la  commune  de  Pinel  et  Hauterive 
est  de  380  habitants.  J'estime  que  cette  communauté,  par  l'étude  que 
j'ai  faite  de  ses  Registres  Paroissiaux,  possédait  au  moins  700  habi- 
tants au  XVII^  S.  Comme  la  moyenne  des  enfants  était  de  six  à  sept 
par  famille,  on  peut  juger  des  vides  qui  existent  en  Agenais  depuis 
cette  époque,  vides  qu'en  ce  temps  la  natalité  comblait,  en  dépit  de 
la  famine,  de  la  peste  et  de  la  guerre  qui  ravageaient  régulièrement  le 
Pavs. 


ASSEMBLÉE  DU  PAYS 

(TIERS   ETAT  D'AGENAIS) 
(29  Dec.  1631)  (i). 


Dans  la  Maison  Commune  de  la  Ville  et  Cité  d'Af^en, 
ce  jourd'hui  vingt  neufviesme  du  mois  de  Décembre 
mil  six  cent  trente  un,  y  estans  assembles  Messieurs 
M'=  Géraud  Grimard,  Guilhaume  Katicr,  Jean  de  La- 
borde,  advocatz  en  la  Cour,  noble  Bertrand  de  Bechon, 
escuyer,  sieur  de  Caussade,  Jean  Roussel,  docteur  en 
médecine  et  Raymond  Boyer,  procur.  en  la  Cô  Prëâllc, 
Consuls  de  lad.  ville,  quy  y  auroient  convoqué  et  as- 
semblé les  Consulz  et  depputtez  du  Bays  d'Agenois 
suivant  la  permission  qui  leur  en  a  este  donnée  par 
Monseigneur  le  Duc  d'Espernon  pair  et  colonel  giïâl  de 
France,  gouverneur  et  lieutenant  général  pô  le  Roy  en 
Guienne  ou  se  seroient  trouves  maistre  Jean  de  Brezets, 
ad'  en  la  Cour  et  depputte  de  la  ville  de  Marmande  (2) 
M«  Simon  Sarrasin  aussy  ad'  en  la  Cour  (3),  Consul,  et 
Anthoine  Lacoste  doct.  en  médecine,  depputte  de 
Penne,  Jean  Démons,  Consul  de  Puymirol,  M«  Jean 
Ytier,  ad'  C^"'  et  Pierre  Fort,  jurât  et  depputte  de 
Monflanquin,  qui  ont  dit  acister  a  l'Assamblée  sans  soy 


(1)  Arch.  d'Ajfen.  CC.  185. 

(2)  Un  de  Brezets  était  en  1605-1607  Juge  de  Marmande.  (O'Gilvy 
T.  I,  p.  408). 

(3)  Est-ce  ce  Simon  Sarrasin  qui,  lieutenant  civil  à  At,'en,  avait  eu 
un  conflit  avec  les  Consuls  d'Agen  pour  l'exercice  de  la  Justice  cri- 
minelle ?  (FF.  22,  23). 


148 

prejudicier  à  la  préséance  qu'ils  prétendent  avoir  avant 
les  Consuls  dudit  Puimerolz  et  aux  protestations  par 
eux  faites  aux  précédentes  assemblées  (i),  M"  Geraud 


m  Ces  questions  de  préséance  étaient  àprement  discutées  entre  les 
Consuls  des  Communautés  et  surtout  entre  les  douze  villes  d'Agenais. 
C'était  pour  les  Consuls  une  question  aussi  brûlante  dans  un  pays  si 
fortement  hiérarchisé  que  celle  du  tabouret  entre  les  Duchesses  à  la 
Cour  du  jjrand  Roi.  Aux  Etats  du  Pays  d'Af,'cnais  du  6  Février  1635, 
on  li>  dans  le  préambule  qui  contient  les  noms  des  députés  des  Etats 
d'Agenais  :  «  ....  Noble  Jacques  d'Escouralhc,  escuyer,  sr  de  St- 
».  Cruelle,  et  M"  Guilhaume  Monlau,  no''«  royal,  Consuls  de  Ville- 
«  neufve  d'Agenois,  M«  Pierre  Dalbiguet,  advocat  en  la  Cour,  et  Jean 
«  Gallaup  depputt^  de  la  ville  de  Marmande,  quy  ont  dict  acister  a 
t  l'assamblee  et  prendre  plasse  appres  les  Consulz  de  Villeneufve 
«  sans  préjudice  de  la  préséance  quils  prethendent  aux  Assemblées 
€  avant  eux  et  pour  ne  retarder  les  afFeres  qui  doivent  estre  propo- 
t  sees  en  icelle,  M^  Jacques  de  Labat,  juge  de  Moncuq,  consul  de 
€  Ste-Foy  ;  Jacques  de  Neymet,  s''  de  Tantare  et  M«  Anthoine  Lacoste, 
«  doct.  en  médecine,  consulz  de  Penne;  Noble  Nicolas  de  Pontazon, 
«  s'^  de  La  Chapelle-Trenteil,  consul  de  Monflanquin,  qui  a  prins 
«  plasse  appres  lesd.  consulz  de  Penne  ;  a  quoy  M»;  Rollant  Fonfrede. 
«  doct.  en  médecine,  et  Pierre  Foures,  consulz  de  Puimerolz  se  sont 
€  opposez,  disant  estre  en  pocession  de  précéder  les  consuls  du  dit 
«  Monflanquin  quy  nont  rang  aux  assemblées  du  pays  qii'appres  les 
€  consulz  de  Tournon,  lesquelz  les  consulz  dud.  Puymirol  précèdent 
«  en  vertu  d'une  ordonnance  par  Mons""  de  Boissonnade  président  et 
«  juge  maige  d'Agen  etitre  les  consulz  dud.  Puytnerol  et  Tournon 
«  en  l'assemblée  du  Pays  du  VI"  avril  1628  par  laquelle  sur  sembla- 
«  blés  contestaôns  arrivées  entre  iceux  Csulz  de  Puimerol  et  Tournon; 
«  appres  que  lesd.  consulz  de  Tournon  eurent  faict  entendre  leurs 
c  raisons  fust  ordonné  que  sans  préjudice  du  droit  des  parties,  pour 
€  raison  de  quoy  ils  se  pourvoieroient  ainsin  quilz  verroient  estre 
c  affere,  lesd.  Consuls  de  Puimerol  précéderont  ceux  de  Tournon. 

«  C'est  pourquoy  les  s'^  Fonfrede  et  Foures  disent  quils  doibvent 
T  précéder  lesd.  Consulz  de  Monflanquin  et  quil  doibt  estre  ordonnée 
•«  que  led.  sf  de  La  Chapelle,  Consul  de  Monflanquin,  leur  cédera  la 
€  plasse,  protestant  en  deffaut  de  ce  de  n'acister  en  lad.  assemblée  et 
€  de  ne  contribuer  en  rien  a  ce  quy  sera  propose  et  délibère  en  icelle; 
«  a  quoy  led.  s^  de  La  Chapelle  ayant  incisté  et  représenté  quil  a  prins 
»  la  plasse  qui  appartient  ausd.    Consulz  de  Monflanquin  privative- 


149 

Vinhier,  bourgeois  et  depputte  de  Castilhonez,  Gratien 
Gautier,  Consul  ,de  Monclar,  noble  Louis  de  Lafon, 
escuycr,  sieur  de  Cujola,  Gonsul  de  Cleyrac,  Jean 
Bayle,  Consul  de  Lesignan,  Jean  Boudet,  (Consul  de 
Nicolle,  Jean  Kousier,  depputlc  de  Gontaut,  M"  Jean 
Senegon,  juge  de  l'uymiclan  depputte  dud.lieuetde 
Londres,  M*^  Martial  b'iorct,  depputte  de  Seysses,  Ks- 
cassefort,  La  Chapelle  et  Saint  l'arduu,  Jean  Chabrol, 
Consul  de  Miramont,  Yves  Fauct,  depputte  de  Lauzun, 
Pierre  Laville,  depputte  de  Verteul,  Bertrand  Imbert, 
Consul  et  Benoist  Tasquct,  depputte  de  La  C^enne,  M" 
Jean  Farinel,  ad'  en  la  Cour,  depputte  de  Puiols,  fean 
Lafeulhade  coUect.  et  depputte  de  iNJonsegur,  Jean 
Jacomy,  Consul  de  Las  Treilhes,  M<=  Jean   Albenque, 


t  ment  avant  les  Consulz  Je  Tournon  et  Puiiiurul,  Jont  ils  sont  en 
t  pocession  de  tout  temps  et  anciennette  et  que  les  Consulz  dud.  l'uy- 
t  mirol  ont  tort  de  contester  ci^ste  préséance  contre  eux  et  a  laquelle 
€  ils  doivent  estre  maintenus  par  Monsieur  le  Président  et  Ju^e  Maij^e 
«  bas  nommé,  prést  M.  le  Procureur  du  Roj',  a  este  ordonne  que  sur  la 
€  prcceance  prétendue  par  lesd.  Consulz  de  Monflanquin  et  Puyme- 
€  roi  ils  ce  pourvoiront  ainsin  quils  verront  estre  affere  et  que  pour  ne 
t  retarder  l'assemblée  et  expédier  les  atferes  quy  y  doibvent  estre  pro- 
«  pozees,  lesd.  Consulz  de  Puymerol  prandront  un  banc  qua  ces  fins 
«  leur  a  este  mis  a  part,  ce  quils  ont  faict  avec  protestation  de  ne  se 
t  prejudicier  aucuriemcnt  a  la  préséance  qu'ils  ont  avant  lesd.  Con- 
«  sulz  de  Montianquin  ;  et  appres  lesd.  Consulz  de  Monflanquin,  ont 
€  prins  plasse  M"  Jean  Philipot,  net.  roj'al,  depputte  de  Castiltionnez; 
«  Guilhaume  Menoyre  de  Fclhade  et  M'^  Jean  Broussard,  consulz  de 
c  Ste-Livrade  ;  M"^^  Gérard  Belot,  adi  en  la  Cour  Consul  et  Daniel 
«  Bouyer,  Jurât  du  Port  Ste  Marie  quy  ont  de  mesme  proteste  de  ne 
«  soy  prejudicier  aux  préséances  quils  ont  ez  assemblées  du  Pays; 
€  Mathieu  Quoy  Coasul  de  St-Pastour  et  Jean  Fieuzal,  Consul  de 
«  Golfech,  auxquels  sieurs  depputez  sus  nommes  par  led.  s'  Ducros 
«  premier  Consul  de  la  prés,  ville  et  en  prés,  de  Messieurs  M»  An- 
€  thoine  de  Boissonnade  conseilher  du  Roy  en  ses  Conseils  d'Estat  et 
€  Privé,  président  et  juge  maige  en  la  senechcée  d'Agenois  et  Lau- 
€  rens  de  Redon,  aussy  cons"-'  etproc.  du  Roy  en  lad.  sencée  ont  este 
a  laictes  les  propozitions  qui  s'ensuivent...  >.  (Arch.  d'Agen  CC.  192)- 


procur.  d'office  et  depputte  de  St-Front,  Jacques  Boudet 
de  La  Salle,  depputte  de  Monbielh,  Aîonbalnis  et  Puy 
Dautin,  M*  Simon  Chabrieres,  depputte  de  Preyssas, 
M«  Jean  Fieuzal,  Consul  de  Golfech,  ?  Vernhes,  dep- 
putte de  Valance,  Mathieu  Reynaud,  C^"'  de  Goudour- 
ville  et  M^  Anthoine  Roquier,  procur.  en  la  Côprëâlle, 
depputte  de  la  Sauvetat  de  Saveres,  ausquels  susdits 
sieurs  Consulz  et  depputtes  lesdits  sieurs  Consulz 
d'Agen  par  l'organe  dud.  s'"  de  Grimard,  premier  G''"' 
en  prîîce  et  assistance  de  Messieurs  M^  Anthoine  de 
Boissonnade,  cône""  ^u  Roy  en  ses  conseils  d'Est at  et 
prive,  président  et  juge  maige  en  la  seneschaucee  d'A- 
gennois,  et  Laurans  de  Redon,  con^'"  et  proc.  de  Sa 
Ma'^'"  en  lad.  sen^'"^e,  ont  represante  et  faict  les  proposi- 
tions que  ensuivent  sur  lesquelles  ils  prient  lad.  assem- 
blée vouloir  mûrement  opiner  et  desliberer  au  plus 
grand  bien  et  soulagement  dud.  pais  quils  advizeront. 

Propositions  faictes  par  Messieurs  les  Consulz 
d'Agen  en  l'assamblee  du  pays  d'Agenois  tenue  le 
(29  Xbre)  1631. 

RepTîtent  premièrement  lesd.  sieurs  Consulz  quils 
ont  este  assignes  il  y  a  huit  ou  dix  mois  au  C^^''  a  la 
requeste  de  quelques  villes  voisines  de  Montauban  les- 
quelles demandent  l'indempnite  de  pertes  et  domaiges 
interests  quelles  ont  soufferts  pendant  le  degast  de 
Montauban  (i)  et  pô  l'entretenem'  de  l'armée  du  Roy 
soubz  la  conduitte  de  Monseigneur  d'Espernon  gou- 
verneur de  la  Province. 

Nous  avons  envoyé  a  Monsieur  Sicre  n'^  ad'  au  C^" 
l'exploict  d'assignaôn  avec  mémoires,  pièces  justifica- 
tives pu  fere  voir  que  nous  avons  entretenu  et  paye  le 
reg'  de  Monsieur  de  Foncaude,  suivant  l'ordre  et  dis- 
tribuûn  de  Monsieur  le  Prince  (2)  et  qu'ainsy  ils  ne  peu- 


(i)  Dégâts  de  1621  et  de  1629. 
(2)  M.  le  Prince  de  Condé. 


»5i 

vent  reiecter  aucuns  fraix  sur  nous  aultre  que  nous  avons 
souffert  et  supporte  plusieurs  perles  pendant  le  siège 
de  Nerac,  Cleyrac  et  Monhur  (i)  sans  que  les  Com'« 
voisines  de  Montauban  ayent  rien  contribue  pour  nous, 
neantmoingz  nous  avons  advis  que  le  procès  se  doibt 
juger  et  que  nous  avons  besoing  de  nous  deffendrc. 
Monsieur  Relhery,  ad'  du  Koy  aux  Esleus.a  eu  le  soing 
de  ceste  affere  a  nostre  recommandation. 

Led.  sieur  Relhery  et  led.  s''  de  Sicre,  n'*^  ad'  au  (>•' 
nous  ont  aussy  donne  advis  que  Mons"^  de  Sarrau, 
cons"'^'"  en  la  Cô  preâlle,  poursuit  le  procès  au  Conseil 
pour  fere  restablir  le  seau  présidial,  lequel  auroit  este 
supprime  de  son  consantement  moyennant  deux  cens 
livres  par  an  et  que  le  pays  lui  promit,  dont  il  n'a  point 
este  paie  et  c'est  la  cause  de  la  poursuitte,  a  quoy  il  est 
besoing  de  remédier,  car  le  restablissement  du  seau 
coustera  au  Pays  tous  les  ans  plus  de  six  mile  livres  (2). 

Monsieur  de  Loubatery,  C"*^""  en  la  Cour  des  Aydes, 
nous  poursuit  aussy  comme  syndic  du  pays  et  demande 
que  les  griefs  qu'il  dict  avoir  souffert,  par  la  closture 
de  nos  derniers  comptes  soient  reparez  et  faict  revenir 
ses  demandes  a  dix  huict  mille  livres  ou  environ  (3). 


(1)  An  1621. 

(2)  Sarrau  (Jean)  et  Jacob  son  frère  étaient  possesseurs  du  gretTe 
civil  et  criminel  de  la  Sénéchaussée  d'Agenais.  Cette  constitution  de 
rente  annuelle  avait  été  consentie  au  nom  du  Pays  d'Agenais  en  162 1. 
(Arch.  d'Agen  CC.  159).  A  la  date  du  15  Janvier  1628,  on  lit  dans  le 
Journal  des  Consttlsl  «  Led.  jour  Monsieur  Jacob  Sarrau,  greffier, 
€  nous  a  faict  assij^ner  en  la  Cour  du  Parlement  do  Bordeaux  sur  la 
«  reqie  civile  par  luy  obtencue  contre  l'arrest  de  règlement  des  droictz 
«  du  greffe  de  la  Cour  preTlle  et  de  la  Sénéchaussée  d'Agenois.  • 
(BB.  51,  p.  7  V.)  Ils  étaient  fils  de  Jean  de  Sarrau,  H'  Consul  de  Mon- 
tlanquin  en  l6lo  et  sieur  de  Boynet,  de  Gibel  et  de  Néris,  mort  en 
1628.  Jacob  de  Sarrau,  4-  fils  de  Jean,  était  greffier  en  chef  au  Pré- 
sidial. 

(3)  Ce  procès  était  relatif  aux  dépenses  faites'par  Florimond  de  Lou- 
batery, syndic  du   Pays  d'Agenais  et  pour   le  compte  dud.  pays.  Le 


152 

Ce  procès  est  pendant  a  la  Cour  des  Aydes  parce  que 
M""  de  Cieutat,  ayant  faict  exécuter  les  Consulz  de 
Monclar  pu  quelque  reste  de  la  somme  de  Iniict  cens 
livres  et  intherests,  qu'il  (le  sieur  de  Loubatery  )  presta 
au  Pays  en  Tannée  1600,  lesd.  Consulz  de  Monclar  nous 
appellerent  e;i  garantie,  comme  syndicz  du  Pays,  et 
nous,  ayans  trouves  que  lesd.  huit  cens  livres  et  inthe- 
rests avoient  este  imposes,  levés  et  reçus  par  led,  s'" 
de  Loubatery  en  l'année  XVI*^  vingt  deux  et  qu'insi  il 
estoit  tenu  a  la  garantie,  nous  l'appelâmes  en  assis- 
tance de  cause  et  la  dessus  il  donna  req'*^  pour  la  refor- 
mation et  revision  de  ses  comptes  (i). 

Et  par  ce  que  MM'*  de  la  Cour  des  Aydes  ont  este 
règles  au  Conc'i  g^  le  Seneschal  de  Bazatz  constitué 
leur  juge  (2)  en  plaine  instance  et  par  appel  le  Parh  de 
Grenoble,  nous  avons  demande  le  renvoy  devant  led. 
Sen»'  de  Bazatz  dont  nous  avons  este  déboutez  et  la 
dessus  nous  nous  sommes  pourveusau  Con^'i  pour  estre 
règles  de  juges. 

Pour  un  quatrie''  tout  le  Pays  est  assez  informe  de  la 
nouvelle  création  de  greffiers  de  tailles  en  chaque 
jurisdiction   avec  attribuôn  d'un  soûl  pour  livre  pour 


Conseil  d'Etat  termina  le  dilTérend  en  mettant  les  parties  hors  de 
cause  sans  dépens  {1639).  (Arcli.  d'Agen  CC.  199).  Le  s'  de  Louba- 
tery, s'  de  Bellecombe,  avait  été  syndic  du  Pays  de  1618  à  1622,  et 
probablement  avant.  Aux  Etats  d'Ag'enais  de  1622,  il  proposa  au 
Pays  de  verser  3000  livres  entre  les  mains  du  trésorier  du  Domaine 
pour  la  répression  de  hriffandaffc.  (GC.  159). 

(i)  Les  Consuls  de  Monclar,  Piîrre  Born  et  consorts. 

Le  procès  se  termina  en  1639.  La  Cour  des  Aides  de  Bordeaux, 
condamna  les  Consuls  d'Ajçen  à  payer  900  livres  et  8  écus  à  la  dé. 
charge  de  la  Communauté  de  Monclar  d'Afjenais,  (Arch.  d'Agen  CC. 

'99)- 

Voir  aussi,  Arch.  d'Agen  FF.  174. 

(2)  L'hostilité  du  Parlement  de  Bordeaux  contre  la  Cour  des  Aydes 
était  la  cause  de  cette  évocation. 


153 

chacun,  car  quoy  que  le  triennal  ne  soit  pas  encore 
rempli,  neantmoinfjs  l'Edict  est  veriffie  a  la  Cour  des 
Aydes  et  ceste  année  prochaine  ses  droictz  seront  levés 
et  faut  remarquer  qu'en  l'année  1619  lesd.  oHiciers  fu- 
rent erijTcs  soubz  le  nom  deC'ons^^"  de  tailles,  rembour- 
ses par  la  (iuienne,  moyennant  cinq""  mil  escus,  el  sup- 
primes ;  et  néantlemoin<rs  ils  sont  à  pr'"  remis  sans 
aucun  desdomagement  et  avec  des  droictz  excessifs  (i). 

De  plus  il  appert  par  les  comptes  arrestes  en  Tannée 
XVI*^  vinjjrt  huict  que  le  Pays  doibt  à  nostre  villj  la 
somme  de  vin<;t  cinq  mile  livres  dont  despuis  nous 
avons  paye  l'intherest  oultre  les  fraix  dtspuis  faicts  qui 
reviennent  a  notable  somme,  de  sorte  que  la  ville 
debvant  d'ailleurs  pour  ses  particulières  afferes  plus  de 
trente  cinq  mil  livres  est  tout  à  faicts  accablée. 

Mesmement  a  cause  de  la  difficulté  d'obtenir  lettres 
d'assiette  pour  impozer  et  lever  les  sommes  deues,  car 
sur  la  fin  de  l'année  XVIl-  vin<^t  neuf,  M'"  Dauree,  ad^  et 
lors  Consul,  fut  depputte  a  la  Cour  exprès  pour  avoir 
permission  d'impozer  ce  que  le  Pays  et  la  ville  deb- 
voient  dans  certaines  années,  mais  il  demeura  quatre 
mois  sans  rien  obtenir  à  cause  de  la  necessitte  de  l'Es- 
tat.  Ceste  année,  suivant  le  (Conseil  du  Pays  et  princi- 


(l)  On  lit  dans  Ir  Journal  des  Consuls:  <  Le  quinzicsnic  duJit  mois 
€  (de  Janvier  162S).  M.  Duburj;  nous  a  fourni  coppie  de  l'Edict  de 
«  création  des  Receveurs  et  Collecteurs  de  tailles,  ensemble  la  reqtc 
€  présentée  par  nos  devencicrs  sur  leur  opposition  à  la  vcrilication 
»  dud.  Edict,  pour  nous  servir  d'instruction....»  (BB.  51  p.  71. 

Au  verso,  il  s'agit  bien    «  des  Collecteurs  des  paroisses  •. 

Le  2"  d'Aoust,  nous  avons  formé  opposition  par  devant  M"  des 
Aydes  a  ce  qu'ils  ne  vérifiassent  deu.x  Edits,  l'un  pour  i'olfice  de  l'eii- 
voy  des  mandes,  l'autre  p""  la  vérification  donnée  aux  Receveurs  des 
tailles,  taillon  et  trois  j^retTiers  de  l'Fllection.  La  requeste  en  opposi- 
tion a  este  presante  à  Mi^  de  Villa  mon  et  a  respondeu  qu'on  se  pour- 
voyra  devant  le  Roj-. 

(Arch.  d'Agren,  BB.  51  (16301,  p.  152  v.) 


154 

paux  Juratz,  nous  avions  promis  recompense  honneste 
a  ung  homme  (i)  quy  promit  de  nous  fera  obtenir  lad. 
permission,  mais  ayant  manqué,  nous  avons  employé 
Monsieur  de  Relhery  qui  a  tire  parolle  de  l'obtenir  et 
en  a  fait  de  grandes  instances.  Il  est  tout  a  fait  besoinsi 
de  pourvoir  a  ceste  imposition  et  a  ses  tins  fere  veriftier 
nos  debtes  devant  Monsieur  de  Vertamont  envoyé  avec 
ceste  authoritte. 

Nous  vous  disons  pour  la  tin  que  pour  nous  deffandre 
contre  Monsieur  Loubatery,  nous  avons  este  contraints 
d'avoir  recours  a  Monsieur  Lavergne  par  ce  qu'il  y  a 
quatre  ou  cinq  ans  que  led.  s''  de  Lavergne  poursuivoit 
led.  S""  de  Loubatery  devant  les  Esleus  au  Parlt  de 
Bourd^  et  au  Con"^^''  pour  fere  représenter  ses  comptes, 
ot^Vant  fere  voir  plusieurs  malversations,  mais  appres 
une  longue  procédure  fomentée  par  quelques  particu- 
liers qui  supportoient  led.  s''  de  Loubatery  et  tirent 
dezadvouer  led.  Lavergne,  lesd.  s''  de  Loubatery  et 
Lavergne  saccordarent  moyennant  six  cens  livres  que 
led.  S""  de  Loubatery  bailla  et  promit  aud.  s''  de  Laver- 
gne de  ne  rien  demander  de  ses  despances,  domaiges, 
intherestz. 

Ledit  S''  de  Lavergne  nous  a  fourni  de  lad.  promesse 
en  original  et  des  pièces  pour  justiftier  que  le  procès 
avoit  este  distribue  affin  de  le  retirer  et  nous  lui  avons 
baille  cent  livres  au  cas  que  le  pays  approuvât  nû  con- 
vention. C'est  a  l'assamblee  a  desliberer  la  dessus. 

Il  est  aussy  vray  que  led.  s''  de  Relher}'  estant  aile 
pour  quelques  particulières  afferes  à  Paris,  nous  l'avons 
par  occasion  employé  pour  les  afferes  du  Pays  dont  il  a 
eu  beaucoup  de  soing  et  a  faict  quelques  fraix,  il  nous 
aescript  plus  de  vingt  fois.  Cest  pourquoy  il  est  juste 
quil  soit  rembourse  de  ses  fraix,  suivant  ce  quil  mon- 
trera avoir  faict,  et  recogneu  de  ses  peynes. 


(I)  Le  sieur  Jean  de  Laborde  ? 


155 

Ce  fait  led.  s'  de  Boissonnade,  président  et  juge 
maige,  a  représente  a  l'assemblée  que  le  jour  d'hier  il 
luy  fust  rendu  une  lettre  de  mond.  Seigneur  le  Duc 
d'Espernon  par  laquelle  il  luy  mande  quil  trouveroit 
bon  que  le  Seigneur  de  Puiols  fust  depputte  par  l'as- 
samblee  pour  la  poursuitte  des  afferes  du  pays,  de  la- 
quelle lettre  led.  s""  président  a  présentement  faict  lec- 
ture a  lad.  assemblée  aux  fins  de  sa  descharge  envers 
mondict  Seigneur. 

Deliberaïïns  et  resoluôns  prinses  en  l'Assamblée  sur 
tous  les  atïeres  a  eux  cy  dessus  proposes. 

Sur  lesquelles  propositions  a  este  deslibere  par  lesd. 
sieurs  Consuls  et  depputtes  quil  faut  deffandre  contre 
les  Communauttez  voisines  de  Montauban  et  cmpes- 
cher  le  reject  quils  veulent  fere  sur  nous  par  les  raisons 
qui  ont  este  dites  par  led.  s""  Grimard  que  l'assemblée 
juge  pertinentes  pour  obtenir  notre  relaxance. 

Comme  aussy  il  faut  empescher  par  tous  moyens  quil 
sera  possible  l'establissement  du  seau  presidial  et  con- 
tenter sil  se  peut  led.  sieur  de  Sarrau  tant  pour  les 
arrérages  passes  que  pour  l'establissement  de  deux 
cens  livres  qui  luy  ont  este  promises  par  an  et  a  ses  fins 
ceux  quy  seroient  depputtez  pour  l'audiUn  des  comptes 
desd.  s'"''  Consulz  d'Agen  conféreront  avec  led.  s""  de 
Sarrau  et  si  l'accommodementne  réussit  on  sedeffendra 
au  Con'^''. 

Pour  le  procès  contre  le  sieur  de  Loubatery  l'assem- 
blée a  approuve  le  procède  desd.  sieurs  Consuls 
d'Agen  et  l'obligation  contractée  avec  le  s''  de  Lavergne 
sur  ce  subject  a  la  charge  que  led.  s""  de  Lavergne  nous 
fournisse  de  pièces  du  procès  par  luy  intenté  contre 
led.  s'  de  Loubatery  ou  nous  donne  le  moyen  de  les 
recouvrer.  Néantmoings  si  led.  s""  de  Loubatery  se 
veut  accommoder  a  lamiable,  le.s  mesmes  audit"^  de 
comptes  pourront  conférer  avec  luy. 


156 

Pour  les  grefliers  des  tailles  l'assemblée  a  juge  très 
important  den  poursuivre  la  suppression  sy  ce  peut  ou 
du  moins  le  règlement  et  retranchement  des  droictz 
excessifs  quilz  lèvent  sur  le  pays  (i). 

Qu'il  est  assez  nécessaire  de  demander  à  Sa  Majesté 
le  règlement  contre  les  Esleus,  de  fere  valoir  les  arrests 
cy  devant  obteneus  contre  eux  en  la  Cour  de  Parle- 
ment de  Bourdeaux,  attandeu  que  le  contract  faict  avec 
lesdits  Esleus  n'est  pas  esmologué  et  qu'il  intervint  à 
un  temps  qu'on  n'ozoit  ce  plaindre  contre  eux,  joint 
qu'il  est  grandement  presjudiciable  au  Pays  (2). 

Et  a  ladicte  assamblee  approuvé  ce  que  lesd.  s" 
Consuls  d'Agen  ont  faict  et  negotié  pô  led.  pays,  mes- 
mes  les  emprunts  et  obligations  par  eux  faictes  selon 
ce  que  sera  jugé   et  accorde  par   lesd.  auditeurs    de 


(1)  Un  arrêl  du  Parlt  de  Bordeaux,  avait  défendu  aux  Elus  d'im- 
poser sur  ie  pays  les  gages  attribués  aux  Greffiers  des  tailles.  (CC. 
176.) 

(2)  1623.  Contestations  entre  les  Consuls  d'Agen  et  les  Elus,  au  su- 
jet d<;  la  véritication  des  rôles  des  tailles.  (Arch  d'Agen  CC.  161).  1624 
Procès  intenté  par  les  Consuls  d'Agen  au  nom  du  Pays,  sur  la  répar- 
tition des  tailles  opérée  par  les  Elus  et  sur  les  droits  excessifs  qu'ils 
perçoivent,  tels  que  16  deniers  par  livre  (CC.  166).  Les  Consuls  les 
accusaient  de  prélever  des  sommes  plus  fortes  que  celles  portées  sur 
les  rôles  et  de  faire  saisir  les  animaux  de  labour  des  insolvables,  (CC. 
172).  Les  Consuls  avaient  déjà  protesté  contre  leurs  exactions  en  1609, 
1610  (CC.  133). 

Un  arrêt  du  Parlt  de  Bordeaux  avait  défendu  aux  Elus  de  prélever 
leurs  droits  de  vérification  des  tailles  sur  les  paroisses,  mais  seu- 
lement sur  les  juridictions  (CC.  167).  Un  arrêt  du  Conseil  d'Etat  le 
leur  accorda  (CC.  171).  1627  Contrat  de  transaction  entre  les  Consuls 
ft  les  Elus:  On  suivra  les  usages  anciens,  on  répartira  les  tailles  par  ju- 
ridiction, on  no  rejettera  pas  les  tailles  d'une  juridiction  sur  l'autre 
(CC.  177  et  180).  Les  auditions  et  la  clôture  des  comptes  consulaires 
que  les  Elus  prétendaient  vérifier  (BB.  49)  se  feraient  comme  par  le 
passé  (CC.  iSo).  Mais  on  voit  parla  résolution  ci-dessus  qu'en  1631, 
on  n'avait  pu  obtenir  encore  un  règlement  d'attributions  concernant 
les  Elus. 


157 

comptes  que  lad.  assamblee  a  presen'  nommé,  scavoir: 
led.  sieur  de  Brezets,  depputte  de  Marmande,  Sarrazin, 
consul  de  Penne,  d'Vtier,  consul  de  Montlanquin,  Dé- 
mons, consul  de  Puymerol,  de  Lafon,  depputte  de  Clay- 
rac,  et  de  Farinel,  depputte  de  Pujols,  auxquels  lad.  as- 
semblée a  donne  pouvoir  d'ouir  et  clorre  lesd.  comptes 
que  de  conférer  avec  lesd.  S"  de  Loubaiery  et  de  Sar- 
rau ;  et  lesd.  comptes  estant  clos  lad.  assemblée  cousant 
que  lesd  S"^  Consulz  d'Agen  taschent  d'obtenir  lettres 
d'assiette,  suivant  Tordre  porté  par  l'ordonnance  de  mon 
dit  sieur  d'Hspernon  sur  la  req'*^^  a  luy  portée  pour  la 
convocation  de  la  près,  assemblée  et  ce  tant  pour  les 
debtes  cy  devant  reco«j;nues  par  le  pays  suivant  le  der- 
nier compte  que  p5  les  sommes  que  se  trouveront  estre 
dues  auxd.  S"  Consuls  d'Agen  en  principal  et  intherests 
despuis  le  dernier  compte. 

Et  pour  l'expédition  des  susd.  afferes  a  este  juge  par 
lassemblee  d'envoyer  deux  depputtez  en  Cour  et  apprez 
que  chascun  a  eu  nomme  a  son  rang,  la  plural itte  de 
voix  est  thunbee  sur  led.  s""  de  Caussade,  consul  d'Agen, 
et  de  Brezets,  depputte  de  Marmande,  auxquels  lad. 
assemblée  a  donne  charge  de  fere  voyage  à  la  Cour  et 
poursuivre  les  susd.  afferes,  le  tout  néanmoings  soubz 
le  bon  plaisir  de  mondit  Seigneur  d'Espernon,  desclai- 
rant  lesd.  S'*  de  Caussade  et  de  Brezets  n'accepter  lad. 
depputaûn  qu'a  condiôn  que  mondit  Seigneur  l'agrée  ; 
et  a  ses  fins  lad.  wssemblee  trouve  bon  que  lesd.  depput- 
tez ou  l'un  d'eux  luy  fassent  entendre  lad.  depputtaôn 
et  le  supplient  très  humblement  de  l'avoir  agréable, 
autrement  lad.  assemblée  n'entend  que  lad,  depputtaôn 
tienne  et  audit  casque  lesd.  depputtez  fassent  le  voyage, 
lad.  assemblée  leur  donne  pouvoir  d'emprunter  les 
sommes  nécessaires  à  la  charge  d'en  rendre  compte. 

A  este  aussy  deslibere  que  le  S""  de  Relhery  sera  re- 


lis 

cognu  de  ses  peynes  et  la  grattiiicaon  arbitrée  par  lesd. 
audif"*  de  comptes  et  ses  fraix  rembourses. 

Et  a  lad.  assemblée  continué  M'^  Marc  Leydet,  secré- 
taire desd.  sieurs  Consuls,  en  la  charge  de  greffier  dud. 
pays  aux  gaiges  de  cent  livres  par  an,  M*  Guilhaume 
Descayrat,  procur.  en  la  Cour  de  Parlement  de  Bourd'' 
aux  gaiges  de  soixante  livres  et  Raymond  Fumaderes, 
imprimeur,  aux  gaiges  de  cinquante  livres,  a  la  charge 
d'imprimer  les  lettres  quy  seront  cy  appres  envo3'ees 
aux  communauttez  sans  sallaire,  en  luy  fournissant  le 
papier,  lesquelz  susd.  gaiges  lad.  assemblée  veut  et  con- 
sant  estre  imposes  et  levés  sur  led.  pays  et  payes  par 
lesd.  sieurs  Consulz  d'Agen  ou  par  le  recev  quy  en 
fera  la  levée.  Et  ainsin  que  dessus  a  este  resollu  et  ar- 
reste  par  lad.  assemblée  dont  et  du  tout  a  este  octroyé 
acte  par  led,  s""  Président  et  juge  maige,  led  jour  et  an 
que  dessus.  Ainsin  signes  :  de  Boissonnade,  juge  maige, 
Grimard,  C*"'  d'Agen  ;  Katier,  Consul  ;  Roussel,  Con- 
sul d'Agen  ;  Boyer,  Consul  et  autres  , Consulz  et  dep- 
puttez  dud.  pays  et  commissaires  nommes  au  prest 
acte. 

Collationne  sur  l'original  par  nous  greffier  du  pais 
d'Agennois  soubs"«. 

Leydet  (i). 


(l)  Voici  ce  qu'on  lit  dans  \t  Journal  des  Consuls  au  sujet  de  l'As- 
semblée du  Tiers  Etat  d'Agenais  tenue  le  6  Avril  1628  et  jours  sui- 
vants :  «  Led.  jour  (8  Avril)  les  comptes  du  Pays  ont  este  ouys,  clos 
«  et  arrestes  et  c'est  trouve  que  le  pays  doibt  a  la  ville  d'Afjen  vingt 
€  cinq  mille  trois  cent  septante  sept  livres,  quinze  sols,  six  deniers, 
«  après  que  led.  compte  (a  esté)  signe  des  Csuls  de  Villeneufve,  Mar- 
«  mande,  Tournon,  Penne,  Le  Port,  Tonneins  Dessoubs  et  Clayrac, 
»  deputtes  ». 

(Arch.  d'Agen.  BB.  51,  p.  30,  v.) 


CRÉANCIERS 

DE  LA  VILLE  IVAGEN  ET  DU  PAYS  D'AclENALS 


J'ai  relevé  les  noms  des  créanciers  de  la  ville  et  cité 
d'Agen  et  du  Pays  d'Agenois  dans  VEstat  des  Dehtes 
présente  et  affirme  véritable  par  Pierre  de  Mêja^ 
coMs"*"""  du  Domaine  d'Agennois  et  de  Gascogne,  con- 
sul et  dcppxitte  de  la  ville  d'Agen,  siiyvant  l'acte  de 
Jurade  et  Assemblée  du  Pays  d'Agenais  du  6"  Febvrier 
i6]^  aciste  de  M'  Pierre  Dulaitretis,  jurât  de  lad. 
ville.    (Faict   à    Bourdeaux   le    X«  jour    de    Febvrier 

1635)  (I). 

—  Je  résume  le  document  dont  s'agit,  document  an- 
nexé à  l'arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  25  Octobre  1634. 

Les  dates  qui  accompagnent  les  noms  indiquent  l'é- 
poque des  obligations  consenties  par  lesConsuls  d'Agen 
soit  au  nom  de  la  Communauté,  soit  au  nom  du  Pays 
d'Agenais,  comme  syndics  de  ce  Pays  : 

Anthoine  Kaignac,  advocat    .      .     M  IIIL  U 

(Obligations  d'Avril    1625  et 

Janvier  1626). 
Bernard  de  Faure   advocat    .      .     IIL  11 

(Juillet  1627^. 


(l)  Arch.  d'Agen  ce.  192.  Consuls  d'Agen  en  1635.  Amanieu  Ducros, 
avocat  à  la  Cour  Frcsidialc,  premier  consul.  Sieur  Anthoine  Buard, 
Bourgeois  et  Intendant  des  Rivières;  Pierre  Méjà,  Conseiller  du  Koj-  au 
domaine  d'Aj^^enais;  Isaac  de  Landaz,  Ecuycr  ;  Pierre  Groussou, 
Avocat  en  la  Cour  ;  Jean  Cancer,  payeur  des  gages  de  Messieurs  les 
Présidiaux. 


i6o 


Feu  M*^  François  Bertrand  C"=' 

au  siège  présidial     ....     IX»^  Il 
(^Décembre  1626), 

De  Suduirault  C"''  du  Koi  en  la 
Cour  de  Parlement  de  Bor- 
deaux, 5CXX)  1.  et  Cancer,  ad- 
vocat,  1877  1.  pour  paiement 
final  de  Canat,  concessionnaire 

deM-^odeGondrin.      .      .      .     Vl'"  VllI^  LXXVII  11 
(Janvier  162^). 

Nicolle  de  Vaurs,  veuve  du  s''  de 

Sevin   (i) XIX^XXll 

(Février  1628). 

Bernarde  de  Marcon,  veuve  de 
feu  Bernard  Gardes.     .      .      .     lllm  11^  L 
(Mars  1628). 
Noble  François  d'Estrades  sieur 

de  Bonneil  (2) II'"  II. 

(Août  1628). 
F'rançois  de  Vives,  advocat  .      .     VI^  IX  11. 

(Août  1628)  (3). 
Condamnation  des  Consuls  d'A- 
gen  comme  syndics  du  Paj's 
envers  les  Consuls  de  Monclar 
par  la  Cour  des  Aides,      .      .     IX-^  XLV  11 
(Juillet  1634). 


(i)  A  sa  mcrt,  Nicolle  de  Vaurs,  légua  yooo  livres  au  Coliéye  des 
Jésuites  pour  fonder  une  mission  (BB.  210). 

(2)  Il  ne  reste  du  Château  de  Bonnet  qu'une  tour  hcxafjonc  qui 
flanque  un  bâtiment  d'exploitation  rurale;  le  bâtiment  est  situé  sur  le 
bord  et  à  l'O.  de  la  route  Dép'«  d'Agen  à  Cahors,  entre  cette  route  et  la 
voie  ferrée.  Tout  à  côté,  sur  la  .Masse,  se  trouve  le  Moulin  d'Estrades. 

(3)  Trésorier  des  deniers  de  la  .Santé  en  1628. 


|6| 


Dû  par   les  dits  (ionsuls  aux  l'è- 

res  Jésuites  et  C'.oUc^^e  (1).      .      1111'"  IX.   I.  11. 
(Mai  iTkdi). 
Noble  Pierre  de  Secondât  de  Ro- 
ques     IX    II 

(Octobre  1624)  (2). 
M*-"  Arnauld  Delpecli,   lieuti  cri- 
minel  XVlll    11 

(Juin   1625). 
M*^  François  de  Vives.      .      .      .     VI'"  IIll"  XIX  11 

(Août  162.S). 
Uames  Reli<jjieuses  de  N.  D.  de 

la  ville  d'.\<;en IIII'  11 

(Juillet  i627">. 
Hoirs   de   feu  Haltliazar   (le'as, 

grand  archidiacre    ....     M  11 
(Novembre  162S)  (3). 

Antboine  Raignac llm  11 

(Septembre  162s). 
M'-  Arnaud  Delpecli,  Lieu<  (>'.     VI'  11 

(Juin  1625  et  Janvier  1627). 
S"- de  Villas     .......     Mil 

(Janvier  1629 1. 
Robert  Fournier,   advocat  et  sa 

femme  Louise  de  Poix.      .      .     IX'  LVIII  11 
(Janvier  1629). 

M"'"  de  Nort XV'  11 

(Février  1629). 


(1)  Les  Consuls  d'Amen  appelèrent  les  Jésuites  en  1582. 

Les  lettres  patentes  Je  la  Reine  Marj;uerite  de  Valoia  du  23  Fév. 
15S4  assignent  aux  professeurs  une  pension  annuelle  et  perpétuelle  de 
500  livres  à  prendre  sur  les  plus  clairs  deniers  d^  ses  revenus.  (Pli. 
Lauzun.  Revue  de  l'Agenais.  T.  XXIX,  p.  103). 

(2)  Marié  à  Anne  de  Pontac. 

(3)  Frère  de  l'Evèquc  Claude  de  Gelas,  qui  mourut  le  jour  de  la 
Noël  1630. 


l62 


Eleonor  de  La  Uaiîuc.lemme  du 
s""  Desmases MVII.  LX  11 

(Février  1629)  (i). 
Jean  de  Laborde,  avocat.      .  M  11 

(Mars  1629), 
S'  d'Estrades MXLII  11 

(Mars  1629)  (2). 
S»-  d'Estrades VI«  XL  11 

(Février  1629). 
S'-  d'Estrade Ville  l  11 

(Mars  1629). 
S''  de  Gardes,  C"'-"'' au  siège  Prés.     XV*^  11 

(Mars  1624"^. 
Président  Daffis VI'"  IIIIc  U 

(Mars  1629J. 
De  Massip,  C""-''  au  Pari' de  Bor- 
deaux  Vieillie  11 

(Avril  1629). 
Jean  Ménoire  vieux,  marchand 

de  Villeneuve Ilm  11 

(Avril  1629). 
Jean  Ménoire   jeune,  marchand 

de  Villeneuve Ilm  11 

(Avril  1629). 
D"^  Marie   de  Goudailh,  veuve 

du  sr  de  La  Tour  (3)     .      .      .     IX-'  XV  11 

(Mai  1629). 


(1)  Eléonor  de  La  Dague  de  la  Cassaijjne  (Jurid.  de  Layrac).  Son 
mari,  noble  Pierre  de  Sej'ras,  ccuyer,  s'  des  Mazes. 

(2)  Jehan  Canteloube,  prêtre,  prieur  de  (>amboc,  procureur  de  noble 
François  d'Estrades,  loua  400  livres  la  maison  de  ce  dernier  aux  Con- 
suls pour  la  translation  de  la  Chambre  de  l'Edit  à  Affen. 

(3)  La  Tour,  s^  de  Fontirou.  Pierre  de  La  Tour  mourut  avant  I626. 
Marie  de  Godailh,  fille  de  Loys  de  Godailh,  Conseiller  au  Présidial, 
et  de  Constance  de  Durfort,  avait  épousé  le  s""  de  Fontirou  le  5  Sep- 
tembre 1593. 


iCi 


[cMU    lidiilo,    V.  liiriir^icii    de    l.i 

pcslc VI     l.ll  11 

(Novembre  i()2t)i 
Martre    C.aslcts,     veuve     a     leii 

l'ienc  Blai  y,  eliir.  de  la  peste.      111'   il 
(Décembre  l()2(j). 
Hoirs  de  feu  S'  Oescliamps    .      .      \'lll     11 

(Janvier  1630). 
Marf^ucritc  de  Sevin,  femme  de 

M'  le  Présideut  Du  Hernet  11)     XI !•  Il 
(oblio;é  du  XIX  lYvrier  1630) 
Hoirs  de    feu    l'rau^ius   de  (!ap- 


(l'iLcaA  Mars  if»2S,  on  avait  emprunte  à  M""  de  Sevin  1020  I  , 
prises  et  reçues  par  le  s'"  Corne,  receveur  des  tailles,  t  pour  employer 
M  au  payement  des  poudres,  plomh  et  mèches  ordonnés  pour  le  ma- 
«  f^jazin  par  Moiisei;j:neur  d'Kspernon..    »  (BB.  51,  p.  23,  v.) 

Mar;jueritc  de  Sevin,  fille  de  Guillaume  de  Sevin,  s''  de  Laqrardf, 
Beaure;jard  et  autres  places,  (mort,  d'après  le  Rciî.  Par.  de  C^asse- 
ncuil,  le  S  Juillet  I(')I4),  et  d'Antlioinette  de  Rance,  femme  en  premiè- 
res noces  de  Jacob  de  Secondât,  b.inm  de  Montesquieu,  Goulard.Cas- 
telnoul)el  et  Mérens,  qu'elle  avait  épousé  en  1610.  Elle  épousa  en  se- 
condes noces,  le  5  Février  i''>.,3,  le  président  de  la  Glia:nbre  de  Tiédit, 
séant  à  A;;en,  Joseph  Du  Bernet.  (O.  Gilvy.  Nob.  de  Guyenne  et  de 
Gascogne.  T.  II,  p.  257.  J.  Bourrousse  de  L.ilTore.  T.  III,  p.  350). 

l'ne  autre  j;^rande  dame,  Paule  de  Bellejjarde  de  Gondrin,  veuve 
d'Anthoine  Armand  de  Pardailhan,  avait  obtenu  un  arrêt  du  C^)nseil 
Privé  condamnant,  en  la  personne  des  Consuls  d'Asfen,  le  Pays  d'A- 
ii^enais  à  lui  payer  iznoolivres.  (Arch.  d'Asfen.  FF.  204.  An  1^124-1629). 

Le  2janvier  162S,  les  Consuls  avaient  reçu  commandement  de  payer 
un  cessionnaire  de  .M"""  de  GonJrin.  î  Le  mesme  jour  (2  Janvier 
«  1628)  Jehan  Canac,  marchant  de  Toulouse,  comme  cessionnaire  de 
«  M"'"  de  Gondrin  nous  a  faict  faire  le  second  commandement  de 
*  payer  la  somme  de  si.\  mille  deux  cens  trente  et  quelques  livres 
«  deubs  parle  Pays.  L'e.vploict  est  à  la  liasse  •.  (BB.  51,  p.  1  v.i 

Le  4,  ou  décida  un  emprunt  immédiat.  On  emprunta  à  M^  de  Sudui- 
rault,  cons"»f  en  la  Cour  de  Parlement  de  Bordeaux,  5000  I.  (6  Jan- 
vier), (p.  4).  Enfin,  toujours  pour  le  Pays,  l'avocat  Cancer  prêta  A  la 
ville  1S77  livres.  (V.  plus  haut  p.  160). 


i64 


derme  et  Jeanne  Pantarolle,  sa 

femme IIIIc  XL  II 

(Mai  1630). 
M"--  Guilhaume  Ratier,  advocat.     11">  CXXXIII  11 

(Mai  1630). 
Jeliane  de  Solier,  veuve  de  feu 
M'"  Pierre  Laplaignes,  procu- 
reur      VMl 

(Septembre  1630). 
Bertrand  Gippoulou  et  Jeanne 

Coudrade,  sa  femme     .      .      .     Vll^  11 

(Octobre  1630), 
Hoirs  de  feu  Marc  Bertoulieres.     111'=  IX  11 

(Novembre  1630). 
Bertrand  Berty,  advocat,  tuteur 

des  enfants  de  Jacques  Boudou     IX^  11 

(Décembre  1630). 
Pierre  Queusse,  m^     .      .      .      .     V^~  11 

(Octobre  1631). 
Jean  de  Faure,  march^      ...     C  11 

(Octobre  1631). 
Bertrand  Baratet,  march^     .      .     CXXX  11 

(Octobre  1631). 
Bertrand  Mathieu,  marchai    .      .     XXX  11 

(Octobre  1631). 
Pierre  Girle,  march-^  ....     CIIII''^  X  11 

(Octobre  1631 1. 
Bernard  Daubas,  mardi''       .      .     C 11 

(Octobre  1631). 
Jean  Rougier,  bourgeois.      .      .     XX 11 

(Octobre  1631). 
Bernard  de  Faure,  avocat  .  Vc  11 

(Décembre  1631). 
Chapitre  de    la  cathédrale  de 

Condom Illm  11. 

(Décembre  1631). 


i65 


D»-' Marie  tle  Goudailh.      .      .     Xlh' XXVII  11 

(Juin  1633). 
Syndic  des  pauvres  de  l'hôpital 

d'Ajren »     VII'"  V^  11 

(Décembre  1633). 
Raymond    Gayral,    mardi''    de 

Toulouse ex  11 

(Avril  1634). 
Koiimancy  et  Jayac,  inarclv'"'  de 

Limoges CL  11 

(Novembre  1631). 


LETTRE 

DE  M^jEAN  BARBIER  DE  LA  SERRE 
A  MESSIEURS  LES  CONSULS  D'AGEN  (i). 

Messieurs  ^ 

Vous  m'escrivistes  que,  suivant  la  résolution  du 
Bureau,  vous  feriez  nourrir  et  penser  ceste  pauvre 
femme  (2)  et  voyant  qu'elle  estoit  icy  tous  les  jours  a 
crier  qu'elle  mouroit  de  fain  i'en  ay  donne  advis  à 
Monsieur  Delpech  (3)  qui  m'a  faict  responce  que  c'es- 
tait  a  moy  a  la  nourrir  et  qu'il  ne  fallait  pas  rejecter 
mes  charges  sur  autruy.  le  ne  scaj'  si  ceste  respunce  a 
procède  de  V»^  commune  délibération.  Si  cela  est  ie 
serai  contrainct  de  vous  dire  —  pardonnez-moi,  s'il 
vous  plaist  —  qu'elle  a  este  très  mal  contrôlée,  car  ie 
ne  suis  pas  teneu  de  nourrir  des  pestiférés.  Il  est  bien 
vray  que  vous  m'ayant  donne  quatre  pauvres,  deux 
d'iceulx  estans  veneu  infects,  a  ma  prière  vous  mistes 
en  leur  lieu  ceste  pauvre  femme  à  laquelle  a  mon  des- 
part d'Agen  ie  donnay  cinq   quart  d'escu  et  une  barri- 


(II  Arch.  d'Agen.  GG.  256. 

(2)  Il  s'agit  d'une  femme  appelée  La  Coutre.  Le  3  Mai,  M.  Barbier 
de  La  Serre  écrivait  aux  Consuls  qu'un  de  ses  fils  venait  de  mourir  de 
la  peste,  que  l'autre  ne  passerait  pas  le  jour  et  que  la  mère  était  ex- 
trêmement malade.  (GG.  258). 

(3)  M'  M"  .\rnaud  Delpech,  lieutenant  criminel,  i  "^  consul  d'Agen, 
l'an  1629. 


i67 

que  de  deniy  vin  fort  hon,  moyennant  quoy  elle  estoit 
payée  jusqucs  a  la  lin  de  may  — ,  fors  trois  quarts  d'escu 
que  ie  lui  debvois  encore  fournir  ;  et  pour  les  autres 
deux,  ie  leur  donnay  huict  quarts  d'escu  et  une 
autre  barrique  de  vin  ,  moyennant  quoy  ils  «ont 
payes  jusques  a  la  tin  de  may.  Néanmoin};  je  n'ay  lais- 
sé de  bailher  charitablement  à  ceste  pauvre  femme  et 
pain  et  lard,  huille,  sel  et  autres  choses  jusques  a  ce 
que  m'avez  mande  que  la  nuurrire.  Cl'est  pour  vous 
dire  que  ie  reiecte  pas  mes  charj^es  sur  autruy .  le  doibs 
nourrir  deux  pauvres  et  vous  voulez  que  ie  nourrisse 
cinq  pestiférés  a  scavoir  ceste  femme  et  quatre  enfans 
qu'elle  a.  Ex  cuzes  moy,  s'il  vous  plaist,  si  je  vous  dis 
que  c'est  a  vous  a  faire  et  que  vous  avez  l'argent  public 
destine  a  cela  et  prenez  garde  que  vous  n'accumuliez 
de  plus  en  plus  l'ire  de  Dieu  et  sur  la  ville  et  sur  vous 
de  refuser  aux  pauvres  malades  ce  qui  leur  est  deub, 
ayant  reiecte  par  deux  fois  ceste  pauvre  misérable  sans 
la  voloir  recevoir  dans  les  huttes  et  l'ayant  laissé  dor- 
mir sur  un  fumier  aux  portes  de  V''  ville  sans  luy  vo- 
loir f'^  donner  un  morceau  de  pain.  Prenez  aussy  garde 
a  la  sorte  que  vous  avez  traicte  et  moy  et  les  autres 
concitoiens  de  nous  avoir  renvoyé  cette  femme  et  ses 
enfans,  les  avoir  chasse  de  la  ville  lorsque  les  avez  sceu 
malades.  Et  en  passant  ie  vous  donne  encores  advis 
qu'un  autre  de  vos  pauvres  que  vous  avez  aussi  chasse, 
lils  d'un  nomme  Bernard  Lomio,  voisin  d'icy,  est  mort 
entre  les  mains  de  sa  mère,  l'estant  aile  recevoir  aux 
portes  de  la  ville,  tellement  que  nous  voila  encores 
exposes.  D'un  autre  coste  que  si  vous  voles  que  les 
habitans  de  ceste  parroisse  contribuent  aux  frais  des 
malades  et  de  toute  la  despence,  pourquoy  n'en  doib- 
vent-ils  pas  jouir,  pourquoy  ne  les  voles-vous  recevoir 
et  pourquoy  les  renvoyés  a  vos  eonjurisdictionels  p' 
infecter  tout  le  pays.  Voyez  si  Dieu  et  le  public  sont 
servis  en    cela  et  si   la  charité  sy  trouve.   Il  faut  donc 


i68 


nécessairement  que  vous  recevies  les  malades  de  ceste 
parroisse,  que  vous  nous  estiez  et  nourrissies  les  infects 
ou  que  vous  nous  declaries  que  vous  ne  prétendes  lever 
aucuns  deniers  sur  les  habitans  pour  raison  des  biens 
scitues  dans  ceste  parroisse.  Je  crois  que  les  plus  des- 
raisonnables trouveront  ceste  raison  sans  responce. 
C'est  pourquoy  vous  nous  y  feres,  s'il  vous  plaist,  jus- 
tice, sans  que  nous  s()yons  contraincts  de  l'aller  cher- 
cher ailleurs.  En  mon  particulier  l'ai  grande  occasion 
de  me  pleindre  de  ce  que  m'avez  escript  et  promis  de 
la  nourrir.  Et  maintenant  vous  me  dictes  que  c'est  a 
moy  a  faire. 

J'ay  tous  les  jours  icy  plus  de  quarante  pauvres  aux- 
quels il  faut  que  ie  donne.  J'ay  donne  et  paye  ceste 
femme  et  neantmoins  pour  vous  dire  encores  que  ie  ne 
veux  pas  f"""^  porter  mes  charges  et  que  ie  les  veux  dou- 
blement porter,  donnes  moy  deux  autres  pauvres  et  ie 
leur  feray  fournir  dans  Agen  les  quatre  solz.  Mais  de 
nourrir  des  pestiférés,  c'est  chose  a  laquelle  vous  ne 
debviez  pas  avoir  pense.  Pardonnes  mo}'  et  assures  vous 
qu'il  n'y  a  habitant  qui  veuilhe  mieux  porter  ses  char- 
ges que  moy,  ni  qui  honore  plus  les  charges  publicques 
que  vous  ne  voyez  que  ie  fais,  sachant  trop  mieux 
qu'elles  sont  establies  de  Dieu,  lequel  a  peu  vous  con- 
server, 

Messieurs, 

en  santé  et  longue  vie.  De  La  Serre,  ce  i*^'    de   May 
1629  par 

Votre  très  humble  serviteur 

Jean  Barbier  (i). 


(l)  Jean  de  Barbier  était  un  homme  considérable  en  Amenais  et  par 
sa  fortune  et  par  ses  alliances.  Il  était  né  à  Virieu  en  Forez  vers  1570 
et  était   avocat  au  Parlement  de  Paris,  lorsqu'il  fut  appelé  à  Agen, 


Si  vous  trouvez  ceste  lettre  de  quelque  considération, 
vous  me  ferez,  s'il  vous  plaist,  un  mot  de  responcc  que 
j'attendray. 


par  son  frùrc,  Balthazar  de  Barbier,  abbc  Je  Gondon  et  vicaire  nèné' 
rai  Je  l'EvOquc  C^lauJc  de  Gelas  i-t  chanoine  de  St-Capr.iis.  En  1612 
il  acheta  à  Jean  Hopil  l'office  de  Receveur  des  décimes  d'Aj^enais 
pour  la  somme  de  12570  fr.  et  peu  après  la  scigr.eurie  de  La  Serre, 
dans  la  paroisse  d'Artij;ues,  seigneurie  voisine  des  terres  de  Lafont 
de  Cujuia.  Jean  i"''  de  Barbier  mourut  lieutenant  principal  de  la  sé- 
néchaussée d'Agcnais  en  Avril  1632.  (V.  J.  Je  Bourroussc  de  LatTore. 
Nob.  de  (iuyentte  et  de  Gascof^ne.  T.  IV,  p.  152-154). 

La  Serre  se  trouve  situé  au  N.  d'Afjen  et  à  l'O.  d'Artijjucs  sur  un 
plateau  qui  domine  la  rive  droite  du  ruisseau  de  Se^one. 


LEVÉE  DES  SOMMES  DUES 

PAR  LES  HABITANTS  D'AGEN  POUF^  LES 

AVANCES  DE  GRAINS 

FAITES  PAR  LES  CONSULS  EX  1629  (i) 


Nous  soubzs""-'-'*  avons  reçu  de  Messieurs  les  Consuls 
de  la  présente  ville  ung  livre  couvert  de  parchemin  in- 
tituUe  :  Rolle  des  bleds,  froment,  mesture  et  febves  quy 
a  este  preste  aux  habitans  de  la  ville  d'Agen,  suivant 
Tordre  du  Bureau  de  la  santé  de  l'année  mil  six  cens 
vingt  neuf,  escript  en  cent  dix  sept  feuillets  de  papier 
avec  un  arrestat  et  liquidation  faicte  des  sommes  conte- 
nues dans  led.  livre  et  cayer  faict  par  les  divers  Consuls 
de  l'année  dernière  du  trantiesme  décembre  audit  an 
signé:  Delpech,  Corne,  Lavergnie,  Cunolis,  de  Roquier 
Consuls,  de  la  somme  de  cinq  mil  deux  cens  trante  trois 
livres  sept  soûls  neuf  deniers,  y  ayant  aussy  au  pied 
dud,  cayer  ung  estât  de  la  lepvee  faicte  par  led.  s"" Corne 
de  ceux  qui  ont  paye  lesd .  bleds  empromptes  dud.  jour, 
trantiesme  décembre  de  luy  signe,  escript  en  trois  feuil- 
lets et  demy  papier,  et  duquel  livre  nous  sommes  et 
demeurons  charges  pour  faire  la  levée  desd.  sommes 
ainsin  que  promettons  faire  et  en  rendre  bon  compte 
auxd.  sieurs  Consuls,  à  toutes  réquisitions,  sans  extor- 
quer ni  fere  aulcune  indue  vexation  auxdits  habitans 
à  peyne  de  tous  despans,  dommages  et  intérêts.  Et  pour 


(ï)  La  pièce  n'a  pas  de  titre.  Le  titre  nous  appartient. 


171 

cest  eftaict  lesd.  sieurs  Consuls  donnent  pouvoir  de  f"' 
contraindre  le  débit"*  au  payement  desd.  sommes,  et 
moyennant  ce  lesd.  sieurs  Consuls  ont  accorde  et  pro- 
mis pour  nos  peynes  et  vacquations  qui  seront  par 
nous  employées  a  la  lepvee  desd.  sommes  unj;  soûl  po' 
livre  quy  sera  prins  sur  icelle  •.  et  en  foy  de  ce  nous 
sommes  soubz"*"". 

Faict  audit  .V^a-n  dans  la  .Maison  Commune  de   lad. 
Ville,  le  sixiesme  juillet  mil  six  cens  trante. 

P.  Mespoui.ii:.  H.\i.i..\n.  (  n 


(i)  Arch.  d'A^'cn  BU    51  P-  '44- 


DÉCLARATION  DE  M^  BIENASSIS 


l'ai  reçu  de  Messieurs  les  Consuls  les  pièces  soubzes- 
crites  servant  au  procès  de  la  ville  contre  Monsieur 
d'Agen  et  le  syndic  du  chapitre  de  St-Etienne.  Précisé- 
ment une  coppie  descrept  en  parchemin  donne  entre  le 
syndic  dud.  chapitre  et  Messire  Anthoine  de  Rovère, 
Evêque  d'Agen  (i)  en  date  du  siziesme  septembre  mil 
cinq  cens  trante,  plus  cinq  pièces  en  cahier  ?  Toutes 
cinq  concernant  (les  revenus)  que  le  sieur  Evesque  d'A- 
gen devoit  tirer  sur  les  bénéticiers  de  son  diocèse, 
toutteslesd.  pieses  vidimées  par  feu  Chatellet,  notaire. 

Plus  une  copie  d'arrest  donne  entre  lesd.  syndics  du 
chapitre  et  sieur  Evesque  d'Agen  et  des  sieurs  Consuls, 
en  datte  du  i8  Mars  1622.  Plus  une  coppie  de  lettre 
faict  par  Monsieur  Sauveur  aud,  sieurs  Consuls,  pour 
exécuter  l'arrêt  dudit  jour  13  Mars  1622  et  signifié  par 
Dufour  notaire,  plus  un  exploict  d'assignation  donne  à 
Messieurs  les  Consuls  à  la  requeste  dud.  syndic  du  cha- 
pitre, le  second  Octobre  1629  ;  plus  deux  requestes  et 


(I)  Antoine  de  la  Rovére  succéda  à  son  oncle,  le  Cardinal  Léonard 
de  la  Rovère.  Il  fut  institué  par  le  Pape  Léon  X,  le  23  Mars  1519.  Lors-, 
qu'il  entra  à  Agen  le  13  Avril  1521,  les  quatre  hauts  barons,  qui  de- 
vaient le  porter  sur  leurs  épaules  jusqu'à  St-Etienne,  pour  une  ques- 
tion de  préséance,  tirèrent  l'épée.  A  cause  du  Jubilé,  il  y  avait  à  Agen 
cent  mille  personnes.  L'évèquc  chanta  sa  première  messe  sur  le  pont 
de  Garonne  (Livre  de  raison  des  Daurèe,  p.  99).  L'évêque  acheva  la 
construction  de  la  tour  de  Hautefage,  qu'avait  élevée  son  oncle  Léo- 
nard. 


»73 

autres  pièces  attachées  ensemble  contenant  saisie  des 
fruicts  de  Messieurs  les  Ecclésiastiques  de  Tannée  1629, 
lesquelles  dictes  pièces  j'ai  prins  pour  m'en  servir  et 
produire  audit  procès. 

Enfoi  de  quoy  me  suis  signé  ce  jourd'hui  dans  Agen, 
unziesme  juillet  mil  six  cens  trante. 

BIENASSIS. 

En  marge  on  lit  :  «  Receu  de  .\U  Bienassis  des  piesses 
«  qu'il  a  prises  de  la  Maison  de  Ville,  pour  le  procès  de 
«  M""  d'Agen.  (i) 


(i)  Arch.  d'Ajjen  BB.  51,  p.  143.  /Juin  ?  1630).  Le  16  Août  1631.  Le 
sieur  Guilhaumc,  procureur  au  Grand  Conseil  avisait  les  Consuls  de 
l'exploit  d'assignation  donné  à  la  requête  du  syndic  du  clergé  d'Agen 
06  Août  1631).  Quant  à  l'affaire  de  la  distribution  des  pauvres  entre 
les  Chapitres  de  St-Caprasy  et  de  St-Estienne,  l'assij^nation  donnée 
aux  Consuls  devant  la  Cour  de  Parlement  de  Bordeaux  est  consignée 
A\x  Journal  des  Consuls  à  la  date  du  II  Mars  1631.  (BB.  51,  pp.  151 
v.  et  164  V.) 


TABLE 


Prkfack  5 

CHAPITRE  ^^ 
La  miijcre  en  Agenais  de  1600  à  1629.     ...  7 

CHAPITRE  II. 
La  misère  en  1629 13 

CHAPITRE  III. 
La  Grande  Famine 37 

CHAPITRE  IV. 
La  mortalitc  de  1630-163 1 46 

CHAPITRE  V. 
Les  ventes  de  terre 5' 

CHAPITRE  VI. 
Valeur  des  terres  et  des  grains <)0 

CHAPITRE  VII. 

Les  secours. —  Les  approvisionnements  et  leur 

organisation 6}% 

CHAPITRE  VIII. 

La  situation  tinancière  de  la  ville  dW^en  et 
du  Pays  d'Agenais.  —  Les  emprunts.  —  La 
liquidation 9' 


176 

PIÈCES  JUSTIFICATIVES m 

Jurades  de  Duras 115-126 

Mortuaire  de  Notre-Dame  de  Pinel  et  de  Ste- 

Catherine  d'Hauterive  (1630-1631)   ....         127 

Assemblée    du    Tiers-Etat   d'Agenais    (29   Dé- 
cembre 1631) 147 

Créanciers   de    la   ville    d'Agen    et    du     pays 
d'Agenais 159 

Lettre  de  Jean  Barbier  de  la  Serre  aux  Consuls 
d'Agen 166 

Levée    des    sommes    dues    par  les    habitants 

d'Agen  pour  avances  de  grains  en  162  9  .      .          170 

Déclaration  de  M^  Bienassis 172 


ERRATUM 


Page  10.  LiiTiie  ^.  Lire  :  Snoitrnn  au  lieu  de  Miron. 


La  E^ibKoth^que 
Univf^rsité  d'Ottawn 
Echéance 


1 


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P.E.B./I.L 

NOV  2  1  20( 


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The  Library 
University  of  Ottawa 
Date  Due 


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a  :  3003    00 I  308 7S7b 


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DC 

061  l 

.A16C84  1902 

COUYBA,  L, 

MISEPE  Fh;  AGtMAlS  OE  1600 

1431 

I         1 

C 
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